Le polo rouge de Simon

Le 25 juillet dernier, Simon Dionne a troqué son polo noir de stagiaire pour un nouveau polo. Un rouge. Celui que portent les employés réguliers du Canadian Tire. Pendant quatre ans, Simon, qui vit avec une déficience intellectuelle, a travaillé très fort pour obtenir ce polo. Ce vêtement, c’est un rêve enfin réalisé et le symbole d’innombrables efforts.

Depuis quatre ans, tous les matins du lundi au vendredi, Simon se rend au Canadian Tire du boulevard des Forges avec sa bonne humeur contagieuse. Jusqu’à tout récemment, il faisait partie des stagiaires encadrés par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ).

Appuyé par sa mère, son intervenante Julie Hamel-Lafrenière, son équipe de travail au département de la quincaillerie et Marie-Cristine Pelchat St-Jacques, la directrice du magasin, Simon a développé son autonomie, ses habiletés et sa confiance.

Motivé d’apprendre et de se dépasser, il s’est mis à rêver. Il avait même confié à sa mère vouloir devenir un « vrai » employé du Canadian Tire… comme ceux qui portent le polo rouge.

« À première vue, on pourrait penser que c’est relativement facile comme projet, mais pas tant que ça, soutient Émilie Lavergne, agente de communication pour le CIUSSS MCQ. Pour quelqu’un comme Simon, c’est un projet qui nécessite beaucoup d’autonomie et de débrouillardise. Il faut qu’il soit autonome dans son transport, dans son dîner, pour planifier ses vacances, etc. Ça vient avec tout ça. Et c’est aussi de savoir comment réagir s’il arrive un pépin. Si son autobus est en retard un matin, il faut qu’il sache quoi faire, qui avertir. »

Une longue traversée

Grâce à sa détermination, Simon a surmonté plusieurs obstacles. Et ses efforts ont finalement été récompensés en juillet dernier lorsqu’il a reçu son polo rouge. « La grande force de Simon, c’est qu’il a réussi à tisser de bons liens avec ses collègues de travail. Il a vraiment su s’intégrer à l’équipe, témoigne Mme Pelchat St-Jacques. Quand tu as des collègues avec qui tu aimes travailler et qui aiment aussi travailler avec toi, c’est de l’aide supplémentaire. On est plus fort équipe. Simon, par sa bonne humeur, son beau sourire, son écoute, sa présence au travail et sa rigueur, il est parvenu à tisser des liens vraiment importants. »

En plus de tout ça, Simon est maintenant capable non seulement de faire sa tâche, mais aussi de détecter les erreurs qui surviennent dans le système. « C’est à ce moment-là qu’on a su qu’il était prêt à devenir un employé régulier. Parce qu’il n’était pas limité à une seule tâche, explique Mme Pelchat St-Jacques. On a vu qu’il était vraiment passé à un autre niveau, à de l’analyse et de la compréhension de problème. Oui, le parcours a été plus long, mais avec le temps et son désir de se dépasser, il y est arrivé. »

La récompense

Alors, cet été, Simon a changé de couleur de chandail. Une petite célébration a eu lieu entre collègues pour souligner ce bel accomplissement. « On est fier de pouvoir l’accompagner là-dedans, mais tout le mérite lui revient. C’est lui qui a tout fait pour en arriver là. Nous, on offre l’opportunité, mais ça s’arrête là. Le reste, ça vient de lui », tient à préciser Mme Pelchat St-Jacques.

Quoique timide, le principal intéressé s’est dit bien fier de lui. Avec raison. « On en parlait souvent ces deux dernières années. J’ai travaillé fort pour me rendre là. J’ai réussi parce que je fais bien mon travail. C’est une grande joie pour moi. Une grande fierté. J’aime beaucoup mon travail. Je suis bien ici et je veux continuer de travailler ici », confie Simon Dionne, le sourire fendu jusqu’aux oreilles.