La face cachée de Raymond Bachand

L’ex-ministre des Finances Raymond Bachand traîne une réputation d’homme sérieux et taciturne, mais derrière le politicien se cache un homme de famille chaleureux, drôle et un fervent amateur de sport. Rencontre avec le candidat à la chefferie du Parti libéral du Québec.
Accompagné de la députée de Trois-Rivières Danielle St-Amand dont il est le mentor, Raymond Bachand offre une poignée de main solide lorsqu’il pénètre dans le café où l’on s’était donné rendez-vous.
«C’est pour mes enfants que je fais de la politique»
Après s’être commandé un café, l’homme de 65 ans prend place à la table. D’entrée de jeu, le Libéral hésite quand on lui demande de parler de sa vie personnelle. Quelques anecdotes familiales plus tard, la gêne s’est dissipée.
«C’est pour mes enfants que je fais de la politique parce que je veux leur laisser un pays où ils seront maîtres de leur destin», lance-t-il d’emblée, émotif.
Père de trois enfants devenus grands – 30, 31 et 33 ans – M. Bachand révèle avoir attendu que ses enfants grandissent avant de se lancer en politique.
«Si tu ne vis pas à Québec, c’est pratiquement impossible de faire de la politique avec des enfants en bas-âge. Avec l’horaire que l’on a, je ne voulais pas être loin de la maison».
Quand il n’est pas dans un contexte politique, ne le cherchez pas. Il est en compagnie de ses enfants.
«C’est un homme de famille», intervient Danielle St-Amand. «Peu de gens savent ça, mais il est très proche de ses enfants», poursuit-elle.
Même chose avec sa conjointe. «Je suis en couple depuis 37 ans, ça en dit long», sourit le député d’Outremont.
Salut Pitou!
La vie de famille est irremplaçable pour Raymond Bachand.
«La première chose que je fais en arrivant chez moi… (Il réfléchit) Je dis "Salut Pitou" et je regarde ce qu’il y a à manger», rigole-t-il.
M. Bachand redevient plus sérieux quand il est question de l’implication de sa famille en politique.
«Si je deviens chef ou encore premier ministre, ce sera difficile de les garder loin des projecteurs, mais en même temps, ils sont mes meilleurs critiques. Mes enfants sont vite sur les textos, mais si c’est une critique négative, ils savent attendre le bon moment. Ils sont de bons conseillers», confie-t-il.
De bons conseillers, mais dangereux. «C’est un danger constant parce que tes proches te disent que tu es bon et tout. Dangereux aussi parce qu’on est entouré de gens qui ont des volontés précises. On a plus d’amis quand on est au pouvoir que quand on ne l’est pas. Il faut savoir départager le conseil engagé, avec intention, de celui qui ne l’est pas».
Une passion de tous les instants
Difficile de déconnecter quand on est une personnalité publique. Encore plus quand on est politicien.
«Ça m’arrive seulement en vacances de déconnecter. C’est pourquoi je prends souvent des vacances à l’extérieur du Québec, sinon c’est impossible ou presque. Il y a toujours un journal, une radio, une télé pas loin».
L’horaire chargé d’homme politique oblige à faire des choix. Parfois, le choix est déchirant entre deux passions.
«Je m’ennuie d’aller au cinéma ou au théâtre. D’aller voir un match du Canadien, quand il n’y a pas de lock-out» raconte-t-il, sourire aux lèvres.
Il a d’ailleurs sa petite idée sur le conflit dans la LNH. «Ils devraient se parler pour vrai et régler ça. Ce n’est pas aux États-Unis que ça fait mal, c’est ici. Remarque qu’on pourra peut-être aller aux Nordiques plus tôt que prévu», lance-t-il à la blague.
En conclusion, Raymond Bachand affirme qu’il y a une condition sinae qua non pour survivre en politique. «Conserver sa capacité d’écoute sans penser que tout le monde va se rallier derrière toi. Il faut savoir accepter la décision quand la majorité s’exprime. Même si tu n’es pas d’accord», tranche-t-il.