L’innovation au cœur de Cap sur 2030

En 2018, l’Administration portuaire de Trois-Rivières (APTR) a mis le point final à son projet Cap sur 2020 qui a grandement permis d’améliorer les infrastructures sur les terrains du Port de Trois-Rivières. Maintenant, le président-directeur général du Port, Gaétan Boivin, et son équipe mettent leurs efforts sur leur nouvel objectif de Cap sur 2030 en poursuivant leurs efforts d’innovation.

«En 2030, on veut être un port urbain, indique Gaétan Boivin, président-directeur général du Port de Trois-Rivières. Pour nous, ça veut aussi dire d’innover dans la gouvernance, l’administration, les opérations, l’environnement et dans notre relation avec la communauté.»

Pour optimiser ses opérations et le trafic à travers le port, l’APTR mise depuis peu sur un simulateur qui permet d’avoir une vue d’ensemble sur la circulation des camions à travers les installations portuaires.

L’objectif est notamment d’éviter les files d’attente, ce qui permet d’éviter des coûts aux compagnies de camionnage, ainsi que d’améliorer le bilan environnemental du port. Chaque année, environ 60 000 camions viennent au port de Trois-Rivières.

«On veut travailler sur beaucoup de projets dans le but d’améliorer l’ensemble des mouvements logistiques, qu’on pense au camionnage, au ferroviaire ou au maritime. Tout ça s’arrime ensemble. Les processus sont en marche et ça demande une collaboration avec nos clients. La simulation nous permet d’optimiser le trafic à l’intérieur du port et on obtient une meilleure fluidité générale. C’est avantageux pour le client qui paie moins cher, car c’est plus productif», explique M. Boivin.

«C’est une grande chaîne. Ce qu’on souhaite, c’est que du moment qu’un cargo entre au port jusqu’à ce qu’il le quitte, la chaîne logistique soit productive, que les activités soient conformes à l’environnement et que ça devienne notre marque de commerce», poursuit-il.

Par exemple, le logiciel permet également de simuler un arrêt de déchargement pour une durée d’une heure. Un tel exercice permet d’analyser l’impact qu’un tel événement aurait sur la circulation au port, ainsi que sur les autres activités de manutention et d’opération.

«Il faut l’analyser de façon théorique et réelle, en plus de considérer l’impact de la reprise du processus sur la suite du déchargement.  Avec ce processus, c’est certain qu’on trouve des problématiques. Il faut réfléchir sur les façons de les régler et déterminer si une technologie peut nous aider en ce sens», précise M. Boivin.

Le saviez-vous?

Le port de Trois-Rivières fait partie des 18 ports stratégiques du pays, en raison de la quantité d’échanges effectués avec l’étranger.

Celui-ci se dit d’ailleurs gâté par la présence de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) dans la ville. L’Administration portuaire travaille justement avec des chercheurs de l’UQTR et d’une autre université de Montréal sur divers projets. Le simulateur mentionné ci-dessus n’est qu’un exemple de projet développé en collaboration avec des chercheurs.

«On a nos propres outils. Parfois, on aimerait trouver des solutions toutes prêtes, mais elles sont souvent incomplètes, soutient-il. On doit avoir une vision qui englobe toute la chaîne logistique, pas qu’un ou deux éléments. Le camion m’intéresse dans une certaine mesure, mais je veux aussi connaître tous les déplacements dans le port, pour quelle raison il y a eu de l’attente. De savoir que le camion est entré et sorti, ça ne me dit pas s’il a été productif et efficace. On doit aller chercher un grand nombre d’informations, parfois par de l’observation, parfois par des données que nos clients peuvent nous fournir.»

Le Port continuera de développer son simulateur en 2019 et en 2020, notamment pour y intégrer les données concernant le transport ferroviaire, compte tenu de son impact sur la circulation dans le port lorsqu’un train arrive.

Générer la croissance

Cap sur 2030 passe aussi par la génération de la croissance. De ce côté, l’APTR mise sur ses espaces.

«L’année 2018 a été exceptionnelle. Pour de longues périodes de l’année, on a atteint 100% de capacité. Il aurait été difficile d’en faire plus. Cap sur 2030 prévoit de nouveaux agrandissements variant entre 70 000 et 80 000 mètres carrés sur des propriétés. L’expansion se fera vers l’ouest», précise Gaétan Boivin.

Le programme d’investissement du gouvernement fédéral a été devancé, si bien que le Port devrait pouvoir déposer un dossier en février, dans le cadre de la phase de déclaration d’intérêt. Cette phase de développement est estimée entre 40 et 50 millions $ au total. Cap sur 2030 prévoit aussi d’autres développements dans d’autres secteurs, comme les zones industrialo-portuaires.

Être performant…en plein centre-ville

Port de Trois-Rivières

Pour devenir un port urbain au terme de l’exercice de Cap sur 2030, le Port doit également trouver de nouvelles façons de développer ses infrastructures en complémentarité avec son voisin urbain.

«Ce qu’on souhaite, c’est que le gouvernement fédéral nous laisse faire des projets immobiliers, résidentiels, commerciaux et récréotouristiques. Toutefois, nos règlements et lettres patentes ne le permettent pas. C’est pratiquement un changement règlementaire qu’on demande. D’ailleurs, beaucoup de ports au Canada surveillent leur réponse pour le port de Trois-Rivières. On est rendu là: les ports d’aujourd’hui qui sont en milieu urbain doivent trouver de nouvelles façons de développer leurs infrastructures en complémentarité avec son voisin urbain. On veut travailler avec la Ville et les voisins pour rendre notre infrastructure plus belle, plus acceptable, d’autant plus que c’est plus difficile pour nous de faire des activités de manutention dans le secteur du centre-ville», plaide le président-directeur général du Port de Trois-Rivières.

Cela passerait notamment par un meilleur accès au fleuve, de différentes manières, pour la population.

La Loi maritime du Canada a été promulguée en 1999, mais presque 20 ans plus tard, il est temps de moderniser cette loi, estime le président-directeur général du Port de Trois-Rivières.

«En 20 ans, les exigences, les relations villes-ports et la chaîne logistique se sont modifiées. Pour réaliser Cap sur 2030, il y a des éléments dans la loi qui nous empêchent de progresser. Ma conclusion, c’est qu’il faut modifier la loi, mais c’est important de bien présenter nos choses, d’être crédible. Si on demande des changements, c’est parce qu’on pense que c’est bon et que ça va dans le respect des rôles de tout le monde», lance M. Boivin.

«Maintenant, il faut penser les infrastructures différemment dans le contexte des relations villes-ports. Il y a des choses qu’on devrait pouvoir faire, mais la loi n’a jamais été adaptée. Je suis confiant: on finira par faire changer la loi parce que ce sera bon pour le milieu», conclut-il.