Lutte contre le sida : Bientôt un remède?

SIDA. Les percées majeures de la recherche dans les traitements et la prévention du sida laissent planer l’espoir d’éradiquer la maladie dans un avenir rapproché. Si bien que plusieurs collègues chercheurs du professeur au Département de biologie médicale de l’UQTR, Lionel Berthoux, orientent leurs projets vers d’autres virus. L’Hebdo Journal l’a rencontré à l’occasion de la journée mondiale de la Lutte contre le sida.

Est-ce qu’il sera possible de guérir une personne séropositive ? Lionel Berthoux y croit. Depuis près de vingt ans, il contribue à l’effort international et pilote le laboratoire de rétrovirologie de l’UQTR, où son équipe travaille sur une nouvelle stratégie prometteuse qui consiste à modifier directement les cellules des patients atteints afin de les rendre plus résistantes au VIH.

Il y a cependant un bémol. «Il existe un frein à la guérison complète. Lorsqu’une personne est infectée par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), celui-ci affecte certaines cellules dormantes. Il devient donc indétectable, ce qui lui permet de survivre durant des années. Les médicaments ne s’attaquant pas à ces cellules, c’est pourquoi un séropositif demeure sous médicament durant toute la durée de sa vie», explique M. Berthoux.

Si tel n’est pas le cas, le virus revient en force.

Pour ce dernier, l’objectif principal des chercheurs est donc d’arriver à s’attaquer le virus dormant ou comme on l’appel dans le jargon du métier, le virus lattant. La recherche s’oriente actuellement vers de nouveaux médicaments dont la seule fonction sera de réveiller ces cellules pour ensuite l’éliminer. «Est-ce qu’on y arrivera? Je pense que oui !», affirme ce dernier, confiant.

D’ailleurs, la science avance si rapidement qu’il pense à orienter ses travaux vers un nouveau virus. «Le VIH a été mon thème principal depuis 1996, mais peut-être plus pour très longtemps, croit-il. Maintenant que les traitements donnent de bons résultats, il y a de moins en moins d’argent accordé à la recherche. Nous sommes victimes de nos propres avancés, mais il s’agit toutefois d’un heureux problème».

La prévention au cœur de la solution

Les avancées majeures des cinq dernières années sont au niveau de la prévention. La stratégie prophylaxie préexposition (PrEP) permet maintenant à une personne séronégative qui court le risque de contracter le VIH de réduire son risque d’infection. Il s’agit de prendre régulièrement des médicaments anti-VIH, à raison d’un comprimé par jour.

«Une étude réalisée à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, a démontré des résultats positifs chez des travailleurs du sexe, dont 15 % d’entre elles avaient déjà contracté la maladie. Durant quatre ans, aucune nouvelle infection n’a été déclarée», révèle le chercheur et professeur à l’UQTR.

Les pays riches, qui peuvent se le permettre, souhaitent mettre ce médicament à l’usage de la population, ajoute-t-il. En France, la PrEP sera accessible en 2016 et prise en charge par la Sécurité sociale, donc remboursée.

Ces pays, dont le Canada caresse l’objectif 90-90-90. D’ici 2020, 90% des personnes vivant avec le VIH connaîtront leur statut sérologique. D’ici 2020, 90% de toutes les personnes infectées par le VIH dépisté recevront un traitement antirétroviral durable. Et finalement, d’ici 2020, 90% des personnes recevant un traitement antirétroviral auront une charge virale durablement supprimée.

Un objectif ambitieux, mais réaliste, croit M. Berthoux.

Mais qu’adviendront des pays n’ayant pas les moyens de se procurer ce traitement ? «Ce sera plus difficile, mais il y a tout de même eu des améliorations de leur côté. Grâce à des initiatives comme la Fondation Bill-et-Melinda-Gates, il y a deux fois plus de personnes traitées en Afrique qu’il y a cinq ans», termine-t-il.