Les faillites explosent chez les étudiants

Les prêts étudiants et autres dettes contractées auprès d’institutions financières ou cartes de crédit finissent par peser lourd sur le budget et sont parfois… fatals. Selon le MELS, le nombre de faillites chez les étudiants emprunteurs auprès de l’État est passé de 1241 à 1863 entre 2006-2007 et 2009-2010, soit une hausse de 50%.

À noter que le délai après lequel les étudiants peuvent être libérés de leurs créances concernant les prêts est passé, en 2010, de dix à sept ans, ce qui a possiblement contribué à faire augmenter le nombre de faillites.

«L’endettement diminue depuis 2007. Les étudiants québécois sont beaucoup moins endettés que leurs collègues du Canada anglais ou que les Américains. Ils remboursent à 90% leurs emprunts. Les faillites demeurent quand même très rares. On a bonifié l’aide financière aux études et ce sera la première fois dans l’histoire que le volume de bourses sera supérieur au volume de prêts. De cette façon, on contribue à l’enrichissement collectif», rapporte le ministre Duchesne.

De son côté, Fabien Major, expert en finances personnelles, s’étonne de voir un aussi haut taux de faillites.

«C’est inquiétant et très décevant. Ça part mal dans la vie quand tu commences comme ça. En même temps, de nos jours, le crédit est tellement facile à obtenir. C’est pourquoi il est plus important que jamais de créer des bases pour l’éducation au budget, car il ne faut pas oublier que faire faillite, ça hypothèque l’avenir pendant environ 10 ans. Ça m’inquiète, car on manque énormément d’éducation financière. On fonce sans savoir où ça va nous mener. Surtout que les taux d’intérêt ne feront que monter dans les prochaines années.»

Pas d’inquiétude à l’horizon

L’endettement étudiant n’est pas un phénomène préoccupant, tant qu’il figure au centre d’une planification budgétaire bien ordonnée, estiment deux spécialistes des prêts étudiants.

«L’important, explique Nancy Scott, responsable des programmes jeunesse chez Desjardins, c’est d’être en mode prévention pour prévenir le surendettement et éviter une trop grande différence entre les dépenses et les revenus. Ce que l’on vise en amont, c’est une éducation financière appropriée. On veut une assiduité d’épargne et c’est pour ça que l’accompagnement est important. C’est important de prévenir une consommation excessive chez les jeunes», explique-t-elle.

Même son de cloche du côté de Melissa Jarman, directrice générale, services bancaires aux étudiants, chez RBC. «Bon nombre d’étudiants de niveau postsecondaire sont responsables pour la première fois de la gestion de leurs dépenses, fait-elle valoir. S’ils établissent un budget et ont la volonté d’apprendre à bien le gérer, ils établiront des bases solides qui pourraient avoir une incidence considérable sur leur avenir financier. L’acquisition de bonnes habitudes de gestion financière devrait être tout aussi importante que l’acquisition de bonnes habitudes d’études.»

«Outre ceux qui empruntent auprès du gouvernement, c’est une minorité d’étudiants qui empruntent auprès d’une institution financière pendant leurs études. C’est dû à des pratiques de saine gestion de crédit que nous avons réussi à leur inculquer ou qu’ils ont développé», explique Nancy Scott de Desjardins.

«Quand les étudiants empruntent, ils vont surtout faire une demande de marge de crédit ou de carte de crédit. Généralement, la limite moyenne pour une carte de crédit étudiante est de 300$. Ils ne profitent pas de limites excessives, ce qui fait que les faillites sont rares. C’est même une infime minorité», ajoute notre experte.

Selon Melissa Jarman, «le taux d’emploi s’accroît avec le niveau d’études. Étant donné qu’un certificat, un diplôme ou un grade universitaire augmente de plus de 45 % vos chances d’obtenir un emploi, peu importe le chemin que vous empruntez, l’enseignement postsecondaire est sans contredit l’un des meilleurs moyens d’assurer votre avenir».

La Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec ainsi que la Fédération des cégeps du Québec n’ont pas souhaité commenter les résultats de ce reportage.