« Je me pensais à la guerre, mais pas de fusil »

Encore aujourd’hui, plusieurs pompiers de la Ville de Lac-Mégantic peinent à se remettre des événements survenus le 6 juillet 2013. Parmi eux, le lieutenant Claude Couette qui a notamment accepté de retourner un an en arrière pour raconter son histoire.

Il est l’un des premiers pompiers volontaires à s’être présenté à la caserne la nuit de la tragédie qui a coûté la vie à 47 victimes pour combattre le monstre.

« À ce moment-là, je pensais beaucoup à ma conjointe et à nos quatre enfants parce que j’étais beaucoup trop près du feu. Je ne pouvais pas les appeler puisque je n’avais pas de cellulaire et les téléphones ne fonctionnaient pas », a-t-il partagé.

Il aura travaillé avec ses confrères plusieurs journées consécutives jusqu’à atteindre l’épuisement total.

« Devoir prendre des médicaments pour moi c’était impensable, mais malheureusement, j’en suis venu à ça. J’ai subi une trop grande fatigue. Trop de choses sont arrivées trop rapidement et mon disque dur a décidé de prendre une pause. Un moment donné on se dit : est-ce que je vais virer fou? »

Celui qui croyait au départ devoir s’éloigner du travail pendant quelques semaines pour reprendre des forces s’est rapidement aperçu que le congé sera d’une plus longue durée.

« Je pensais qu’une ou deux semaines ce serait suffisant, mais j’ai arrêté de travailler pendant six mois. Je n’étais plus la même personne. J’étais devenu agressif, j’avais des pertes de mémoire et de la difficulté à me concentrer. Même encore aujourd’hui, j’ai de la difficulté avec ma concentration », a-t-il dit.

Le lieutenant Couette ne croit pas qu’il redeviendra un jour l’homme qu’il était avant la tragédie ferroviaire. Même s’il prend encore des médicaments pour l’aider à affronter le quotidien, il affirme aller mieux et espère pouvoir arrêter la médication prochainement. Ce dernier a récemment recommencé à travailler à la caserne et chez Masonite, son principal employeur.

Selon lui, plusieurs pompiers qui sont venus prêter main-forte pendant et après les événements pourraient éventuellement développer un choc post-traumatique et précise qu’il ne faut pas se gêner pour demander de l’aide et consulter un psychologue.

« Jamais je n’aurais pensé avoir besoin de consulter et ça m’a fait du bien. Nous ne sommes pas des machines. Je crois que d’autres pompiers devraient pendre une pause », a-t-il déclaré.

Un message clair

Le lieutenant Claude Couette est d’avis que plusieurs personnes sont responsables de ce qui s’est passé à Lac-Mégantic et espère que ces derniers en retiendront une leçon, faisant ici référence aux intervenants gouvernementaux et aux dirigeants de la compagnie ferroviaire à qui appartenait le train meurtrier.

« Il y a quelque chose à apprendre de cet événement et il faut corriger plusieurs lacunes. Arrêtons de penser qu’il faut ménager et pensons davantage à la sécurité », a-t-il mentionné.

M. Couette est confiant pour l’avenir de Lac-Mégantic, même s’il est conscient qu’il reste beaucoup de travail à faire.