L’UPA interdira l’accès à ses sentiers aux motoneigistes
AGRICULTURE. Devant le manque « total d’ouverture » du gouvernement, l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Mauricie sera forcée de mettre leurs menaces à exécution dès février. La liste de membres de l’association n’attend maintenant plus que le signal pour interdire l’accès aux motoneigistes à ses terres agricoles.
La saison de motoneige se terminera beaucoup plus tôt que prévu pour plusieurs amateurs de ce sport d’hiver. Dans les derniers jours, des pancartes ont été installées près des sentiers pour annoncer l’interdiction à venir.
« On n’a pas pris cette décision de gaieté de cœur », a lâché le président de l’UPA Mauricie, Jean-Marie Giguère. Au contraire, les producteurs agricoles de la région auraient bien aimé ne pas devoir en venir à une chicane de clôture. Le blocus sera déclenché aux alentours du 4 février, prévient-il.
L’association espère que cette action suffira à convaincre le gouvernement provincial à revoir son programme sur les taxes agricoles. Elle souhaite notamment qu’un moratoire soit décrété sur l’application de la réforme. L’UPA réclame également depuis mars dernier une table de travail afin de faire entendre les préoccupations de ses membres.
« À ce jour, force est de constater que les producteurs agricoles se sont butés à une fin de non-recevoir. Le ministre Paradis se permet de nous narguer en se campant dans une rhétorique méprisante face à l’épreuve des faits », a dénoncé M. Giguère.
Habituellement, les agriculteurs peuvent bénéficier du remboursement d’une partie de leurs taxes. Ces programmes sont monnaie courante ailleurs au Canada, dans bon nombre d’États américains et en Europe. Ils sont effectifs que sur la valeur des terres et des bâtiments agricoles des producteurs.
Du moins, il s’agissait d’une pratique courante, jusqu’à ce que le gouvernement du Québec décide de revoir son Programme de crédit de taxes foncières agricoles (PCTFA).
Le ministère est « complètement déconnecté de la réalité », soutient fermement le président de l’UPA Mauricie. Selon lui, la réforme met en péril toute l’industrie agricole de la province.
Il affirme que ses membres devront faire face à une hausse de taxes de l’ordre de 30 à 40 %. Certains verront leur compte bondir de plus de 1 000 $. Du côté du ministre de l’Agriculture, on estime que seulement 300 agriculteurs seront touchés par une hausse en moyenne de 113 $ par année.
« C’est complètement ridicule. Nous avons déposé un dossier de plus de 300 pages qui confirme nos chiffres. On a des preuves à l’appui, noir sur blanc, de la firme Raymond Chabot », affirme M. Giguère.
L’industrie agricole de la Mauricie représente plus de 1 100 entreprises, des milliers d’emplois et près de 200 millions de retombées économiques.
L’Union des producteurs entend bien mener à bien ses moyens de pression jusqu’à l’obtention d’une ouverture de la part de Québec. Ainsi, le blocus des sentiers pourrait se poursuivre cet été et même cet automne.
« Les sentiers ne sont pas seulement occupé par les motoneigistes. Des amateurs de randonnées et de sports équestres utilisent également ces sentiers qui passent directement sur nos terres. Nous avons toujours été heureux de leurs rendre accessibles. Malheureusement, nous n’avons pas d’autre solution », a terminé M. Giguère.
À long terme, le blocus pourrait avoir des impacts sans précédent sur l’industrie touristique.