Mesures pour les Fêtes: les traiteurs étaient prêts à faire face à la musique

Le gouvernement du Québec a d’abord annoncé que quatre jours de festivités seraient autorisés pendant le temps des Fêtes. Il a ensuite restreint le tout à deux partys, avant de rétorquer avec une interdiction de se réunir sous forme de groupe. Malgré tout, les traiteurs de la région s’étaient préparés à une telle éventualité.

De prime abord, ils avaient écarté l’offre traditionnelle de type buffet froid en groupe, notamment tout ce qui est sandwich et pain russe. Nos trois intervenants ont plutôt opté pour le repas chaud sous forme de boîte à lunch.

«Je n’avais pas embarqué dans les grandes commandes dans le sens où je m’étais gardé une petite gêne. On a mis en ligne ce qu’on avait à offrir. Je n’ai pas embarqué dans les buffets froids de sandwichs et les pains russes, alors on offre que des repas chauds. On a gardé notre ligne de conduite de repas préparés, en faisant un petit clin d’œil à Noël, confie Dany Willard, chef propriétaire de Willard Traiteur. Les gens se sont tournés vers des boîtes à lunch séparées. Les repas de Noël pour dix, on en vend peu et ceux qui en ont pris ne les ont pas décommandés. On s’entend que s’il y a des restants, ça fait un très bon snack pour le lendemain et le surlendemain.»

«On ne faisait plus de buffets froids parce que ce n’est pas très recommandé avec la COVID-19, tout comme les plats à partager», lance pour sa part Martin Bilodeau, cofondateur de Le Buck Trois-Rivières.

«On offre des repas chauds et on a l’impression que les gens vont fêter davantage en famille qu’en grande tablée. Les gens vont être moins nombreux, mais vont se gâter un peu plus. On avait des commandes de 12 personnes, mais on leur offrait trois festins des fêtes pour quatre personnes, ce qui consiste à une douzaine de plats signatures Buck. Notre formule n’était pas pour des 20, 30 ou 50 personnes, alors ça moins d’impact. On savait déjà que le gouvernement allait se rétracter ou restreindre de toute façon.»

Idem du côté de Paul Piché Traiteur qui se concentrait habituellement sur les grands événements.

«On avait une structure de buffet pour dix personnes, mais là, on a beaucoup de commandes pour nos boîtes repas pour quatre personnes. On a amené un menu de gamme plus le fun, notamment avec du risotto au homard et le ragoût avec de vraies pattes de cochon rappelant le ragoût de nos grands-mères», a laissé tomber Simon Piché, propriétaire de Paul Piché Traiteur.

«Depuis la mi-mars qu’on est fermé. On fonctionne donc avec l’équipe réduite. Nos principaux contrats sont des gros événements avec des groupes de masse. On les a tous perdus, comme le Grand Prix de Montréal, le Défi Pierre Lavoie, le Grand Prix de Trois-Rivières et le Défi du Parc, par exemple. Notre calendrier est toujours bouclé à l’avance, alors ce n’est pas que le présent que ça affecte chez nous, mais l’avenir aussi. Présentement, on roule à dix employés alors que nous étions 180.»

En effet, il n’y a pas que Paul Piché Traiteur qui a dû réduire ses effectifs, mais bien tous les autres acteurs du milieu, incluant les restos-bars et les restaurants.

«Au début, on avait procédé à des coupures, mais on a ramené tout notre monde à la fin de l’été, précise Chef Willard. Heureusement, ça va bien maintenant. Présentement, on engage et lorsqu’on engage, ce sont des emplois à temps plein et non des offres à temps partiel.»

Le Buck Trois-Rivières comptait, quant à lui, 55 employés en 2019, comparativement à 16 lors de la réouverture estivale. Présentement, ce ne sont que les trois copropriétaires qui mettent la main à la pâte.

«De notre côté, on est devenu plus que le Buck Traiteur. On s’est diversifié dans l’offre et on est devenu Le Buck. On devait se réinventer! Ce n’est pas facile d’avoir dû tasser nos employés et ce qu’on dit à ceux qui pensaient faire un party pour 12, c’est de garder vos commandes. Mangez vos repas en Zoom ou ça vous fera de très bons repas pour le lendemain. Vous avez des engagements envers vos restaurants et vos traiteurs, alors honorez-les. Les gens que vous allez recevoir doivent manger pareil. Allez leur porter les repas ou offrez-les à des gens dans le besoin», ajoute le copropriétaire du Buck.

«L’année en général a été difficile, mais on s’est diversifié avec les repas préparés et ç’a bien été», renchérit Chef Willard. «J’étais un traiteur qui travaillait essentiellement dans l’événementiel. Ç’a été dur, mais dans deux ou trois ans, on va se rendre compte que ça aura été un point tournant pour le traiteur, pour le mieux, en diversifiant notre offre. Au lieu d’avoir des hauts et des bas pendant l’année, les commandes en ligne apportent beaucoup de stabilité», conclut-il.