Une section du chemin des Pins sera fermée définitivement

Après avoir analysé différents scénarios, de la construction d’un pont à l’enrochement du secteur affecté par les dolines sur le chemin des Pins, la Ville de Trois-Rivières choisit de fermer définitivement une section du chemin des Pins et d’aménager deux cercles de virage, à la manière de ronds-points, à chaque extrémité de la route. 

Rappelons que le chemin des Pins a été fermé en 2019 pour des raisons de sécurité à la suite de glissements de terrain et à l’apparition de trous dans la chaussée. Cette route est touchée par un phénomène d’effondrement de terrain (suffosion) et par l’apparition de dolines.

Les dolines sont une forme d’érosion des sols qui cause des trous circulaires importants d’une quinzaine de mètres de profondeur et dont le diamètre peut parfois faire plusieurs mètres.

« Les couches de sol dans ce secteur sont propices à l’apparition de dolines. De nouveaux effondrements imprévisibles pourraient survenir dans le futur, soutient Patrice Gingras, directeur du Génie à la Ville de Trois-Rivières. Ce qui nous inquiète, c’est qu’on ne peut pas voir quand l’effondrement va se produire. Lorsqu’il ne reste qu’une couche de sol, le poids d’une personne est suffisant pour que le sol s’effondre. C’est dangereux pour les usagers de la route. »

Comme cette portion du chemin des Pins est susceptible d’être affectée à nouveau par des effondrements imprévisibles, la fermeture est recommandée. C’est aussi la seule option qui assure la sécurité des usagers du chemin des Pins à long terme, d’après l’étude effectuée par EMS Infrastructure.

Les citoyens du secteur ont été rencontrés mercredi soir à l’occasion d’une rencontre d’information à ce sujet. « Ça fait quatre ans que ces citoyens sont dans l’incertitude et qu’ils vivent de l’insécurité face à cette situation. Il y en a qui font des détours pour aller travailler ou même pour voir leur famille qui habite de l’autre côté du ruisseau Bellemare. Dans ma première année de mandat, j’ai entendu beaucoup de ces problématiques et je compatis avec les citoyens qui vivent ça. Je pense que ce sera difficile pour eux. Cependant, ils auront les résultats des études », souligne la conseillère du district de Saint-Louis-de-France, Geneviève Auclair.

La firme EMS Infrastructure a été mandatée en 2022 pour étudier de nouvelles pistes de solutions concernant le chemin des Pins. À la suite de l’analyse, trois scénarios ont été analysés: la construction d’un pont sur pieux au coût de 48 M$, l’installation d’un mur cut-off estimée à 16,6 M$ et l’installation de matelas de gabions, c’est-à-dire des cages remplies de pierres, évaluée à 11,4 M$.

En plus des coûts auxquels il fallait ajouter une enveloppe de 2,8 M$ pour stabiliser le talus, toutes ces solutions ne garantissaient pas à la Ville, à long terme, de s’affranchir complètement des phénomènes de suffosion naturelle. Par ailleurs, le ministère de la Sécurité publique acceptait de subventionner seulement le projet le moins dispendieux.

« En début de mandat, c’était important pour moi d’aller chercher d’autres solutions parce que les citoyens revenaient lors des conseils municipaux. Ils n’étaient pas satisfaits, ajoute-t-elle. Le conseil a accepté de faire une étude. Je pense aussi que l’annonce d’une possible fermeture par visioconférence en 2020, pendant la pandémie, a été un choc pour eux. Je suis contente qu’on soit allé donner un autre mandat pour trouver d’autres solutions et de répondre au besoin des citoyens d’aller jusqu’au bout du dossier. Au final, la fermeture d’une section du chemin des Pins est la bonne solution pour la sécurité des gens à long terme. »

L’appel d’offres pour les cercles de virage se fera à l’automne 2023. La construction aura lieu au printemps ou à l’été 2024. La Ville estime que l’opération coûtera 201 000$. Notons qu’une partie de ce montant pourra être subventionnée par le ministère de la Sécurité publique.

Voie de contournement et abaissement de la route

L’option d’aménager une voie de contournement a aussi été envisagée pour conserver le lien de part et d’autre du ruisseau Bellemare. Toutefois, pour permettre la construction de plusieurs centaines de mètres de route, la Ville aurait dû faire l’acquisition de terrains de propriétés privées. Le tracé se serait également retrouvé en zone agricole, de sorte qu’il aurait fallu que la Commission de protection des terres agricoles du Québec (CPTAQ) donne son aval.

« Il aurait été étonnant qu’on ait toutes les autorisations nécessaires pour aller de l’avant », note M. Gingras.

La solution d’abaisser la route de 15 mètres pour éliminer la couche de sol problématique a aussi été évaluée. Les premières estimations faites en février 2021 étaient estimées à 11 M$. Les résidents du secteur avaient alors demandé s’il était possible que les pentes puissent être plus abruptes pour diminuer les coûts.

« On a fait une nouvelle demande avec cette modification pour voir si ça permettrait de réviser les coûts à la baisse. Finalement, le prix aurait été semblable parce qu’il y a des normes de la CNESST à respecter et l’angle de la pente doit être conforme aux normes en vigueur aussi », précise le directeur du Génie de la Ville.

Pas d’impact sur les services d’urgence

La fermeture de la section problématique du chemin des Pins n’affecte pas le schéma de couverture de risque ni le temps de réponse des services d’urgences, affirment la Direction de la sécurité incendie et de la sécurité civile et la Direction de la Police de Trois-Rivières.

« Le détour que ça implique a très peu d’impact, affirme Rudy Hamel, chef à la Direction de la sécurité incendie et de la sécurité civile de Trois-Rivières. À l’heure actuelle, en partance de la caserne la plus près, ça nous prend entre 5 et 6 minutes pour parvenir au chemin des Pins. On a fait le test et si on prend la route par Sainte-Marguerite, ça nous rallonge de 500 mètres dans notre déplacement, ce qui représente une trentaine de secondes. »

À la Direction de la police, on a recensé peu d’appels provenant du nord du ponceau depuis 2019, comparativement à 63 au sud du ponceau. « Il n’y a pas vraiment de différence dans le temps de réponse pour les policiers. Par contre, l’enjeu sera lors de la transmission de l’appel. Il faudra bien diriger le policier sur le secteur du chemin des Pins visé par l’appel », note Stéphanie Marion, inspectrice à la Direction de la Police de Trois-Rivières.

Un contexte rare

Le cas du chemin des Pins fait présentement l’objet d’un projet de recherche universitaire puisqu’un tel phénomène est très rare au Québec.

« Il y a vraiment un contexte de strates de sol spécifique à ce secteur et qui n’est pas constaté ailleurs dans la ville, ajoute M. Gingras. Ça prend un contexte particulier: un écoulement souterrain rapide, un sable qui est lâche, des couches imperméables qui ne sont pas uniformes et qui ont des cavités pour emmagasiner l’eau. »

Avec les études actuelles, le ministère des Transports a déterminé une superficie qui pourrait être affectée par des dolines, mais ne croit pas que ça s’étendra plus loin. La Sécurité publique continue aussi de suivre l’évolution de la situation pour s’assurer que ça ne devienne pas dangereux pour les résidents propriétaires.

La section problématique du chemin des Pins couvre environ 110 mètres.  Une soixantaine de dolines ont été répertoriées dans le secteur.