Marcher dans les pas des sans-abris
Le phénomène de l’itinérance a pris de l’ampleur et Trois-Rivières n’y échappe pas. Le Centre Le Havre, qui œuvre exclusivement auprès des personnes en situation d’itinérance depuis plus de 35 ans, invite la population à une marche de sensibilisation qui prendra la forme du parcours de ces personnes vulnérables qui doivent trouver toutes sortes de ressources au quotidien.
La marche « L’itinéraire de l’itinérance », qui se déroulera le samedi 7 septembre, s’adresse à tous ceux et toutes celles qui s’interrogent ou qui se sentent préoccupés du sort des personnes en situation d’itinérance.
« L’équipe d’intervention voulait rendre les choses un peu plus visibles, explique la directrice générale du Centre Le Havre, Karine Dahan. On parle beaucoup d’itinérants au centre-ville. Mais une journée d’itinérant, c’est quoi? On a l’impression qu’ils dérangent, ils sont dans les rues, mais pourquoi? Pour vivre dans l’itinérance, ça demande quand même un itinéraire. Les gens doivent s’organiser pour la journée. Nos intervenants se sont dit qu’il fallait faire une marche pour montrer c’est quoi, le parcours d’un itinérant au quotidien pour répondre à ses besoins essentiels. »
En empruntant ce parcours, les gens en apprendront plus sur le Centre Le Havre, notamment, et son refuge de la rue Sainte-Julie.
« On a un ADN qui fait qu’on n’est pas beaucoup dans les médias, mais on fait beaucoup sur le terrain. Cette marche, c’est aussi pour dire qu’on est toute une structure d’intervenants, puis on aimerait expliquer ce qu’on fait aux Trifluviens qui vont vouloir se joindre à nous et faire ce parcours de façon conviviale. »
L’arrivée des marcheurs et marcheuses se fera dès 9 h 30 au refuge du Havre (700, rue Sainte-Julie). La marche se mettra en branle à 10 h 30.
« On va passer par Tandem, les Artisans de la paix, Point de rue. Le principe de cet itinéraire-là, c’est qu’on va passer devant différentes ressources qui œuvrent en itinérance. Tandem va mettre à disposition Le p’tit Tandem pour faire de la sensibilisation sur tout ce qui est matériel de consommation, maladies sexuellement transmissibles, etc. Les Artisans de la paix vont servir une soupe, puis on va terminer au Parc Victoria parce que c’est, comme le Parc Champlain, très symbolique pour les personnes en situation de rue. On va finir avec quelque chose d’un peu plus festif à ce moment-là. On a proposé à nos collègues, s’ils le souhaitent, de tenir des kiosques mais c’est surtout un rassemblement pour discuter. C’est symbolique de faire cette run-là, parce que c’est la run que font les personnes qu’on héberge à l’année longue. »
Cette marche est ouverte à toute personne qui a envie de comprendre la réalité de l’itinérance.
« Tout le monde est vraiment le bienvenu. Très certainement que des personnes rejointes viendront avec nous parce que c’est important pour eux aussi de dire qu’ils sont comme tout le monde, mine de rien. Ça pourra également permettre aux citoyens trifluviens d’avoir un moment avec les personnes en situation de rue puis découvrir que l’autre n’est pas si différent de nous. On est vraiment dans une marche conviviale, une petite marche du samedi matin. C’est la distance du centre-ville, en passant par Sainte-Cécile, parce que les Artisans sont là, Tandem est un petit peu dans la Petite Pologne, puis ensuite on va remonter par Saint-Maurice puis arriver au centre-ville. Ce ne sera pas une marche soutenue, puis même si ça l’était, comme on est des intervenants sociaux, on attend tout le monde! »
Bilan de l’été
La saison estivale qui s’achève n’a pas donné de fil à retordre à l’organisme déjà bien rodé.
« L’été s’est bien déroulé. On n’a pas eu un été particulièrement difficile. Je ne vous cacherai pas qu’on est complet tout le temps, mais dire ça n’est pas suffisant. On est complet mais il y a un roulement de personnes. Ça veut dire que quand quelqu’un part, quelqu’un peut rentrer. C’est vraiment notre indicateur. Les conditions climatiques ont été un peu difficiles cet été. Donc, on a été beaucoup plus vigilants avec notre équipe d’intervenants mobiles à aller rejoindre les gens, soit qui sont dehors, soit qui sont dans des campements, pour s’assurer que leurs besoins sont répondus au niveau de l’alimentation et au niveau des vêtements secs. »
L’automne servira à préparer la saison hivernale pour toute l’équipe.
« On est routiniers, on vit au rythme des personnes en situation de rue. L’hiver dernier n’a pas été si compliqué que ça, à condition qu’on ait des dispositifs hivernaux. On attend de voir ce qui va émerger des différents comités de concertation. On s’est mis sur les rangs des dispositifs hivernaux. On va ouvrir cinq lits de plus à Cap-de-la-Madeleine. Nous, on n’est plus tellement affecté par les saisons. On est toujours plus vigilant dès qu’on voit qu’il y a un goulot d’étranglement ou un embouteillage. »