Les informateurs payés avec de la marijuana

Ce qui est étonnant dans les moeurs policières des années 60 et 70, c’est que les détectives étaient nombreux à se laisser séduire par la corruption. Le problème relevait donc du corps policier et non des individus pris séparément.

Nous avons trouvé sur Internet la déclaration d’un criminologue qui le confirme. Elle date de 2001. Frédéric Lemieux était alors étudiant à l’École de criminologie. Il avait consacré son mémoire de maîtrise à l’analyse de 12 cas de corruption policière. M. Lemieux explique les motifs qui poussent certains policiers à franchir le pas vers la corruption.

«Le manque d’encadrement, une mauvaise définition des tâches et des objectifs, l’absence de leadership et de contrôle sur les policiers sont autant de motivations ou de raisons qui semblent également pousser les agents à commettre des actes illégaux», note M. Lemieux.

Il cite l’histoire du sergent-détective trifluvien Denis Leclerc en guise d’exemple. Le policier avait fait la manchette à l’époque. Il dirigeait une sorte de police parallèle au sein du corps policier local. Il avait été destitué par la Commission de 1982. M. Lemieux se porte à sa défense.

«La drogue, les armes et autres pièces à conviction traînaient partout dans les bureaux sans qu’il y ait un endroit réservé aux objets saisis, raconte M. Lemieux. «La police payait même ses informateurs et collaborateurs en… marijuana!

«On parle alors de corruption systémique. C’est-à-dire qu’elle s’étend à l’ensemble d’une brigade dont les membres acceptent les comportements frauduleux et criminels qui prévalent. Ce type de corruption est difficilement décelable en raison du mutisme qui règne au sein des brigades.»

(Cet article s’inscrit dans le dossier Au temps de la corruption à Trois-Rivières publié dans la section actualités. Lisez les articles suivants:

-De la corruption et des bordels

-Pègre locale pègre d’ailleurs

-Une ville de party

-La Kruger, la statue et la police (sections opinion)