Le maire de Trois-Rivières en partie déçu du budget du Québec

« Je ne vous cacherai pas une certaine part de déception », répond le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche, quand on lui demande de commenter le budget du Québec 2025-2026 déposé mardi.

« Je comprends très bien dans quelle situation économique se trouve le gouvernement provincial en ce moment. On la vit tous dans nos paliers respectifs, mais je pense que le moment était bien choisi pour investir, affirme M. Lamarche. Je pense que si on avait choisi d’investir dans nos infrastructures, notamment les réseaux d’aqueduc et d’égout, on aurait donné l’occasion d’avoir un marché florissant dans la construction et, ainsi, pouvoir maintenir une économie. »

La part du Plan québécois des infrastructures réservée aux infrastructures municipales est de 4,3%, soit 7 milliards de dollars sur un total de 164 milliards. Il s’agit d’une baisse de plus de 7% par rapport à 2021, soulève l’Union des municipalités du Québec, alors que le déficit de maintien d’actifs des infrastructures municipales d’eau au Québec s’élève à 45 milliards $. Cela ne tient pas compte des coûts pour prolonger les canalisations, pour accroître la capacité des infrastructures ou pour les adapter aux changements climatiques.

L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) déplore également que les infrastructures municipales en eau ne soient pas considérées comme un levier structurant pour stimuler l’économie. « Si on n’investit pas massivement dans nos infrastructures en eau et le traitement des eaux usées, nous ne serons pas en mesure d’amenuiser la crise de l’habitation », réagit l’APCHQ.

Avec la diminution majeure de la contribution du gouvernement fédéral  à la TECQ annoncée en août, la Ville a déjà dû réviser son PTI puisque la Ville recevra 26 M$ plutôt que les 80 M$ attendus pour les années 2024 à 2028.  Cela a contraint la Ville à effectuer des coupures de 34 M$ dans le PTI et à reporter le projet de réfection des réservoirs d’eau potable du secteur de Saint-Louis-de-France. Estimé à 25 M$, ce chantier devait être entamé en 2027 et est maintenant repoussé à 2029.

Le prochain Plan triennal d’immobilisations (PTI) de la Ville de Trois-Rivières, qui sera déposé en juin, pourrait aussi être impacté par les décisions contenues dans le budget du Québec 2025-2026 pour les infrastructures d’eau.

« Le conseil va devoir prendre des choix difficiles qui ne toucheront pas que des montants, mais aussi des orientations. Notre PTI se construit, entre autres, à partir de montants leviers. Donc, la contribution de la Ville dans le PTI va souvent s’accompagner de 60 à 70% de contribution des deux autres paliers de gouvernement quand on pense au PRIMEAU (Programme d’infrastructures municipales d’eau) ou de la TECQ (Programme de transfert pour les infrastructures d’eau et collectives du Québec) », précise le maire.

« Si on enlève ça, ça nous place devant le choix où on devrait faire un projet sur trois, si on calcule ça rapidement. Ça nous amène aussi à dire: va-t-on taxer plus les citoyens? Devra-t-on revoir certaines priorités parce qu’il y a des voyants qui sont au rouge, au jaune ou au vert? À Trois-Rivières, on a été très responsable dans les deux dernières années. On est rendu à 95% de consolidation des acquis. On en est vraiment à maintenir nos actifs en ce moment. Ce sera difficile d’aller plus loin que ça sans surtaxer nos citoyens », ajoute-t-il.

« Je pense qu’on avait l’occasion de travailler ensemble et de maintenir notre économie active. Du côté provincial, j’ai l’impression qu’on ne voit pas ça comme ça et, pour être franc, ça m’attriste un peu », conclut-il.