Médicaments génériques : hausse des visites à l’hôpital

ÉTUDE. Les visites à l’hôpital s’accumulent chez les utilisateurs des versions génériques de trois médicaments fréquemment utilisés pour réguler la pression artérielle, et ce, seulement un mois après leurs commercialisations.

C’est ce qu’a révélé une étude réalisée par une équipe de chercheurs québécois, dont fait partie Jacinthe Leclerc, professeure à l’Université du Québec à Trois-Rivières.

À l’heure où Québec prévoit augmenter l’utilisation des médicaments génériques, les résultats de leurs recherches pourraient bien relancer l’épineux débat concernant ces médicaments.

Sans toutefois remettre en cause l’efficacité de cette solution moins onéreuse, tient à rassurer Jacinthe Leclerc, la transition vers celle-ci pourrait occasionner des effets indésirables chez certains patients, avance-t-elle.

Dans le cadre du mandat de surveillance des maladies chroniques du ministère de la Santé publique du Québec, cette dernière a eu l’occasion de creuser son hypothèse en collaboration l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Le groupe de chercheurs a ainsi pu avoir accès aux données statistiques de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).

« Nous avons regardé l’ensemble de la population qui utilisait l’un des trois médicaments visés par l’étude sur une période de trois ans », a expliqué l’enseignante au département des sciences infirmières de l’UQTR.

En tout, les chercheurs ont comparé les hospitalisations et les consultations à l’urgence de 136 177 patients, âgés de 66 ans et plus, prenant l’un de ces trois médicaments : losartan (Cozaar), valsartan (Diovan) et candésartan (Atacand).

« On a remarqué que durant le premier mois de leur commercialisation sur le marché canadien, il y a eu une augmentation de 8 à 14 % des visites à l’hôpital chez les utilisateurs », a révélé Mme Leclerc. 

La formule chimique de l’ingrédient actif d’un médicament générique doit être en tout point équivalente à celle du médicament original. L’étude pourrait toutefois avoir détecté un potentiel problème : « Les résultats laissent à penser que les reproductions ne seraient pas totalement identiques », a-t-elle confié.

Selon Jacinthe Leclerc, c’est une fois le comprimé avalé que l’écart se fait ressentir. En effet, la vitesse et l’intensité d’absorption du produit par le corps humain ne seraient pas tout à fait les mêmes, ce qui semble causer des effets secondaires aux patients.

« Pour l’heure, cette différence est jugée non importante par Santé-Canada. Cela pourrait cependant changer », a-t-elle déclaré.

À la lumière de ces résultats, il est donc clair pour la chercheuse que des recherches plus poussées devront être nécessaires afin de confirmer ou d’infirmer cette nouvelle hypothèse.

Cette dernière a d’ailleurs déjà entamé de nouvelles études, cette fois-ci sur des médicaments dans d’autres champs thérapeutiques, dont celui des maladies chroniques et de l’ostéoporose. 

En attendant, elle recommande aux professionnels de la santé et aux patients de demeurer vigilants.

L’étude a été réalisée dans le cadre de sa thèse de doctorat, dirigée par Paul Poirier de l’Université Laval et codirigée par l’Institut national de la santé publique du Québec.