Motos au centre-ville : la Ville fait marche arrière
TROIS-RIVIÈRES. Les motocyclistes pourront finalement circuler avec leur bolide sur la portion de la rue des Forges comprise entre les rues Notre-Dame et Du Fleuve. En assemblée publique du conseil municipal, lundi soir, la Ville de Trois-Rivières a fait savoir qu’elle fera marche arrière dans ce dossier.
C’est que le règlement mis en application il y a deux semaines n’avait jamais été approuvé par le conseil municipal. Il devait donc se retrouver sur le rôle du conseil, lundi soir, en vue d’être soumis au vote. Ce ne fut toutefois pas le cas.
En marge de la séance, le maire Yves Lévesque a indiqué que le dossier retournait sur la table de travail du comité de circulation.
On se souviendra que le règlement avait fait grand bruit sur les réseaux sociaux puisqu’une opération policière s’était tenue sur la portion de la route visée par la réglementation. Une quinzaine de motocyclistes s’étaient alors fait prendre au piège et ont eu la mauvaise surprise de se voir remettre une amende de 169 $. Tous les constats ont depuis été annulés en raison de l’erreur administrative.
Mais sur la toile, la nouvelle filait déjà à une vitesse excessive. Plusieurs internautes ont reproché aux autorités de ne pas avoir bien communiqué l’information. Une campagne de désinformation s’est du même coup rapidement propagé de même qu’un appel au boycottage du centre-ville.
En marge de la séance du conseil, le maire Yves Lévesque a d’ailleurs qualifié de véritable « dérapage » l’escalade sur les réseaux sociaux. « C’était rendu que toute la ville était fermée aux motos », a-t-il déploré.
La source du problème : le tunnel
De l’avis du maire, le véritable problème au centre-ville, ce sont les motos qui circulent dans le tunnel du parc portuaire alors qu’elles y sont déjà interdites. « Lorsque les motocyclistes s’engagent dans le tunnel, le bruit est amplifié », a-t-il expliqué. L’objectif de la nouvelle réglementation était justement de remédier à la situation.
Ce dernier concède toutefois que la signalisation actuelle n’est pas assez visible. En effet, une seule pancarte a été installée à l’entrée du tunnel. Et pour la voir, « il faut tourner à gaucher », a indiqué Yves Lévesque. D’ici les prochains jours, l’affichage sera amélioré.
Ensuite, « si la situation ne se corrige pas, d’autres solutions seront envisagées », a déclaré le maire.
Dans tous les cas, il se fait catégorique : pas question d’interdire l’accès au centre-ville à ces bolides à deux roues comme cela a déjà été le cas par le passé. C’est bien connu, les adeptes de motos laissent des retombées économiques considérables sur leur passage.
« C’est une clientèle importante pour nous. On ne se le cache pas, il y aura toujours un ou deux bozos. Il faut toutefois faire attention pour ne pas empêcher tout le monde de passer à cause d’eux », a-t-il lancé.
La chasse au bruit
De son côté, le conseiller Daniel Cournoyer n’a pas caché sa déception face au volte-face de la Ville dans ce dossier. Celui qui siège sur le comité de circulation – à l’origine du règlement – affirme que les résidents du secteur en ont ras-le-bol du bruit au centre-ville.
En août dernier, des citoyens avaient interpellé les élus au sujet des nuisances sonores. D’après leurs calculs, au plus fort de la période estivale, entre 30 et 50 motos par jour prennent un malin plaisir à faire des va-et-vient dans le tunnel du port, engendrant un bruit infernal.
Au cours des derniers mois, le comité de travail, en collaboration avec les étudiants en Techniques policières du Cégep de Trois-Rivières, a donc concentré tous ses efforts afin de résoudre cette problématique, ou à tout le moins, réduire le flot de circulation dans le secteur.
En septembre dernier, une solution a été déposée au comité exécutif : interdire l’accès aux motos sur une portion de la rue des Forges. « Contrairement à ce qui a été véhiculé sur les réseaux sociaux, le règlement ne concernait que 140 mètres de la rue des Forges, soit la portion menant au tunnel », a-t-il précisé.
« Est-ce qu’un changement de signalisation sera suffisant ? Je ne sais pas. C’est vrai que la pancarte actuelle n’était pas très visible. Il reste qu’une fois rendues, les motos devront tout de même faire demi-tour », a ajouté Daniel Cournoyer, précisant qu’il avait l’intention d’aller à la rencontre du maire à ce sujet.