Les premiers quartiers boudés par les compagnies d’assurances?
ASSURANCES. Obtenir une assurance vie ou encore une assurance habitation peut s’avérer un vrai casse-tête. Dans les premiers quartiers de Trois-Rivières, certaines compagnies d’assurances refusent même d’assurer les gens.
Raymond Leclair de Solidarité Régionale d’Aide et d’Accompagnement pour la Défense des Droits en santé mentale (S.R.A.A.D.D.) pour la Mauricie et le Centre-du-Québec est bien placé pour le savoir. Chaque année, il aide environ huit personnes à se sortir de l’impasse.
«Certaines compagnies d’assurances refusent d’assurer des gens dans certains quartiers, remarque M. Leclair. Si on prend les premiers quartiers, il y a des compagnies d’assurances qui n’assureront jamais ici. D’autres vont accepter. Ils vont assurer des gens pauvres, mais pas malades. C’est pour ça qu’on voit des gens qui perdent tout lors d’incendies.»
Quoique conscient que certaines personnes n’ont pas les sous nécessaires, M. Leclair soutient que les personnes qui ont des problèmes de santé mentale doivent souvent payer plus cher que les autres, si elles réussissent à obtenir une assurance.
«Je me plais à dire que les compagnies d’assurances aiment assurer pour ce qui n’arrivera jamais. Par contre, s’il y a un risque, elles n’assurent plus. Avec toute la stigmatisation qu’il y a autour des problèmes psychologiques, les gens qui ont un problème de santé mentale sont considérés comme des fous dangereux qui veulent tuer du monde ou mettre le feu. On bien les compagnies n’assurent pas dans certains quartiers ou bien ça coûte plus cher», mentionne Raymond Leclair.
Exclue à cause de son garçon
M. Leclair rencontre plusieurs personnes qui se voient refuser des assurances ou se font annuler des assurances. «Par exemple, j’ai connu une femme que sa compagnie d’assurances ne voulait plus l’assurer quand la compagnie a découvert qu’elle avait un problème de santé mentale, et surtout, que son fils aussi avait un problème de santé mentale avec des problèmes de violence», raconte-t-il.
«On ne parle pas d’une assurance vie, mais d’une assurance habitation, ajoute M. Leclair. La mère est bipolaire. À cause de sa situation jumelée au cas de son garçon, la compagnie a jugé que le risque était trop grand.» Avec des plaintes à l’ombudsman des assurances, la dame a réussi à décrocher une assurance, mais au double du prix.
Toutefois, ce dénouement n’est pas fréquent. «Les gens pauvres et pas instruits abandonnent. Ceux qui ont l’énergie pour faire la démarche et qui ont un certain pouvoir d’achat vont faire la démarche pour trouver une solution. C’est pour ça qu’on voit des gens qui passent au feu et qui n’ont pas d’assurances. Parfois, c’est parce qu’ils n’ont pas d’argent. D’autres fois, ils en ont déjà eu une et ils ne l’ont plus.»
Une clientèle indésirable
Sensible à cette problématique, Raymond Leclair s’est renseigné à savoir si les compagnies d’assurances avoir le droit de faire des exclusions. «Quand on parle des personnes qui développent des troubles de santé mentale, certaines compagnies d’assurances éliminent carrément cette clientèle-là, ils n’en veulent pas. Les compagnies d’assurances ont toujours le loisir de faire des exclusions. On voit des gens se voir refuser parce qu’ils ont fait une dépression ou un burnout», explique M. Leclair.
«Je ne blâme pas les compagnies d’assurances. C’est une entreprise. Parfois aussi, il y a des gens qui essaient de les frauder. Ça arrive, mais parfois, c’est discutable le traitement que les compagnies d’assurances réservent à certaines personnes», conclut M. Leclair.