Les jeunes carburent à la consommation

Le passage de l’enfance à l’âge adulte amène son lot de responsabilités et de privilèges. Pour plusieurs, c’est aussi la découverte d’une nouvelle source financière: le crédit. La facilité à laquelle on peut y avoir accès est déconcertante et malheureusement, tous n’en font pas une utilisation appropriée.

Les jeunes peuvent s’avérer des proies faciles pour les compagnies de crédit et les commerçants. Qui n’a jamais vu les publicités d’acheter maintenant et payer plus tard ou de deuxième et troisième chance au crédit? À leur arrivée au cégep, les jeunes sont plus vulnérables car souvent ils quittent le nid familial.

Cellulaires et ordinateurs

Si avant, les parents pouvaient opposer des restrictions sur certains achats, voilà que maintenant tout est disponible pour les jeunes. La société de consommation d’aujourd’hui contribue aussi à leur endettement. Cellulaires avec forfait optimal, voiture tape à l’œil, ordinateur dernier cri, tout est facile d’accès. Il suffit parfois d’une seule signature pour que les représentants de la nouvelle génération s’enlisent dans des années de paiements.

«Les jeunes sont de grands consommateurs. Ici, le stationnement est plein et ça déborde bien loin dans la rue. Le covoiturage est inexistant et la perception des gens est que si tu prends l’autobus tu es soit un marginal, un écolo ou quelqu’un de mal pris», raconte Stéphane Roy, professeur de sociologie au Collège Laflèche.

Historique de la surconsommation

Selon Daniel Landry, également professeur de sociologie au Collège Laflèche, «La surconsommation des biens matériels n’est pas arrivée hier puisque nous vivons dans ce mode depuis l’époque des Trente Glorieuses entre 1947 et 1974. Pour que ça fonctionne bien dans ce système il faut qu’il y ait une croissance et une consommation sans cesse grandissante. C’est pourquoi dans les années 50, 60 et 70 il y a eu une création incroyable de besoins artificiels.»

Microsoft

Les agences de publicité ne sont pas étrangères à cette création de besoins.

«Les gens ont pris l’habitude de consommer des biens à court terme. Par exemple, le plus grand concurrent de Microsoft est lui-même. Il s’autodétruit constamment en créant des versions toujours plus récentes de ses logiciels», mentionne M. Roy.

Les experts s’entendent pour dire que toute la consommation est une question de «In» et de «Out» et des tendances du moment. La grosse responsable de cette consommation excessive est la publicité qui injecte des milliards pour vendre des produits.

La société de l’image

La perception populaire du «paraître» est tenace et bien ancrée dans la société d’aujourd’hui.

«Je suis ce que j’ai! Voilà la mentalité de bon nombre de représentants des générations X, Y et C (1982 à 1996). Pour eux, les gens qui ont réussi sont ceux qui ont de grandes maisons, de belles voitures et ainsi de suite. Il faut être très solide pour se battre contre ça et ne pas embarquer dans ce jeu. Par contre, il faut faire un certain deuil et accepter de se réaliser sans que ça paraisse», souligne Stéphane Roy.

Les solutions

Les deux sociologues du Collège Laflèche dressent un portrait assez sombre de ce qui attend les générations futures si rien ne change.

«L’environnement et l’économie sont liés. Les gens, dès que leur poche n’est pas touchée, ce n’est pas grave. Ça va prendre une situation où l’individu n’aura plus le choix de changer son mode de vie comme une crise économique pire qu’en 2008.»