Les entreprises féminines se développent plus lentement

ENTREPRENEURIAT. Des études menées par des chercheurs de l’UQTR démontrent que les entreprises féminines se développent plus lentement. Un manque de temps lié à la conciliation travail-famille et une ambition à croître moins prononcée expliquent en partie ce phénomène.

Les données de ces études ont été recueillies et analysées par deux professeurs et chercheurs de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Étienne St-Jean et Claudia Pelletier, ainsi que par la SADC Centre-de-la-Mauricie et Femmessor-Mauricie.

L’objectif est de mieux comprendre les défis et les enjeux liés à la croissance des entreprises afin de bonifier les mesures de soutien, d’accompagnement et de financement offertes aux entreprises en Mauricie, et plus spécifiquement aux entrepreneures.

Les études ont relevé que les femmes d’affaires consacrent en moyenne cinq heures de moins que les hommes à leur entreprise. De plus, les femmes veulent voir leur entreprise croître, mais elles préfèrent faire de petits pas pour y arriver.

«Ce qui semble être la cause de la moins grande ambition des femmes et de la croissance moins rapide de leur entreprise, c’est le temps qu’elle passe dans leur entreprise, indique M. St-Jean. Et cela, ça semble être en lien avec le fait qu’elles assument plus de tâches à la maison que les hommes entrepreneurs qui ont tendance à déléguer à leur conjointe. Même si elles sont dans les affaires, les femmes vont quand même assumer plus de tâches à la maison plutôt que de déléguer à leur conjoint.»

«Pour avoir une meilleure conciliation travail-famille, elles vont réduire le nombre d’heures consacrées à leur entreprise et réduire leur ambition à la croissance, poursuit ce dernier. Par conséquent, elles n’auront pas le même développement que si elles avaient consacré le même nombre de temps que les hommes.»

Un équilibre important

Somme toute, le portrait de la situation n’est pas négatif puisque les femmes ne désirent pas nécessairement que leur entreprise se développe plus rapidement. «On leur a même demandé si elles consacreraient plus de temps à leur entreprise si elle le pouvait. Elles nous ont dit non, affirme Sylvie Lavergne de la SADC Centre-de-la-Mauricie. Ça leur satisfait pleinement. Leur stratégie de croissance, c’est vraiment d’y aller graduellement. J’ai l’impression que l’équilibre entre le travail et la vie familiale est peut-être plus important pour elles.»

Pour favoriser la croissance de leur entreprise, les femmes d’affaires ont mentionné avoir besoin d’un meilleur accompagnement et de plus de soutien. Toutefois, dans la plupart des cas, les ressources dont elles ont besoin existent déjà. Dans un premier temps, le défi sera donc de faire connaître les services offerts par plusieurs organisations dans la région.

«C’est aussi de voir comment on peut les aider à maximiser leur temps, notamment au niveau des demandes de financement et des nouvelles technologies», ajoute Mme Lavergne. Mentionnons que l’âge moyen des femmes sondées se situe autour de 45 ans.