La chirurgie bariatrique: pas un régime miracle

SANTÉ. Marie Elen Plante se bat depuis plusieurs années contre son obésité. C’est finalement le 28 septembre 2016 qu’elle subit une chirurgie bariatrique afin de remédier à la situation. Après 54 livres perdues, son objectif est pratiquement déjà atteint.

Au début du processus de la chirurgie bariatrique, Marie Elen pesait 244 livres.

Peut-être que cela peut sembler peu, vu toutes les histoires sensationnelles de pertes de poids que l’on peut voir. Pourtant, la femme de 37 ans a reçu un diagnostic d’obésité morbide de classe 3, avec un indice de masse corporelle (IMC) de 44,9. À Drummondville, où elle a subi sa chirurgie, sont admissibles les personnes ayant un IMC supérieur à 39, ou à partir de 35 si les problèmes de santé sont importants.

«On m’a souvent dit: ne te fais pas opérer, tu n’es pas si grosse que ça! Pourquoi est-ce que j’aurais dû attendre que je sois "si grosse que ça"? Les médecins m’ont pourtant confirmé que j’avais droit à la chirurgie, que je m’épargnais des problèmes de santé qui seraient éventuellement apparus et que je rallongerais ma vie de 20 ans», explique Marie Elen.

Son objectif? «Je ne veux pas avoir d’objectif de poids, sinon que de baisser en bas des 200 livres, ce qui est déjà accompli! Mon objectif était de me sentir mieux, et je me sens déjà mieux. Je ne veux plus peser 120 livres comme avant d’avoir mes enfants. Je veux davantage faire confiance à mon corps, lui seul sait comment il doit être pour être en santé», témoigne Marie Elen.

Et le sport?

Non, la chirurgie bariatrique n’est pas la première solution des personnes obèses. Cependant, la fameuse équation «manger moins, bouger plus» ne fonctionne parfois plus. «À un moment donné, le métabolisme est dérangé, et lorsque la maladie de l’obésité, car oui l’obésité est maintenant reconnue comme une maladie, prend sa place, même les régimes les plus draconiens ne donnent plus aucun résultat», explique-t-elle.

Marie Elen Plante s’est entrainée pendant plusieurs années à raison de 9h30 par semaine. Elle était par la même occasion suivie par une nutritionniste et une kinésiologue. Pourtant, même si son corps changeait, son poids n’est jamais descendu sous les 228 livres en plus de quatre ans de travail à la perte de poids.

Aujourd’hui, Marie Elen doit suivre un tout nouveau régime de vie. Elle mange des portions d’enfant qu’elle doit ingérer en 20 à 30 minutes, et chaque repas risque d’être rejeté par l’estomac qui nécessite, lui aussi, un temps d’adaptation. «Nous ne sommes pas au régime, nous devons simplement manger normalement», conclut-elle.

La solution facile pour maigrir?

La chirurgie bariatrique est souvent vue comme la solution facile à la perte de poids. Marie Elen Plante, qui a subi cette chirurgie le 28 septembre dernier, n’est pas de cet avis. Elle a d’ailleurs créé un groupe de soutien afin que tous puissent combattre les embuches ensemble.

«C’est sûr que ce n’est pas facile! Je ne sais pas d’où vient le mythe de la facilité. Je me demande si ce n’est pas la société qui a un problème à être heureuse pour les autres qui réussissent», lance Marie Elen.

Elle raconte qu’une semaine après son opération, elle partageait sa joie avec sa meilleure amie depuis six ans. Cette dernière lui a demandé quels efforts elle avait déployés pour ces résultats et lui a avoué qu’elle ne croyait pas qu’elle méritait des félicitations pour sa perte de poids. Marie Elen, sous le choc, ne reconnaissait plus la personne avec qui elle avait si hâte de vivre cette nouvelle étape dans sa vie.

Bien que parfois les gens de l’entourage ne comprennent pas ce que vivent les patients de la chirurgie bariatrique, Marie Elen constate que la grande majorité reçoit le soutien de sa famille et amis. Ce qui manque suite à l’opération est le soutien psychologique.

«Nous avons une dépendance et je crois que le gouvernement devrait investir dans du soutien psychologique, observe Marie Elen Plante. Tout le monde devrait en avoir avant la chirurgie, et obligatoirement pour un an après.»

C’est justement pour pallier ce manque qu’elle a créé un groupe de soutien, accessible via Facebook: Soutien chirurgie bariatrique Mauricie et environs. Les membres se rencontrent chaque mois afin de discuter de ce qu’ils vivent, sans barrière. Leur première rencontre s’est déroulée le 5 décembre dernier.