Les partis se positionnent sur les enjeux manufacturiers
ÉLECTIONS. À l’occasion de la campagne électorale qui bat son plein, les Manufacturiers de la Mauricie-Centre-du-Québec ont convié leurs membres à un panel politique portant plus précisément sur les défis que doivent relever les entreprises manufacturières. Trois candidats se sont prêtés au jeu: Michelle Blanc (Parti Québécois), Monsef Derraji (Parti libéral) et André Lamontagne (Coalition Avenir Québec).
Si plusieurs enjeux affectent les entreprises manufacturières, le principal relève de la rareté de la main-d’œuvre spécialisée.
«Dans dix ans, il y aura un déficit de 140 000 travailleurs. Il y a plusieurs enjeux et on peut déployer plusieurs stratégies. Mais chez Innovation et Développement économique Trois-Rivières, ce que les investisseurs extérieurs nous demandent, c’est comment va le recrutement chez nous», a raconté Yves Lacroix, président d’IDÉ Trois-Rivières, pour mettre la table aux candidats.
Pour la Coalition Avenir Québec (CAQ), la solution passe notamment par le raccrochage des jeunes à l’école tout en détectant plus tôt les problèmes d’apprentissage, ainsi que l’immigration ciblée.
«La régionalisation de la main-d’œuvre a été un échec. Toutes les antennes régionales du ministère de l’Immigration ont été coupées dans les régions et on en vit les conséquences aujourd’hui. Il faut bien accueillir les nouveaux arrivants en adéquation avec les besoins de main-d’œuvre. Il faut aussi favoriser la rétention des travailleurs âgés de 55 ans et plus sur le marché du travail», affirme André Lamontagne, candidat caquiste dans la circonscription de Johnson, critiquant également la lourdeur de la bureaucratie en immigration.
Pour sa part, le Parti Québécois estime qu’il existe un déficit d’information entre les employeurs et le gouvernement. «Les employeurs ont besoin d’employés spécialisés, mais le gouvernement ne le sait pas. On va noter les besoins des travailleurs spécialisés et les mettre en relation avec les employeurs. Il faut également baliser l’immigration francophone», indique Michelle Blanc, candidate dans le comté de Mercier pour le PQ.
Chez les Libéraux, le candidat de Nelligan soutient que la lutte à la pénurie de la main-d’œuvre dépend de la formation, de l’immigration et de la capacité des entreprises à offrir un milieu de travail stimulant. «Si on n’adapte pas le milieu d’accueil, on sera déconnecté de la réalité des jeunes. On n’est pas les seuls à chercher de la main-d’œuvre à l’international. L’immigration peut jouer un rôle important à long terme et il y a de beaux programmes de régionalisation. Les villes doivent continuer leur mission d’intégration des immigrants dans les régions», souligne M. Derraji.
Virage vers l’industrie 4.0
Le virage numérique vers l’industrie 4.0 a également occupé les discussions, mais avant de parler de virage numérique, il faut avant tout que l’ensemble du Québec habité ait accès à Internet très haute vitesse, plaide Michelle Blanc.
«Le problème se retrouve à la grandeur du Québec: comment fais-tu pour te numériser quand tu n’as même pas accès à Internet haute vitesse chez vous? Les manufacturiers 4.0 sont une des priorités du plan numérique du Parti Québécois. Notre projet de révolution numérique sera déposé dans les prochains jours», précise-t-elle. Le PQ soutiendrait également les chefs de file dans l’économie verte.
André Lamontagne abonde dans le même sens en ce qui concerne l’accès à Internet haute vitesse. «C’est une obligation aujourd’hui, sinon, c’est être une entreprise de deuxième classe. Le potentiel du Québec peut être décuplé avec la capacité de s’interconnecter avec le reste du monde (…) L’exportation, c’est le cœur pour les manufacturiers. On a également besoin d’accompagne pour se préparer à exporter», note-t-il.
De son côté, le candidat libéral Monsef Derraji indique qu’un auto-diagnostic 4.0 est la première chose à faire pour les entreprises afin d’espérer mettre la main jusqu’à 15 000$ en subvention.
«Les entreprises font face à une nouvelle révolution industrielle et les entreprises manufacturières sont contraintes à innover à prendre le virage numérique. Elles font face à des enjeux de taille. Quatre fronts doivent être travaillés: la main-d’œuvre, le vente, les investissements et l’innovation», dit-il.
Le secteur manufacturier représente 13 200 établissements au Québec et emploie 419 000 personnes. La plupart des entreprises manufacturières québécoises, soit 93%, compte moins de 100 employés. Près d’une centaine d’entrepreneurs et de représentants du milieu économique s’étaient déplacés pour venir entendre les propositions défendues par les trois candidats.