Le temps des sucres à l’ancienne

SAINT-PROSPER. À Saint-Prosper se trouve une érablière tout à fait spéciale. D’abord parce qu’on y fait tout à l’ancienne, mais aussi parce que l’homme qui possède la terre, Gaétan Massicotte, est la 10e génération de propriétaires.

À la cabane à sucre Jean-Louis Massicotte et filles, rien n’a changé depuis 1960, à l’exception de quelques petits travaux d’entretien. À l’intérieur, on découvre un décor champêtre et chaleureux où l’on peut suivre les différentes étapes de confection des produits de l’érable. L’endroit peut accueillir une quarantaine de convives éclairés par des lampes au propane et tenus au chaud grâce à la combustion du bois de chauffage utilisé pour faire bouillir l’eau d’érable.

«Il n’y a pas d’électricité et tout se fait à l’ancienne. C’est notre particularité, mentionne fièrement M. Massicotte. Pour ramasser l’eau, j’ai une jument qui tire un traineau sur lequel il y a un baril dans lequel on verse l’eau. On entaille aux alentours de 700 érables. Je fais taper les chemins dans l’érablière avec un bulldozer pour que ma jument puisse circuler plus aisément.»

«Ceux qui vont chercher l’eau d’un érable à l’autre se promènent dans les chemins avec des raquettes et des seaux, ajoute M. Massicotte. Quand le seau est plein, ils retournent au traineau pour venir le verser dans le baril. Ça prend environ trois heures faire le tour. On est environ cinq personnes quand on ramasse. On le fait chaque jour quand on est au plus fort de la saison des sucres, sinon on ramasse aux deux jours. J’ai l’aide de mon épouse Monique, de mes deux filles Véronique et Kathia et d’amis.»

Un brin d’histoire

Lors d’une visite à la cabane, Gaétan Massicotte raconte à ses invités le parcours de ses ancêtres et l’histoire de son entreprise familiale. On y apprend que le premier de sa lignée, Jacques Massicot, était chez les Ursulines à Québec en 1688. Il avait 28 ans à l’époque. Il était malade et se faisait soigner chez les Ursulines.

Une fois rétabli, il est venu en Mauricie pour exécuter un mandat pour les Jésuites à la Seigneurie de Batiscan. «Il avait une tante à Trois-Rivières et le mari de celle-ci possédait plusieurs terres, indique Gaétan Massicotte. Le mari venait tout juste de décéder quand il est arrivé dans la région, alors il a hérité des terres.»

«C’est donc Jacques qui a été le premier propriétaire Massicotte des terres, poursuit-il. Pendant trois générations, on s’est appelé Massicot et après, c’est devenu Massicotte. Mon arrière-grand-père a possédé la terre ici, à Saint-Prosper. L’érablière appartient à ma famille depuis 1700.» Selon ce dernier, c’est la seule terre dans la municipalité qui a toujours appartenu à la même famille.

Le début de la tradition

Initialement, la récolte annuelle à la sucrerie était dédiée à la famille. Mais les choses ont pris un tournant inattendu dans les années 1950 lorsqu’un couple est resté pris avec sa voiture sur la route 159.

«Mon père et ma mère étaient à la cabane, raconte Gaétan Massicotte. Le couple est venu demander leur aide. On était en train de souper, alors ma mère leur a donné à manger. Ils se sont liés d’amitié avec mes parents et ils revenaient tous les ans. Au fil du temps, ils venaient avec des amis et de la famille.»

Étant à l’étroit, le père de M. Massicotte a agrandi la cabane pour pouvoir recevoir des groupes. C’est ainsi que la tradition venait d’être créée. À l’époque, c’était la plus grosse cabane à sucre dans le coin et maintenant, c’est la plus petite.