Le Plan triennal met l’accent sur le maintien des infrastructures
La Ville de Trois-Rivières a adopté son Plan triennal (PTI) 2023-2024-2025. En 2023, la Ville prévoit des immobilisations de 125,7 M$, pour un impact financier net pour la Ville de 60,8 M$.
Ce PTI se consacre davantage au maintien des infrastructures qu’au développement de nouveaux projets. Alors que les précédentes moutures du PTI visaient 80% de projets liés au maintien des infrastructures, le document adopté vendredi poursuit l’objectif d’un ratio de 90% pour le maintien des infrastructures et 10 % pour le développement.
Cette décision d’augmenter les fonds dédiés au maintien des infrastructures existantes est motivée par le contexte économique, notamment la hausse du coût des biens et services, mais aussi par l’état des infrastructures.
« Je pense que ça aurait dû être fait avant, affirme le maire Jean Lamarche. Maintenant, on est là, on peut le faire. On est dans la notion de bien commun avec l’entretien du réseau d’aqueduc et des égouts, des bâtiments, des routes et des infrastructures récréosportives. On est dans le maintien des actifs de la Ville. On a mis en place un plan de gestion des actifs qui nous permet de voir de façon encore plus claire dans quel état sont nos infrastructures et les moyens financiers qu’on doit y accorder. »
Pour l’année 2023, la part du lion va à la gestion de l’eau potable (29,3 M$) et des eaux usées (21,2 M$).
D’ailleurs, le projet de gestion des eaux parasitaires dans le secteur Saint-Louis-de-France sera réalisé pour régler le problème de refoulement d’égout qui afflige de nombreux résidents du secteur. Le projet est estimé à 16,7 M$ au PTI, dont près de 1,7 M$ pour l’année 2023.
« Les problèmes de refoulements durent depuis plus de 20 ans. Ça remonte à la ville de Saint-Louis-de-France. J’ai grandi sur le rang Saint-Alexis. C’est là qu’on doit installer des pompes chaque printemps. Des gens sont inquiets et ne veulent pas quitter leur domicile à cause des refoulements. C’est une victoire, une avancée importante pour les gens du secteur », souligne Geneviève Auclair, conseillère municipale du district de Saint-Louis-de-France.
« L’amélioration du réseau d’égout n’est pas un projet spectaculaire qu’on peut voir comme on pourrait constater la rénovation d’un parc, mais ce qui est sous l’asphalte est tout aussi important. L’année 2023 sera plus pour la préparation du projet pour permettre le début du chantier en 2024 », précise-t-elle.
La Ville prévoit aussi injecter 21,6 M$ dans différents travaux liés à la voie publique et 9,8 M$ pour les loisirs et la culture dans la prochaine année.
Deux conseillers votent contre le PTI
Le conseiller du district de Pointe-du-Lac, François Bélisle, a notamment décidé de demander le vote sur le PTI 2023-2024-2025 en raison de l’abandon du projet de prolongement du boulevard Jean-XXIII jusqu’au boulevard Mauricien. Le projet a déjà été remanié dans le passé, puis scindé en deux phases.
« On avait accepté à l’époque pour se plier aux vues d’ensemble, mais finalement, le projet a été retiré du plan triennal. Je me suis senti seul là-dedans, soutient M. Bélisle. Il faut deux voies de circulation dans ce secteur. Il y a le Colisée à proximité, les ambulanciers, les pompiers… C’est plus achalandé. »
Si le projet a été écarté du PTI, c’est notamment parce qu’il ne bénéficiait pas d’une subvention déjà dédiée. Le projet doit également être revu en raison des besoins qui ont changé dans le secteur dans les dernières années.
« Le projet de prolongement est retiré. On va revoir des scénarios pour permettre et sécuriser l’accès aux piétons et aux cyclistes jusqu’au boulevard Mauricien. On regarde pour créer un corridor plus sécuritaire entre le boulevard Mauricien et la piste cyclable qui est déjà sur le boulevard du District », explique Patrice Gingras, directeur du Génie à la Ville de Trois-Rivières.
« Quand le projet de prolongement avait été lancé à l’époque, il y avait une réelle problématique, note M. Gingras. Par contre, avec la pandémie, le télétravail, l’ouverture de la rue Charbonneau vers le boulevard du District et l’ouverture de la sortie de la Place des Miliciens, ça nécessite une réactualisation du dossier. Les besoins de fluidité dans le secteur ne sont plus ce qu’ils étaient il y a dix ans quand le projet a été lancé. »
Plusieurs conseillers digèrent mal, également, le projet de 55M$ de réfection du Quartier général de la police. On se rappellera que le projet initial prévoit le réaménagement du Quartier général, incluant le déménagement de la cour municipale, actuellement située dans le secteur Cap-de-la-Madeleine, sur le site du Quartier général. Un montant de 500 000$ sera destiné à la réalisation du plan fonctionnel et technique préalable au projet en 2023. Ce plan permettra de mieux cibler les besoins, autant en ce qui concerne le bâtiment que les besoins fonctionnels. À partir des résultats obtenus, une révision sur projet pourrait être possible.
Cependant, seuls les conseillers François Bélisle et Richard W. Dober ont voté contre l’adoption du Plan triennal d’immobilisation. Tous les autres se sont ralliés au document tel que présenté.
De son côté, le conseiller du district Marie-de-l’Incarnation a décidé de s’opposer au PTI en raison de la somme de 200 000$ par année sur trois ans visant à remplacer les murets pour le Grand Prix de Trois-Rivières et des 15 M$ dédiés à la rénovation de l’aérogare.
Une première à Trois-Rivières
C’est la première fois que le Plan triennal d’immobilisations n’est pas adopté en même temps que le budget de la Ville à Trois-Rivières. Toutefois, devancer l’adoption du PTI n’est pas une façon de faire exceptionnelle, fait remarquer le directeur général de la Ville, François Vaillancourt. Cela permettra de lancer plus rapidement des appels d’offres et ainsi, l’espère-t-on, profiter d’une plus grande variété de soumissions et de prix plus compétitifs.
« Je crois en cette stratégie. Ça mérite d’être mis en place. Le fait d’avoir créé un bureau de projets nous permet d’aller de l’avant avec ce genre de façon de faire. Il faut reconnaître l’expérience de notre nouveau directeur général dans le secteur de l’approvisionnement. Normalement, plus on arrive tôt dans le processus d’appels d’offres, plus c’est aisé d’avoir un nombre élevé de soumissions », indique le maire de Trois-Rivières.
Le très fort taux de réalisation du PTI, qui varie entre 95% et 100% à Trois-Rivières, risque aussi de jouer en faveur de l’administration trifluvienne, estime le directeur général de la Ville. « On a une équipe très aguerrie en approvisionnement et au génie. Cette équipe fait une vigie en continu du marché. C’est excessivement important d’être conscient des possibilités du marché, mentionne François Vaillancourt. Comme on dispose d’une équipe aguerrie et professionnelle, on croit qu’on aura accès à des prix plus concurrentiels que si on soumissionnait avec cinq ou dix autres villes pour le même besoin. »
« Historiquement, les appels d’offres se font dès mars ou avril, le temps de préparer les documents. Si on peut devancer l’adoption du PTI, c’est parce qu’on a une équipe qui peut bien préparer les documents en amont. On peut aussi dire qu’on va réussir à mener nos projets à terme à 95% du temps. C’est extraordinaire comme taux », poursuit M. Vaillancourt.
Il est prévu que la direction de l’approvisionnement mesure les économies qui seront réalisées grâce à cette initiative. Les données seront ensuite communiquées aux citoyens dans un souci d’évaluation de performance et de transparence.