Les centres de thérapie menacés

THÉRAPIE. Le règlement sur les coupures à l’aide sociale que pourrait adopter le gouvernement ferait mal aux centres de thérapie de la région. Ces coupures pourraient engendrer la fermeture de certains établissements.

C’est pourquoi les directions des différents centres dénoncent la réforme annoncée par le ministre François Blais le 28 janvier. Rappelons que 80% de la clientèle toxicomane reçoit de l’aide sociale.

Advenant une fermeture des centres de thérapie, où cette clientèle pourra être soignée? Il existe un réseau public de traitement qui est subventionné par le ministère de la Santé. Pour notre territoire, il s’agit de Domrémy. Mais l’organisme a déjà atteint sa pleine capacité.

«Nous avons un taux d’occupation de 95% depuis un an, alors c’est certain qu’on ne pourra pas répondre à une demande plus grande, explique Jean-Marc Ménard, coordonnateur des services professionnels à Domrémy. Nous accueillons des clients pour une durée de 30 jours, et ensuite, s’ils ont besoin, on les réfère à des services externes pour une stabilisation de longue durée.»

«Si ces cellules ferment, les clients des centres de thérapie iront dans les urgences, et ça aura un impact sur d’autres ministères, ajoute M. Ménard. Il doit y avoir une meilleure cohérence entre le ministère de la Santé et le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale. Plutôt qu’elles soient incarcérées, les centres de thérapie prennent en charge ces personnes. Si jamais il a des coupures, ce ne sera pas des coupures, mais une augmentation de coûts pour d’autres ministères.»

Des centres qui refusent de fermer leurs portes

Directeur général de la Maison Carignan, Alain Poitras n’envisage pas la fermeture de son établissement.

«Si les mesures sont adoptées, on n’aurait sûrement pas le choix de réduire notre personnel étant donné qu’on accueillerait moins de gens. Il y aurait une restructuration, mais je ne penserais pas qu’on aille jusqu’à fermer. On trouverait une solution. Ce qui dérange le plus, c’est qu’on accueille chez nous des gens qui n’ont même pas d’appartement, qui sortent directement de prison. Ce sont eux qui en souffriraient le plus.»

Son homologue à la Maison Jean Lepage, Yves Lepage, abonde dans le même sens. «On est le seul centre dans la région à ne recevoir aucune subvention gouvernementale, alors on serait encore plus affecté par les coupures. On n’envisage pas fermer pour le moment, mais c’est sûr qu’à force de couper, on ne tiendra pas le coup.»

En chiffres

30 jours de thérapie dans un centre communautaire équivalent financièrement pour le gouvernement à: 2 jours en centre hospitalier; 10 jours en centre de réadaptation en dépendance; 12 jours en centre de détention.

Les organismes certifiés en dépendances en Mauricie et dans Nicolet-Bécancour

-Aux Rayons du Soleil (Shawinigan)

-L’Autre Côté de l’Ombre (Bécancour)

-Le Grand Chemin inc. (Saint-Célestin)

-Maison Carignan inc. (Trois-Rivières)

-Maison de transition de la Batiscan (Saint-Stanislas)

-Maison Jean Lepage (Trois-Rivières)

-Pavillon Alternatif inc. (Sainte-Monique)

-Pavillon de l’Assuétude (Shawinigan)

(Avec la collaboration de Patrick Vaillancourt)