Légalisation du cannabis: la police en mode formation

CANNABIS. Les policiers de la Sécurité publique de Trois-Rivières n’entendent pas être pris de court par la légalisation du cannabis prévue le 1er juillet 2018. Déjà, plus de la moitié des patrouilleurs ont été formés pour mener des épreuves de coordination des mouvements et ainsi être en mesure de reconnaître un conducteur qui conduit sous l’influence d’une drogue.

En fait, c’est en 2015 que la Direction de la police de Trois-Rivières a décidé de prendre le taureau par les cornes en formant un premier agent évaluateur, qui se veut un expert en reconnaissance des toxicomanes et des signes et symptômes de consommation de drogue.

«C’est vraiment à ce moment, en 2015, qu’on a pris notre envol dans la formation. Les épreuves de coordination des mouvements sont notre principal outil pour détecter si un conducteur conduit avec les capacités affaiblies par la drogue», indique Sébastien Richard, agent évaluateur à la Sécurité publique de Trois-Rivières.

La formation sur les épreuves de coordination des mouvements permet aux agents de faire une première vérification sur le terrain et de déterminer si l’expertise de l’agent évaluateur est nécessaire.

Une augmentation à prévoir

Un deuxième agent évaluateur a été formé en 2017 et un autre devrait l’être en 2018 pour s’assurer de bien répondre aux besoins, surtout que la Police de Trois-Rivières prévoit une augmentation des cas de drogue au volant si l’on se fie à ce qui s’est vu ailleurs, notamment aux États-Unis.

En deux ans, M. Richard a réalisé une cinquantaine d’évaluations de conduite avec les facultés affaiblies par la drogue, en plus d’une quinzaine d’autres réalisées par la Sûreté du Québec.

«C’est un phénomène présent sur le territoire, oui. Par ailleurs, ce ne sont pas tous les patrouilleurs qui ont été formés à reconnaître les signes d’un individu qui a consommé de la drogue et qui conduit. Si un patrouilleur non-formé se retrouve face à un cas de drogue au volant où il n’est pas flagrant que le conducteur soit intoxiqué, il peut passer à côté de certains signes», souligne-t-il.

Surtout que toutes les drogues n’entraînent pas le même type de symptômes physiques de consommation. Par exemple, les consommateurs de speed ou de drogues stimulantes auront davantage de tics nerveux et auront des réflexes exagérés, tandis que les signes de consommation de cannabis sont tout autres.

Étonnamment, le cannabis n’est pas la drogue principale en cause dans la majorité des dossiers de drogue au volant depuis deux ans.

«Sur 50 cas, je dirais que le cannabis était peut-être la drogue principale consommée trois fois seulement. En même temps, il s’agit d’une drogue difficile à cibler. Avant de déterminer hors de tout doute qu’une drogue est en cause dans un cas de conduite avec les facultés affaiblies, il faut pouvoir être sûr à 100% de la catégorie de drogue dont il est question. L’ennui avec le cannabis, c’est que les symptômes s’amenuisent rapidement», explique Sébastien Richard.

«La présence de cannabis part rapidement du sang aussi. Parfois, si un patrouilleur nous signale des symptômes et qu’il y a un délai avant que l’on puisse se rendre sur les lieux, les symptômes ne sont plus aussi évidents. Il faut vraiment être là au bon moment», précise-t-il.

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Évaluer la coordination des mouvements

Trois épreuves de coordination des mouvements peuvent être effectuées. Cela permet aux policiers de détecter la capacité d’un individu à diviser efficacement son attention.

«Par exemple, on peut demander à l’individu de se placer dans une position précise, puis lui donner diverses consignes. S’il a consommé de la drogue, il peut avoir de la difficulté à tout faire tout en restant dans la même position», note M. Richard.