Importatrice de bonheur

AFFAIRES. Déménager? Partir à l’aventure? Démarrer une entreprise? Se chercher un autre travail? À 46 ans, la Trifluvienne Yolaine Masse a pris une pause stratégique dans sa vie et remis en question son avenir.

«J’ai quitté mon travail à la fin de l’été dernier et pris du temps pour réfléchir, raconte celle qui a été directrice de Tourisme Trois-Rivières durant 6 ans. Toutes les portes étaient ouvertes.»

Sans le savoir au départ, ce besoin soudain de prendre une pause était commandé par l’appel de l’entrepreneuriat. «Je suis une entrepreneure», a-t-elle finalement admis. Celle qui a déjà eu un restaurant à Montréal ainsi qu’une boutique d’organisation de fêtes d’enfants s’est rendu compte que son besoin d’entreprendre et d’être en affaires la rattrapait.

Mais dans quel domaine et sous quelle forme? Une question qui n’est pas restée longtemps sans réponse, puisqu’une simple phrase, lancée à la blague par ses amies, s’était ancrée dans sa tête à son insu depuis quelque temps déjà… «Il y a près d’une dizaine d’années, mes amies et moi avons commencé à consommer des bulles [champagnes et vins effervescents] et à s’organiser des dégustations et des voyages orientés en ce sens, explique-t-elle. À la blague, on avait dit qu’au lieu d’investir dans des bouteilles, on devrait devenir importatrices nous-mêmes et boire les profits!»

C’est maintenant son métier! «Quand j’ai reconsidéré ma carrière, je me suis dit que je voulais faire quelque chose qui combinerait mes passions et mes intérêts. Faire de l’importation privée en bulles et être associée aux bulles, ça me ressemblait et ça correspondait à mes aspirations. Quand j’ai monté mon plan d’affaires et que j’ai vu que ça faisait du sens, tout a été clair. Mes recherches, mes lectures, les tendances du marché, le portrait de l’importation privée au Québec m’ont tous donné des signes à l’effet que je devais oser. C’est ce que j’ai fait.»

Depuis la mi-janvier, elle détient son permis d’importatrice privée de la SAQ. Sachant qu’il y aurait un certain délai entre le moment de sa demande et la délivrance du convoité papier, Yolaine Masse s’est rendue en Europe pour visiter des vignobles, cartes d’affaires en main. «Je suis partie deux semaines pour faire mes sélections. Je me suis bâti un portfolio comptant une vingtaine de produits, pour le moment.»

Ces produits lui sont uniques. Par exemple, elle est la seule au Québec à proposer des bulles en provenance d’Angleterre. Sa sélection comprend aussi des produits inusités, comme le Ginking (un gin pétillant) et un vin mousseux aromatique en canette. Elle est en négociation pour ajouter un saké pétillant à sa carte. «Les bulles, ce n’est pas juste du vin. Ça va plus loin que ça», souligne l’experte.

Pour démystifier cela, justement, Mme Masse a élargi la mission de son entreprise, baptisée «Juste des bulles». En plus d’avoir mis sur pied une boutique en ligne où elle propose une grande variété de cadeaux thématiques, elle offre des ateliers de dégustation et de sabrage, donne des conférences et organise des événements où les bulles sont à l’honneur.

Puisqu’une histoire différente se cache derrière chaque produit, elle se fait un devoir de la raconter à chaque occasion. «J’ai visité les producteurs que je représente et j’ai appris à les connaître. Ce sont des passionnés et je suis vraiment fière de les représenter.»

Elle poussera d’ailleurs ce volet plus loin l’automne prochain, alors qu’elle animera un voyage organisé qui amènera une trentaine de personnes chez certains de ces producteurs.

Un marché à développer

Au Québec, il existe environ 80 importateurs, tous spécialisés dans le vin. «Dans la bulle, il n’y a personne. Le produit est moins populaire, mais pas moins intéressant», prétend Mme Masse, convaincue d’y avoir trouvé une niche distinctive.

Pour le moment, Yolaine Masse priorise la Mauricie comme marché, mais fait déjà des percées à l’extérieur de la région. Une dame fait même de la représentation pour elle dans la métropole, dans l’optique de développer rapidement ce secteur.

Bref, petit train va loin pour la femme d’affaires qui trouve son lot de bonheur dans sa nouvelle vie… tout comme ses amies, qui lui servent aujourd’hui de dégustatrices en chef: un voeu pieux devenu réalité!