Les trois ennemis du pied chez les jeunes

«Vous ne devriez jamais obtenir une orthèse d’un orthésiste sans consulter un médecin ou un podiatre. D’ailleurs, c’est illégal pour eux de diagnostiquer», indique le Dr François Allard.

C’est un fait: les enfants portent plus d’orthèses qu’il y a 20 ou 30 ans.  Plusieurs raisons expliquent l’augmentation du port de l’orthèse chez l’enfant.

«On m’a souvent posé la question à savoir pourquoi  il semble y avoir plus d’orthèses aujourd’hui qu’auparavant. La première chose que je leur réponds est que nous avons beaucoup plus de connaissances des pathologies biomécaniques qu‘avant», affirme Dr Allard.

Le sport

À l’époque, l’enfant jouait davantage. La compétition était moins présente.

Aujourd’hui, le sport en milieu scolaire a énormément évolué, ce qui amène les jeunes à développer un esprit de compétition élevé et s’entraîner de façon plus structurée et poussée.

«Nous ne parlons plus d’un jeu aujourd’hui. Ce sont des programmes qui sont faits spécifiquement pour la compétition. Les jeunes sont traités un peu comme de jeunes adultes maintenant. Ça peut causer des blessures sportives spécifiques à l’enfant en croissance. C’est là que les problèmes biomécaniques deviennent encore plus importants», précise Dr Allard.

L’urbanisation

L’urbanisation pourrait également causer une pathologie du pied, croit Dr François Allard.

«De nos jours, tout est mis à niveau. On marche dans un centre commercial, sur le trottoir, dans nos maisons, un gymnase: tout est mis au niveau zéro. C’est le principe même de l’urbanisme», explique le spécialiste.

Ce qui se produit alors, c’est que la moindre pathologie du pied est répétée à chaque fois qu’un enfant fait un pas.

Par exemple, si une personne a une jambe deux centimètres plus courte que l’autre, elle aura une déficience de deux centimètres à chaque pas, ce qui pourrait entraîner des problèmes à long terme.

«Mais si cette personne marchait dans un champ, puisque le terrain n’est pas égal partout, c’est comme si le terrain jouait le rôle d’une orthèse naturelle. La personne n’aura pas une déficience de deux centimètres pour chaque pas, car le relief du terrain va compenser», soutient Dr Allard. 

Surplus de poids

«Le taux d’obésité est en hausse si l’on se fie aux statistiques. Cela apporte de nouveaux problèmes au niveau des pieds et des jambes», ajoute Dr Allard.

Les parents ne devraient pas acheter des souliers trop rigides avec des supports d’arche, soutient le spécialiste. 

«Il faut que la structure se développe dans un environnement favorable.

Physiologiquement, avant l’âge de trois ans surtout, les enfants devraient marcher pieds nus le plus possible pour permettre aux pieds de bien se développer. Il faut acheter des souliers le plus flexibles possible. La rigidité n’a pas sa place puisqu’elle favorise l’atrophie ou l’hypotonicité musculaire et ce n’est pas de cette façon que le pied va bien se développer», note Dr François Allard.

Conseils

Le mocassin est l’idéal pour les enfants âgés de 3 ans et moins.

Puis, au risque de se répéter, acheter des souliers rigides ou ajouter des supports d’arche risquent d’aggraver le problème en l’absence des conseils d’un spécialiste.

La prévention est la meilleure des interventions puisqu’elle peut prévenir d’autres pathologies.  «Chez l’enfant, la prévention a un impact beaucoup plus grand que chez l’adulte. Chez l’enfant, on peut modifier la structure, chose qu’on ne peut pas faire chez l’adulte», conclut le Dr Allard.