«Le pire, c’est de se faire pointer du doigt» – Sylvie Beaudoin

«Il faut savoir contenir sa curiosité, se retenir de pointer du doigt et ne pas chuchoter dans les dos de ceux qui souffrent.» Voilà le message que lance à la population Sylvie Beaudoin à la suite de la tragédie qui a ébranlé la région la semaine dernière. Ayant perdu son petit frère dans des circonstances semblables à celles du triple meurtre à Trois-Rivières, la Shawiniganaise rappelle à quel point il est important de mettre la curiosité de côté pour offrir aide et réconfort aux familles endeuillées.

Elle n’avait que 13 ans quand son frère a été assassiné. Bien qu’elle ne fût qu’une enfant à l’époque, Mme Beaudoin se souvient très bien de cette douloureuse épreuve qu’elle a dû apprendre à surmonter. C’est en toute humilité qu’elle a accepté de parler de son expérience, espérant que son témoignage apportera un baume à la souffrance des proches des victimes.

«Malheureusement, il n’y a pas de recette miracle pour faire cesser la peine, mais il y a tout de même quelques ingrédients qui peuvent rendre le deuil moins pénible. Il faut commencer par se soutenir en famille et aller chercher de l’aide. Il ne faut surtout pas garder ça en dedans. Il ne faut pas attendre avant d’évacuer notre peine et notre rage. Il faut plutôt commencer à se soigner dès le départ», fait-elle remarquer.

Au-delà des nombreux témoignages et des bons mots qui circulent sur le Web, Sylvie Beaudoin demeure convaincue que la meilleure façon de démontrer son soutien est de mettre le virtuel de côté pour poser des gestes réels et concrets.

«Par-dessus tout, c’est de l’amour dont les familles ont besoin, souligne-t-elle. C’est d’être écoutées et comprises sans être jugées. Et ce ne sont pas des choses qui se font sur Internet. Le soutien, ce n’est pas de l’écrire sur Internet, c’est de l’agir.»

«Il faut prendre le temps d’aller voir ces gens-là, de leur tendre l’oreille et de leur offrir une épaule pour pleurer s’ils en ont besoin, poursuit Mme Beaudoin. Écouter, ce n’est pas de poser des questions pour satisfaire sa curiosité. Écouter, c’est d’attendre que la personne qui souffre parler de ce qu’elle a envie de parler quand elle en a envie. C’est là toute la différence.»

Si la curiosité ajoute à la souffrance des proches endeuillés, la pitié s’avère tout autant dévastatrice. «La pitié, c’est dégradant quand tu vis ces choses-là. La famille des victimes n’a pas besoin de la pitié des gens. C’est le soutien qui est important. Quand ça arrive dans ta famille, automatiquement, tu deviens marginal, alors il faut faire attention en tant que spectateur du drame de ne pas en rajouter», conclut-elle.