La Maison de l’Expo sera démolie

TROIS-RIVIÈRES. Les pics des démolisseurs s’attaqueront bel et bien à l’adresse du 1650, parc de l’Exposition, et ce, malgré le cri du cœur de Patrimoine Trois-Rivières. En séance du conseil municipal, lundi soir, les élus ont scellé le sort de l’édifice patrimonial en délivrant le permis de démolition à son propriétaire.

Le dossier de la Maison de l’Expo était de retour à l’ordre du jour du conseil municipal pour la première fois depuis l’appel à la mobilisation de la société de conservation du patrimoine trifluvien.

Dans une lettre d’opinion publiée dans le quotidien régional, Patrimoine Trois-Rivières soulignait la nécessité d’agir afin de sauver la petite maison oubliée qui renferme une partie de l’histoire de la Ville. L’organisme invitait les citoyens qui ne souhaitaient pas voir le bâtiment s’écrouler sous une pelle mécanique à se déplacer au greffe municipal.

Ainsi, 43 citoyens ont formulé leur désaccord au conseil municipal pour qu’il revienne sur sa décision. Mais lundi soir, les élus ont décidé de ne pas donner suite aux demandes d’appel et de délivrer le permis de démolition à l’actuel propriétaire de la bâtisse, le Club Jockey du Québec. Vu l’état de délabrement avancé de la bâtisse, les coûts liés à une transformation seraient astronomiques.

Une iniquité dans les subventions ?

De son côté, Yves Lévesque a déploré ne pas avoir accès à des subventions gouvernementales pour la préservation du patrimoine sur son territoire. Et selon lui, ce sont les contribuables qui en paient le prix.

« Actuellement, le gouvernement ne met pas un sou », a-t-il dénoncé. Pour le maire, il est clair que Trois-Rivières est désavantagé. « Lorsque l’on regarde ce que le gouvernement donne à la Capitale nationale au niveau du patrimoine, c’est certain qu’il y a une iniquité », a-t-il soutenu, rappelant au passage que Trois-Rivières est la deuxième plus vieille ville au Québec.

À Trois-Rivières, plus de 280 bâtiments privés sont cités comme étant patrimoniaux. Tous les rénovés pour les conserver engendrerait des sommes colossales, avait déclaré le maire Yves Lévesque, en avril dernier, ajoutant qu’il y avait « des limites à ce qu’on peut sauver ».

Encore cette année, un million de $ seront injectés pour la rénovation de certains de ces bâtiments. « Ce n’est pas aux citoyens à payer pour rénover l’ensemble de notre patrimoine », a-t-il fait valoir. Il estime que la conservation du patrimoine ne relève pas uniquement d’un mandat municipal et que Québec a aussi un rôle à jouer.

Une résolution réclamant l’aide du gouvernement sera d’ailleurs à l’ordre du jour de la prochaine séance du conseil municipal.

Un peu d’histoire

Construite en 1916, la Maison de l’Expo située à deux pas de l’hippodrome est le plus ancien édifice du parc de l’Exposition. En 2006, elle avait été identifiée par la Ville comme bâtiment ayant un caractère patrimonial à préserver. Quoi qu’il en soit, la bâtisse n’a jamais été classée officiellement comme telle.

Selon le rapport d’évaluation de l’architecte, le bâtiment a été littéralement abandonné. L’endroit serait même devenu dangereux. Le maire Yves Lévesque, mais également les conseillers Jean-François Aubin et Pierre-Luc Fortin, ont tous affirmé « qu’il était trop tard » pour sauver la maison désormais.

En un siècle, la Maison de l’Expo a eu de nombreuses vocations :

1920 – 1971 : la Maison de l’Expo abrite les bureaux de la Commission de l’Exposition

2006 : la bâtisse est vendue à la compagnie Attractions hippiques dans la transaction impliquant l’hippodrome

2012 : le Club Jockey du Québec hérite du bâtiment lorsqu’il reprend les rennes des courses de chevaux

Un projet de revitalisation

Le directeur général du Club, Jocelyn Faucher, a récemment révélé au grand jour son désir d’aménager un coin familial aux abords de l’hippodrome, plus exactement sur le terrain occupé par la Maison de l’Expo. Dans un avenir rapproché, il envisage d’y installer des modules de jeux, des balançoires, des tables de pique-nique et des camions de cuisine de rue, qu’on appelle dans le langage populaire « food trucks ».

Pour que le projet se réalise, l’organisation doit donc démolir la bâtisse en ruine – résultat de son abandon -. C’est pourquoi une demande de permis de démolition avait récemment été adressée à la Ville.

«La maison sera démolie d’ici 15 jours, indique M. Faucher. Après, on va prendre le temps d’analyser la situation, de voir ce qu’il y a en dessous de ça. Nos plans sont faits et on est en train de faire des soumissions. Ça va se faire en trois phases. On aimerait qu’il y ait déjà quelque chose sur le site aux alentours du 15 juin.» Si tout se déroule comme prévu, les travaux seraient terminés pour la fin août.