La densification industrielle fait jaser au conseil municipal

La question du développement industriel de Trois-Rivières est revenue souvent au conseil municipal dans les dernières semaines dans la foulée des débats entourant un éventuel agrandissement du parc industriel Carrefour 40-55.

En février, le conseiller du district de La-Vérendrye, Dany Carpentier, avait proposé un projet de résolution pour mandater une étude sur le potentiel de densification industrielle à Trois-Rivières à une firme externe. « Le sujet n’est pas tant le Carrefour 40-55 que la capacité de décider pour l’avenir de notre ville, plaidait M. Carpentier. Même si on a des personnes compétentes, on pourrait sûrement gagner à avoir un autre point de vue crédible et, ultimement, un projet plus à point. Je pense qu’on a perdu en objectivité et en acceptabilité. Des terrains pourraient sûrement être mieux utilisés. Il faut réfléchir à la densification des espaces. »

Soumise au vote, la proposition a été battue.

Cependant, le conseiller du district des Estacades, Pierre-Luc Fortin, et d’autres élus municipaux reprennent le flambeau et souhaitent faire appel à une firme spécialisée en urbanisme pour « obtenir une vision complète et impartiale du potentiel de développement économique par densification au sein des parcs industriels existants ». Les élus intéressés utiliseraient leur fonds de recherche pour octroyer ce mandat à l’externe.

« Nos gens chez IDÉ sont spécialistes en développement économique. Là, il est question de développement du territoire. Je ne pense pas qu’on puisse se passer de ces informations. Même si on arrive avec une nouvelle mouture du projet, les chercheurs présents à une table ronde sur le projet de développement du parc industriel au carrefour 40-55 et les alternatives  disaient qu’il y a des devoirs à faire en amont, dont travailler en densification », explique M. Fortin.

« Il faut aller chercher les meilleures pratiques en densification industrielle et aller dans l’innovation, ajoute-t-il. Le panel universitaire a donné des exemples concernant la mobilité. Comment les gens vont-ils se rendre dans un parc industriel en périphérie? Il y a un enjeu de mobilité et ça vient accentuer un problème qui existe en mobilité. Si ça prend de grands espaces de stationnement, on s’oriente vers une faible densité. Je pense que de mandater une firme externe pourra amener un point de vue externe sur notre territoire ou sur des espaces qui sont peu ou mal utilisés. Ça viendra nous amener un éclairage différent. »

Selon le conseiller du district des Estacades, l’étude indépendante sur la densification industrielle à Trois-Rivières pourrait être réalisée au printemps.

Mais pour Mario de Tilly, directeur général d’IDÉ Trois-Rivières, c’est de « mal connaître la fonction d’IDÉ » que d’affirme que l’organisation n’a pas l’expertise pour faire du développement du territoire.

« Personnellement, ça fait 40 ans que je fais de l’aménagement du territoire et du développement économique pour le compte des municipalités. À mon arrivée en 2015, mon premier constat concernait la très faible densité dans nos parcs industriels. Il fallait corriger ça et ramener un taux d’occupation plus élevé, indique M. de Tilly. Les terrains vendus sont plus petits qu’à l’époque et le taux d’occupation a changé depuis. On a récemment passé de 20% à 30% d’occupation de terrain. C’est l’un des taux d’occupation industrielle les plus élevés au Québec actuellement. »

« Avant de construire avec du neuf, on a regardé ce qu’il y avait de disponible dans ce qui était déjà existant, poursuit-il. Une quinzaine de villes sont venues nous voir pour observer ce que l’on fait en la matière. Pour moi, la densification est une préoccupation depuis que j’ai mis les pieds à Trois-Rivières. On a les ressources à l’interne pour faire les analyses nécessaires. J’ai l’impression qu’en ce moment, c’est comme si on occultait le fait qu’il y a plein de fonctionnaires de haut niveau ici. »

IDÉ Trois-Rivières a d’ailleurs eu ses premières rencontres avec le RIVE (Centre de recherche sur les interactions bassins versants – écosystèmes aquatiques) de l’Université du Québec à Trois-Rivières en lien avec la protection des milieux humides du Carrefour 40-55. Les deux précédentes moutures du projet d’agrandissement ont fait l’objet de débats animés dans la sphère publique.

« Ça s’est très bien passé avec le RIVE qui nous a remis beaucoup d’information. Je pense qu’on n’est peut-être pas si loin d’une proposition amendée qui sera beaucoup plus alléchante que les précédentes pour ce qui est de la protection des milieux humides qui se trouvent sur le site. La prochaine proposition s’annonce plus intéressante sur le plan économique, environnemental et social », conclut M. de Tilly.