L’état de santé des préposées aux bénéficiaires inquiète

SANTÉ. Une pénurie de préposés aux bénéficiaires sévit dans le réseau de santé de la Mauricie et le petit nombre qui réussit à garder le fort pour s’occuper des aînées fait face à une détresse psychologique sans précédent. C’est du jamais vu. En dix-huit, c’est la première fois que le président du Syndicat québécois des employés de service n’a d’autre choix que d’actionner l’alarme d’urgence.

L’état de santé des préposés aux bénéficiaires se dégrade à une vitesse fulgurante. Pendant que leur charge de travail augmente, le nombre d’effectifs sur le plancher, lui, baisse chaque jour.

Les employés du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ) ont effectué plus de 800 heures supplémentaires… En une seule fin de semaine, du 12 au 14 août. En quatre semaines, cela grimpe à 5 600 heures. Il est temps d’admettre qu’il y a un problème, a fait valoir le président du SQEES-FTQ, Rosaire Hamelin.

«C’est énorme ! Surtout lorsqu’on réalise que ce sont au-dessus de 140 quarts de travail qui n’ont pas été remplacés. À certains endroits, on peut travailler jusqu’à cinq préposées en moins sur le plancher», a-t-il déploré. «Nos gens pleurent parfois le matin lorsqu’ils se présentent au travail.»

En dernier recours, les établissements de Trois-Rivières peuvent faire appel à de la main-d’œuvre d’agence pour combler le manque de personnel. S’ils peuvent donner un coup de main à l’occasion, ils n’ont pas été formés pour affronter ce milieu et être auprès du patient. Mais cet été, la situation est telle qu’une agence est appelée en renfort tous les week-ends.

En poste à la résidence Louis-Denoncourt depuis une quinzaine d’années, Pierrette Frigon a été aux premières loges pour constater la détérioration des conditions de travail des préposées aux bénéficiaires.

«L’avant-midi est la période la plus chargée de la journée pour nous. Mais cette semaine, mon heure de dîner a été devancée. Ce qui veut dire que j’ai quinze minutes de moins le matin pour faire mes tâches, mais ma charge travail reste la même. J’arrivais déjà serré avant…», se désole-t-elle.

Cette réalisé, Josée Paquin la vit également au quotidien. «Nous sommes obligés de dire aux familles qu’on ne peut malheureusement pas tout faire ce qu’on aimerait faire, car il manque cruellement d’employés», a renchéri la préposée aux bénéficiaires au Centre d’hébergement Roland-Leclerc.

Au bout du rouleau, leurs congés sont systématiquement refusés. Sinon, qui va s’occuper des aînées ?

«Tout ce qu’on demande, c’est d’être nous aussi traité en tant qu’humain», a soufflé, Josée Paquin.

Démystifier cette réalité

Après de nombreuses pétitions reléguées pour dénoncer la situation qui n’ont donné aucun résultat, le syndicat a décidé de s’en charger lui-même. «Nous allons nous attaquer à la cause du problème. Il est temps qu’on se penche pour voir ce qui ne fonctionne pas dans la santé publique», a déclaré le président de la SQEES-FTQ.

Mercredi, un questionnaire a été lancé pour les préposées aux bénéficiaires dans le but de réaliser une étude afin de cerner la réalité du domaine et tenter de comprendre les causes de ce triste constat.

Cet instrument mesurera le degré d’épuisement professionnel des préposées aux bénéficiaires. Tous les travailleurs, autant en centre d’hébergement qu’en milieu hospitalier, sont invités à répondre au questionnaire d’une durée de 30 minutes. À noter que la participation demeure confidentielle.

«Plus il y aura de répondants au questionnaire et plus les résultats de l’étude seront probants», a souligné le chercheur et représentant syndical aux commandes, Pascal R. Doyon. Il sera assisté par l’enseignant à l’Université du Québec à Trois-Rivières, Ghyslain Parent.

Avec les résultats, le syndicat pourra émettre des recommandations auprès des employeurs afin d’améliorer les conditions de travail de plus de 750 préposées dans la région. Le président Rosaire Hamelin espère ainsi motiver la relève à entreprendre des études dans ce domaine.

À l’heure actuelle, la moitié des nouvelles cohortes quitte moins d’un mois après être entrée en poste.

Le questionnaire est disponible auprès des représentants syndicaux ainsi que sur la page Facebook du SQEES-FTQ du CSSS de Trois-Rivières.