Le cri du cœur des femmes de la Mauricie

FINANCEMENT. Alors qu’elle voit son financement fondre comme neige au soleil, la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM) lance un cri du cœur pour la survie de son projet Mauriciennes d’influence. Après des années à soutenir ses activités à bout de bras, les ressources de la table arrivent à sec.

L’alarme a été sonnée lundi matin, à la veille de la Journée internationale des femmes, lors d’une conférence de presse au Musée de la culture populaire. Rien n’a été laissé au hasard, puisque c’est au même endroit que s’est tenu le premier gala de reconnaissance des Mauriciennes d’influence, en 2010.

En quinze ans d’activités, le projet a accompagné des centaines de femmes dans leur parcours d’implication citoyenne et a contribué à accroître la participation féminine dans les lieux de pouvoir. S’il reste encore beaucoup de travail à faire en 2016, «le programme est aujourd’hui en péril», a dénoncé la directrice de la TCMDM, Joanne Blais.

À la suite des multiples compressions budgétaires dans l’enveloppe destinée aux organismes et aux programmes régionaux, les projets de la table de concertation sont sous respirateur artificiel.

«Depuis avril 2015, pratiquement tout notre financement a disparu, a déploré Joanne Blais. Nos partenaires régionaux, la Conférence régionale des élus et le Forum jeunesse Mauricie ont tous passé sous le couperet de mesures budgétaires en apportant avec eux l’argent consacré à la condition féminine.»

Pour l’année financière 2014-2015, la TCMFM bénéficiait d’un budget annuel de 310 474 $ afin de financer ses projets et comptait trois travailleuses à temps plein. Un an plus tard, le montant a drastiquement été réduit de plus de la moitié pour atteindre 115 555 $. Le poste d’agente au projet Mauricienne d’influence a également dû être sacrifié.

Après les ressources financières et humaines, cette dernière s’inquiète également de devoir couper dans ses activités, qui sont de moins en moins accessibles pour toutes. En effet, pour pallier le manque de financement, la table de concertation a été dans l’obligation d’augmenter les tarifs des formations offertes dans le cadre de Mauriciennes d’influence.

La TCMFM interpelle maintenant ses partenaires restants et les élus municipaux dans l’espoir d’obtenir l’argent nécessaire qui permettra au réseau de demeurer en vie.

Des inégalités persistantes

Grâce au support des Mauriciennes d’influence, de nombreuses femmes de la Mauricie ont osé faire le saut en politique. Marie-Josée Tardif et de Valérie Lupien, deux femmes honorées lors de galas Mauriciennes d’influence, en sont deux exemples. Elles ont d’ailleurs profité de la conférence de lundi matin pour parler de leur expérience.

«Ce prix m’a fait comprendre que je pouvais le faire et surtout, que cela en valait la peine. C’est venu me brasser le pommier», a imagé Valérie Lupien, qui travaille actuellement comme responsable des relations communautaires pour le député de Trois-Rivières, Robert Aubin.

Pour la directrice de la TCMFM, cela ne fait que souligner l’importance de faire entendre la voix des femmes. «Malgré tout notre travail accompli, force est de constater qu’il y a encore beaucoup d’inégalité qui persiste au Québec et notamment en Mauricie», a-t-elle admis.

Encore en 2016, les femmes ne sont pas représentées de façon égalitaire dans les lieux décisionnels.

Le saviez-vous?

– En Mauricie, le revenu annuel de la femme équivaut environ à 65 % de celui de l’homme

– En Mauricie, une femme sur trois sera sujette à toutes formes de violences