Le centre-ville vu par les commerçants

CENTRE-VILLE. Depuis quelques semaines, les annonces de fermetures ou de déménagement de certains commerces du centre-ville semblent pleuvoir. L’Hebdo Journal a demandé à des commerçants du centre-ville comment ils perçoivent la situation actuelle. Comment arrivent-ils à tirer leur épingle du jeu? Voici ce qu’ils ont répondu.

Alex Dorval, Le Temps d’une Pinte

«Jusqu’à présent, nous ça va très bien. On ne peut pas vraiment comparer à savoir si on a une baisse d’achalandage par rapport à l’an dernier parce que ça fait à peine un an qu’on est ouvert. J’pense qu’il faut penser à générer un peu de positif autour du centre-ville. Ce n’est pas parce qu’il y a des fermetures de commerce qu’il ne passe plus rien au centre-ville. Je ne pense pas que le stationnement empêche les gens de venir au centre-ville. Comme dans n’importe qu’elle autre ville, c’est normal de marcher un peu.»

Céline Brisson, La P’tite Brûlerie

«On ne se cachera pas que c’est plus difficile après la période des Fêtes, mais le problème, c’est plutôt l’étalement urbain. Le projet du District 55, par exemple, peut faire en sorte qu’il y ait moins de gens au centre-ville. L’important dans tout ça, c’est de miser sur la culture et d’offrir un concept intéressant. Ici, par exemple, on a une librairie et on organise des activités avec des artistes invités. Il faut mettre l’emphase sur le positif au lieu de voir seulement du négatif parce qu’il y a de belles choses qui se font.»

Gilles Jutras, Vêtements L.

«Pour notre part, c’est toujours comme ça l’hiver. J’avais un rendez-vous au centre-ville de Québec la semaine dernière et le froid éloignait les gens là aussi. La température joue pour beaucoup, ce n’est pas froid, c’est «frette» par les temps qui courent. Ça fait 30 ans qu’on est ici et les affaires reprennent toujours à partir de février. C’est le climat économique qui est au ralenti et les gens économisent dû à une insécurité de voir plusieurs grèves et plusieurs fermetures de commerces un peu partout. Les autres domaines sont au ralenti, sauf les secteurs de l’électronique et de l’automobile. Le stationnement n’est pas un problème étant donné que c’est maintenant gratuit les jeudis et vendredis soirs, ainsi que le week-end. Puis à Trois-Rivières, on paye des peanuts à comparer Montréal ou Québec.»

Isabelle St-Pierre, Nord-Ouest Café

«C’est sûr qu’on a moins de gens que l’été, mais on ne le ressent pas trop même si je vois que c’est plus tranquille au centre-ville. Je ne sais pas comment les restaurants font. Pour le stationnement, il faut arrêter de se casser la tête avec ça. Un centre-ville, c’est toujours comme ça et il faut se dire que c’est normal de marcher un peu. Par contre, il faudrait augmenter le nombre de stationnements pour les motos. C’est une clientèle bijou qui trop souvent continue sa route au lieu de s’arrêter au centre-ville parce qu’il n’y a pas assez de stationnements.»

Anouk Landry, Aux Merveilles d’Anouk

«De mon côté, l’hiver est profitable. C’est plus mort de juillet à novembre, parce que les gens doivent préparer leur mariage plus de six mois à l’avance. Depuis quelques années, j’ai des augmentations de ventes à 30%. Pour d’autres par contre, c’est vraiment rough dans le centre-ville. Certains vont fermer sous peu parce qu’ils sont incapables de remonter la pente. On remarque aussi que trop de commerces ne respectent pas leurs horaires d’ouverture alors les clients ne reviennent pas. Nous avons ressenti les effets de la récente crise économique. Les gens dépensent beaucoup moins. (…) Les stationnements ne sont pas un problème pour moi. Je me suis déjà questionné là-dessus et un voisin m’avait dit que sans stationnements payants, les places seraient toutes prises par les habitants du centre-ville. Le problème, c’est que les nouvelles machines sont trop compliquées. On l’entend à tous les jours!»

Jessica Dumont, Cafés Morgane

«L’hiver, on voit un ralentissement, donc on fait des promotions pour attirer les gens. En contrepartie, quand il fait très beau, on a beaucoup de gens. Somme toute, on s’en sort bien et on s’adapte l’hiver.»

Gérald Houle, Le Monnaie-Heure

«On avait constaté que ça allait moins bien alors nous en avons profité pour fermer cet hiver pour rénovation. C’est très difficile l’hiver! Le commerce de détail est en mutation. Et même des restaurants ferment leurs portes dans le centre-ville. L’été, ce n’est pas un problème avec le tourisme. Le District 55 et Trois-Rivières sur Saint-Laurent vont nous nuire, c’est sûr et certain! J’ai une boutique de cadeaux et de souvenirs alors on le constate déjà lorsque des tentes s’installent lors des évènements estivaux. Les boutiques de Trois-Rivières sur Saint-Laurent vont nous faire mal aussi. Tellement, que ce n’est pas plus sûr que nous retournerons au centre-ville. Le prix des loyers est de plus en plus cher. On dirait que les propriétaires se croient sur la rue Sainte-Catherine.»

Tania St-Pierre, Presse Café

«Ça va quand même bien pour nous. On s’en sort. Le stationnement n’est pas vraiment un obstacle pour nous parce que la majorité de notre clientèle habite au centre-ville et se déplace à pied. On a de bons clients fidèles et réguliers. On se considère chanceux.»

(Propos recueillis par Audrey Leblanc et Jonathan Cossette)