Les appels en lien avec la santé mentale en hausse de 60%

SÉCURITÉ. Les crimes contre la propriété (méfaits, incendies criminels) ont été en baisse de 16% à Trois-Rivières en 2014. Toutefois, les interventions policières ont migré vers les interventions auprès des personnes atteintes de maladies mentales.

Ce type d’intervention a connu une augmentation de 60% au cours de la dernière année.

«C’est un virage important, tout comme c’est le cas ailleurs au Québec. La réalité nous rattrape. Les policiers ont passé 636 heures à répondre à ce type d’appels. Souvent, les gens appellent la police pour ce genre d’intervention, car nous représentons un service de première ligne. Mais les policiers ne sont ni des psychologues ni des travailleurs sociaux. C’est une réalité nouvelle et on n’est pas toujours outillé pour intervenir comme on le voudrait (…) Les policiers ne sont pas les mieux placés pour agir en cette matière», indique Francis Gobeil, directeur de la Sécurité publique de Trois-Rivières (SPTR).

M. Gobeil souligne que les appels concernant des gens aux prises avec une problématique de santé mentale peuvent prendre jusqu’à trois heures de travail pour une équipe de policiers. Ces problématiques de santé mentale peuvent varier de la tentative de suicide, à la bipolarité, de la dépression aux problèmes de toxicomanie.

«Nous sommes des intervenants de première ligne. On gère des crises. Quand tu arrives sur le lieu de la crise, à l’occasion, ça relève du criminel, alors que d’autres fois, ça relève de problématiques de santé mentale. Nous devons chercher les ressources pour nous aider lorsque c’est le cas, mais les ressources ne sont pas dans le véhicule de police», note le capitaine Jean-Yves Ouellet.

«Ensuite, il faut évaluer la personne, notamment son risque de dangerosité tant pour elle que pour les autres. Ce n’est pas simple, car si les policiers quittent les lieux sans donner suite à l’appel et que lorsqu’ils ont quitté, il arrive un événement malheureux, on se remet en question. C’est pour cette raison que les policiers sont présents du début à la fin sur ce genre d’appels», précise-t-il.

Lors de ces interventions, la Sécurité publique de Trois-Rivières compte entres autres sur les services de la Ligne Info-sociale, le Paramédic et le Centre de santé et de services sociaux de Trois-Rivières.

Amené de force à l’hôpital

Les policiers peuvent utiliser la loi P38 qui leur permet de prendre quelqu’un de force et de l’amener à l’hôpital s’il met sa vie ou celle d’une autre personne en danger, mais c’est une loi qui devrait demeurer une exception, estime le directeur de la SPTR.

«Il y a aussi les cas qu’on pourrait appeler P37 et demi. Que fait-on dans de tels cas? Le policier n’a pas cette expertise. On ne peut pas demander aux policiers d’avoir cette formation-là. Il y a des projets à Montréal et à Québec où l’on retrouve des équipes mixtes, des experts s’occupants de l’assistance psychologique. C’est cette complémentarité qu’on doit développer et ce n’est plus simple, surtout que nous sommes dans une période de transition du côté de la santé avec la disparition de l’Agence de la santé», explique M. Gobeil.

Le capitaine Jean-Yves Ouellet siège sur le comité provincial à l’École nationale de police de Nicolet chargé d’établir des procédures pour intervenir sur les appels où il y a une problématique de santé mentale.

«On revoit les pratiques policières en matière de santé mentale, car cette hausse est un courant provincial. Pour l’instant, on suffit à la demande, mais il faut prévoir pour les années à venir parce qu’on sait que ce sera exponentiel avec les dépressions et le vieillissement de la population. Pensons aux cas d’Alzheimer, de disparition, etc. Ça va aussi loin que ça», soulève M. Ouellet.

«Sur le comité, il est question de formation, mais aussi de techniques d’intervention. Il y a des dizaines de milliers de maladies mentales. Pour certaines, si tu t’approches de la personne et que tu la regardes dans les yeux, elle panique. Dans d’autres cas, il faut être plus directif. Les policiers ne peuvent pas savoir tout ça! Il faut trouver les bon outils ainsi qu’une formation adéquate», ajoute-t-il.

Car tout cela a des coûts lorsqu’une équipe est monopolisée par un appel durant trois heures. «Heureusement, on a un bon arrimage avec l’hôpital, de sorte qu’on n’attend pas à l’urgence pendant huit heures», mentionne le capitaine Ouellet.

Au Canada, 6,7 millions de personnes sont atteintes d’une forme de maladie mentale, les troubles bipolaires, la dépression et les troubles reliés à la dépendance étant parmi les formes les plus répandues.

À lire au www.lhebdojournal.com

La Sécurité publique de Trois-Rivières présente son rapport annuel. En bref: baisse du taux de criminalité, moins d’arrestations pour conduite avec les facultés affaiblies et de gros changements à venir du côté des policiers-pompiers.