La Ville met en demeure une citoyenne pour un commentaire sur les réseaux sociaux
« Imaginez ma surprise lorsque j’ai reçu cette mise en demeure, tout simplement parce que j’ai remis en question le respect des règles et de l’octroi de permis au sein de la Ville de Trois-Rivières. »
Joan Hamel est ébranlée par la situation. Elle n’en revient toujours pas d’avoir reçu une mise en demeure de la Ville de Trois-Rivières pour des propos qu’elle aurait tenus dans le cadre du dossier du parc industriel Carrefour 40-55 sur le groupe Facebook Forum politique Trois-Rivières.
La mise en demeure évoque des « propos violents », une accusation sans fondement, affirme Mme Hamel.
« On tente de me faire dire des choses que je n’ai pas dites pour me piéger, me discréditer et me bâillonner », ajoute-t-elle en se questionne sur le coût d’une telle procédure judiciaire payée par les contribuables trifluviens.
Mme Hamel dit aussi avoir pris contact avec les administrateurs du groupe Facebook Forum politique Trois-Rivières et que ceux-ci ont confirmé qu’elle n’a pas enfreint les règles de respect et de civilité du forum en question. « J’y vois donc une tentative d’intimidation de la part de l’administration municipale pour me museler sur le dossier du parc industriel 40-55. C’est un bien triste moment pour notre démocratie locale. »
Les administrateurs du groupe Facebook Forum politique Trois-Rivières ont aussi réagi en début de journée. « Nous ne tolérons pas les insultes, les menaces, les appellations réductrices ou toute forme de propos vexatoires sur le physique, l’âge, l’origine ethnique, le sexe, l’orientation sexuelle ou tout commentaire dirigé vers la personne et non la fonction. Cette règle est aussi applicable entre les membres. (…) La mission du forum est d’être un espace politique non partisan et en dehors des instances officielles pour permettre aux citoyens de partager leur opinion et leurs commentaires sur les politiques de leur ville. Les citoyens ont le droit à la critique même si cette dernière n’est pas jumelée à une solution. »
« Nous sommes fiers que le Forum Politique Trois-Rivières soit un lieu d’échange où même des élus engagent une conversation avec les citoyens et que certains fonctionnaires viennent préciser certains points sur cette plateforme. (…) Nous souhaitons que les membres continuent à participer à ce forum citoyen sans craindre de recevoir une mise en demeure pour avoir exprimé leur opinion et/ou critiquer l’administration publique. Nous sommes inquiets du recours à tous ces moyens juridiques. Est-ce que les citoyens vont s’exprimer encore si au détour, la ville sort son appareil juridique pour répondre à une critique? Notre inquiétude vise une forme d’autocensure des membres par peur de représailles », écrivent les administrateurs du groupe.
Plusieurs autres citoyens intéressés par la politique municipale étaient sur place, lors du point de presse de Joan Hamel, en guise de soutien.
« Nous assistons clairement à une interprétation abusive d’une politique municipale afin de nuire à la liberté d’expression – un droit constitutionnel – d’une citoyenne de Trois-Rivières, déclare Marc Benoît, un citoyen politiquement actif. La Ligue des droits et libertés a raison d’être inquiète de telles dérives et les journalistes de la région devraient l’être aussi, car plus personne n’est à l’abri », met-il en garde.
Les personnes présentes rappellent aussi qu’une politique administrative de la ville de Trois-Rivières ne permet pas l’envoi d’un constat d’infraction à des citoyens qui souhaitent exprimer leurs inquiétudes et leurs questionnements politiques sur la place publique. Selon eux, une telle interprétation relève de la « fantaisie juridique » et vise uniquement à museler l’opposition. (M.E.B.A)