Les plantes nordiques sous la loupe

SCIENCES. Professeure au Département des sciences de l’environnement de l’Université du Québec à Trois-Rivières, Esther Lévesque participe à une recherche qui permettra peut-être de trouver une molécule antibactérienne dans des plantes du Nord-du-Québec.

Ce projet est celui de Normand Voyer de l’Université Laval, qui s’est entouré de trois chercheurs, dont Mme Lévesque. L’idée est d’étudier des espèces qui, jusqu’ici, ne sont pas passées sous la loupe.

Même si l’on retrouve un moins grand nombre d’espèces dans le Nord-du-Québec que dans la forêt tropicale, les chercheurs s’intéressent à savoir si les conditions météorologiques difficiles favorisent la formation de mécanismes de défense chez les plantes et, par le fait même, la fabrication de substances intéressantes en médecine.   

«Un collègue et moi avons été contactés par Normand pour lui apporter des plantes. On a ramené quatre espèces différentes de lichen nordique et il travaille encore sur la première. C’est très long biochimiquement. C’est beaucoup d’étapes», explique Mme Lévesque, chercheuse en écologie végétale travaillant dans l’Arctique depuis plus de 25 ans.

«La composition chimique des plantes du Nord est méconnue, ajoute cette dernière. Il a commencé à travailler là-dessus et il se rend compte qu’il y a vraiment des choses nouvelles qui étaient inconnues à la science. Ce qui est excitant, c’est de trouver des choses qui n’existent pas. Et c’est probable que ça arrive. Le potentiel est là et c’est ce que Normand est en train de révéler.»

Jusqu’à présent, l’équipe de chercheurs a identifié des substances du lichen aidant à combattre des maladies buccales comme la carie dentaire. Des tests doivent encore être faits à ce sujet, mais il n’est pas impossible que cette substance se retrouve un jour dans les dentifrices.

Un projet de longue haleine

Bien que débuté il y a environ deux ans, le projet n’en est encore qu’à ses débuts. Sur le plan de l’écologie, Mme Lévesque aimerait savoir s’il existe une relation entre la variation des conditions et la production de molécules, de la limite des arbres jusqu’à l’extrême nord du Québec.

«Est-ce que les mêmes plantes produiraient plus ou moins de molécules? Est-ce que le fait de choisir des plantes à la limite de leur distribution va faire en sorte qu’il y aura plus de molécules? À la limite du Nord-du-Québec, la plante est plus stressée, elle est plus dans une condition de survie, donc va-t-elle produire plus de molécules?», se questionne la chercheuse.

Des questions qui sont sans réponse pour le moment. Des demandes de subventions ont été faites afin d’accélérer les recherches, qui s’étaleront probablement sur plusieurs années encore.