Le milieu communautaire de la Mauricie se mobilise pour un meilleur financement
Des centaines d’employés et de dirigeants d’organismes de toute la région ont investi le Parc Laviolette jeudi afin de manifester et de réclamer le renforcement du filet social par un meilleur financement des organismes communautaires.
Selon la TROC-CQM (Table des regroupements des organismes communautaires en santé et services sociaux Centre-du-Québec/Mauricie), plus de 350 personnes de 150 organismes participaient au rassemblement « Engagez-vous pour le communautaire » où les intervenants ont réclamé des actions gouvernementales concrètes pour la reconnaissance des organismes autonomes.
La coordonnatrice générale du Centre d’organisation mauricien de services et d’éducation populaire (COMSEP), Sylvie Tardif, a été la première à prendre la parole, mentionnant que la manifestation coïncidait avec la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté.
« Tous les organismes communautaires sont un rempart, souvent le dernier maillon du filet social. Je ne parle pas seulement des organismes qui ont comme mission première la lutte à la pauvreté mais bien tous les organismes communautaires car vous rejoignez tous et toutes des personnes en situation de pauvreté. »
Mme Tardif a partagé sa déception quant au financement gouvernemental accordé à son organisme tout récemment.
« COMSEP a reçu 2 388 $ d’augmentation. On demandait 400 000 $. On est loin du compte. C’est pas avec ça qu’on va aller bien loin. Quand on parle de reconnaissance, je dirais que c’est une des pires années. »
Elle avait pourtant rencontré la ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire, Chantal Rouleau, à deux reprises.
« Sincèrement, on avait l’impression qu’elle comprenait la situation, la réalité des personnes en situation de pauvreté. Il faut croire que non. Il faut croire qu’elle n’a pas réussi à convaincre son conseil des ministres. L’état, par tous ses paliers, doit respecter notre autonomie. »
La directrice de la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM) s’est ensuite adressée à la foule en dénonçant la fragilisation des services publics.
« Dans un contexte de crise sociale et de désengagement de l’État depuis de nombreuses années, les organismes communautaires sont appelés à combler les lacunes du système public, sans trop de gloire ni de moyens, alors que leurs missions premières devraient plutôt être de participer activement à la transformation sociale en traitant les causes profondes des inégalités et des injustices. Députés de la région, M. Legault, renforcez notre système public et engagez-vous pour le communautaire. »
Pour sa part, le directeur de la Table régionale des organismes communautaires en santé et services sociaux Centre-du-Québec/Mauricie, Sylvain St-Onge, a illustré par des chiffres de quelle façon selon lui le financement des organismes n’est pas adéquat.
« Pour vous donner une idée, dans la région, pour la santé et les services sociaux, pour 55 M $ de demandes, vous allez recevoir 700 000 $. Il y a un petit écart, dont une partie s’explique parce que notre ministre, Lionel Carmant, a pris de l’argent dans le PSOC (programmes de soutien aux organismes communautaires). Trois groupes vont recevoir, ensemble, un million et les neuf autres millions vont aller à 3 300 groupes. Il y a quelque chose qui ne marche pas dans l’équité. »
La crise sociale et financière affecte tous les organismes, a-t-il fait valoir.
« Avec un sous-financement de notoriété publique et les problèmes de ressources humaines des dernières années, de nombreux organismes peinent à répondre aux demandes d’aide. En ce sens, nous demandons au gouvernement de financer adéquatement l’ensemble des groupes communautaires de tous les secteurs. Un véritable filet social ne peut tolérer que des pans entiers de l’action communautaire soient négligés. C’est un investissement des plus rentables considérant que le laisser-faire et la négligence engendrent des coûts sociaux beaucoup plus élevés. »
Après le rassemblement au Parc Laviolette, des représentants des organismes sont allées rencontrer les députés et ministres responsables des deux régions, Jean Boulet et André Lamontagne dans l’espoir que leur message soit entendu par le gouvernement.