Le Séminaire St-Joseph veut démolir un bâtiment centenaire

REVITALISATION. Inoccupé depuis plus de trois ans en raison d’un manque d’entretien, le bâtiment centenaire en brique rouge du Séminaire St-Joseph a depuis été laissé à l’abandon. Une remise en état des lieux engendrerait des couts astronomiques, si bien que la Corporation de l’établissement n’attend maintenant plus que l’aval de la Ville de Trois-Rivières pour tout démolir.

Quoi doit-on en faire; transformation ou démolition ? C’est la grande question que se sont posée les dirigeants du Séminaire. Chaque année, il en coûte 30 000$ en assurances, électricité et chauffage. C’est le prix à payer pour maintenir debout le 821, rue Saint-François-Xavier.

Au cours des 30 dernières années, l’immeuble a été laissé à lui-même. Les cinq étages se sont vidés et l’entretien a été négligé avec le temps. En 2011, les autorités ont été forcées de ne plus accepter aucun nouveau résident par mesure d’hygiène et de sécurité. Sans compter les risques actuels d’introduction par effraction, de vandalisme et d’incendie criminel.

«Je n’ai pas eu d’autre choix que d’obliger la dernière personne à quitter les lieux en 2013. Il n’y a plus rien de récupérable ici», affirme le supérieur du Séminaire, Pierre Leclerc, en montrant le mobilier abandonné, vestige des anciens locataires, et les murs éventrés. On constate rapidement l’absence de toute forme d’isolation, sans compter la présence d’amiante.

Aujourd’hui, une infime partie du bâtiment est encore utilisée comme espace d’entreposage pour le musée de l’institution. «Cet immeuble est trop grand et nous coûte beaucoup trop cher pour ce que nous en faisons», fait valoir M. Leclerc.

La facture pour rénover l’endroit s’élèverait à plus de cinq millions de $. En contrepartie, tout raser serait beaucoup plus économique. Avec la construction d’un bâtiment de plus petite taille pour répondre au besoin de rangement, cela reviendrait à un million de $, calcule-t-il. 

En juin dernier, la Corporation du Séminaire a demandé un permis de démolition à la Ville de Trois-Rivières. Elle était prête à procéder cet été.   

M. Leclerc indique toutefois que le Séminaire est ouvert à un changement de vocation, tant que cela respecte le caractère «éducatif-religieux» du quadrilatère occupé par l’ensemble des immeubles de l’institution.

 

La Ville étudie les options

Du côté de la Ville de Trois-Rivières, on en est toujours à étudier toutes les solutions avant de rendre une décision finale. « On réfléchit à un projet de réhabilitation, mais c’est encore au stade embryonnaire. Avant d’accorder un permis de démolition, on veut être sûr d’avoir regardé toutes les options possibles », assure le porte-parole de Trois-Rivières, Yvan Toutant.

En mai dernier, des représentants municipaux sont venus sur place afin de visiter l’immeuble dont il est question. Un comité doit également être mis sur pied, soutient le supérieur du Séminaire, Pierre Leclerc.

Le Regroupement des musées trifluviens en ferait partie. Tout comme le Séminaire, il se cherche de l’espace pour y ranger son matériel d’exposition. « La Corporation accepte de s’impliquer dans un tel projet, mais elle n’accepte pas d’y injecter de l’argent autrement que pour ses propres besoins. Dans l’optique qu’on reconstruit un nouvel immeuble dédié à l’entreposage, nous allons payer uniquement pour notre espace », a indiqué M. Leclerc.

La Ville ne s’est pas opposée à cette idée, mais n’a toujours pas donné son accord. Les discussions se poursuivent entre les deux parties.

Les dirigeants de l’établissement d’enseignement espèrent qu’une décision sera prise à l’été prochain. « Si l’on devait démolir, il faudrait que ce soit avant le début de l’année scolaire pour éviter de déranger nos élèves ».

Des projets ont été déposés

Depuis sa construction en 1916, le bâtiment qu’on a aussi appelé le Centre Étudiant a eu de nombreuses utilisations. Résidence pour élèves, centre de formation pour les futurs prêtres, domicile pour les pères jésuites; ce n’est pas à défaut d’avoir tenté de lui trouver une nouvelle vocation.

Deux promoteurs privés ont même déposé des projets de rénovation pour transformer l’endroit en logements. Ils ont été vite écartés puisque cela ne respectait pas le zonage éducatif de l’établissement.

Le projet le plus sérieux impliquait le Diocèse de Trois-Rivières. L’institution souhaitait y loger ses bureaux administratifs après la vente de ses propriétés. « Il y a eu une véritable étude de fait impliquant un architecte et une firme d’ingénieur pour rénover trois étages sur les cinq disponibles. Les travaux ont été évalués à 3 millions de $ », a raconté M. Leclerc. Le Diocèse a toutefois abandonné les démarches en juin 2015 pour des raisons financières.

Un peu d’histoire    

Devant le nombre croissant d’élèves et l’espace qui commençait à manquer, les autorités du Séminaire ont pris la décision en 1910 de construire un agrandissement temporaire : l’immeuble en brique rouge, dont la durée de vie devait être d’environ 50 ans.

Les besoins se faisant toujours plus pressants, il a fallu construire à nouveau. En 1929, on entre donc dans l’édifice de granite surplombé du dôme que nous connaissons maintenant. Aujourd’hui, seule une trentaine d’étudiants sur plus de 700 y sont logés durant leur scolarité.