Le Mouvement Québec français et la bilinguisation des institutions publiques
QUÉBEC FRANÇAIS. Dans le cadre de sa tournée nationale, le Mouvement Québec français (MQF) était de passage à la Chasse-Galerie (UQTR), hier, pour y donner une conférence sur la dynamique des langues au Québec et la bilinguisation des institutions publiques.
«Il pleut des études sur la langue française et en général, tout va vers l’anglicisation. Il faut comprendre qu’il y a une différence entre le bilinguisme individuel, pour lequel je suis tout à fait en accord, que du bilinguisme des institutions. Ce qui risque d’arriver, c’est qu’on va demander aux employés d’être parfaitement bilingues pour travailler dans les institutions publiques, au détriment des personnes qui ne sont pas bilingues», souligne le conférencier Éric Bouchard, spécialiste de la protection de la langue française sous l’angle de l’éducation.
M. Bouchard estime que l’anglicisation de certains programmes et cours dans les universités québécoises traditionnellement francophones est en partie due au sous-financement des universités francophones.
«Il y a 8% d’anglophones au Québec, mais 29% du financement des universités du Québec va aux universités anglophones. Cet argent est concentré à Montréal. Si tout cet argent est investi à Montréal, comment fait-on pour développer nos jeunes en région et garder les cerveaux ici? En réponse, les universités vont chercher des étudiants étrangers, car plus il y a d’étudiants, plus il y a de l’argent qui entre pour développer des programmes. Le message, c’est que les Québécois paient des impôts pour angliciser les institutions publiques», affirme-t-il.
M. Bouchard, les représentants du Mouvement Québec français et ceux de la Société Saint-Jean-Baptiste sont aussi revenus sur le cas de Patreek Chaudhari, un étudiant étranger d’origine indienne qui avait revendiqué son droit de faire de l’affichage unilingue anglophone dans les couloirs de l’UQTR, contrevenant à la Charte de la langue française.
Il a aussi fait référence au désir de l’université d’offrir des cours en anglais, un geste qui a aussi été posé par les HEC et l’UQÀM, à Montréal.
«Pour plusieurs personnes et dirigeants de notre société, c’est devenu un poncif de l’époque actuelle que de présenter toute avancée de l’anglais comme une ouverture sur le monde et de qualifier la défense du français comme une manifestation de repli sur soi. À les entendre, c’est comme si le français était un quelconque patois local plutôt qu’une langue internationale parlée par plusieurs centaines de millions de personnes dans toutes les parties du monde», commente pour sa part Roger Kemp, président de la Société Saint-Jean-Baptiste de la Mauricie.
«Le réseau des Universités du Québec a été implanté pour répondre aux besoins de donner un enseignement supérieur en français dans les régions du Québec. C’est ainsi que l’UQTR s’est démarquée en offrant des cours qui autrefois font l’envie de plusieurs universités à travers la planète», précise-t-il en affirmant que «leur projet pilote d’anglicisation des cours ouvre une boîte de Pandore, un cheval de Troie qui nous mènera tout droit vers une assimilation sournoise et insidieuse».