Guy Leblanc défend les aides financières de Québec

BÉCANCOUR.  Le plus important projet industriel au Québec depuis la construction des grands barrages hydroélectriques à la Baie-James prend forme depuis quelques mois dans le parc industriel de Bécancour et des contrats lucratifs attendent les entreprises régionales pourvu qu’elles soient en mesure de répondre aux exigences en matière de compétitivité et de santé et sécurité au travail.

Répondant à l’invitation des cinq chambres de commerce de la région, le président-directeur général d’Investissement Québec (IQ), Guy Leblanc, était à Bécancour mardi matin pour une allocution portant sur la filière batterie au Québec.

« La tendance mondiale est à l’électrification du parc automobile. Juste entre 2021 et 2022, il y a eu une augmentation de 65% du nombre de batteries. Le magazine anglais Benchmark Minerals prévoit que 28% de la production nord-américaine de cathodes, qui entrent dans la fabrication des batteries, proviendra de Bécancour en 2030. Ce n’est pas banal. Ça veut dire qu’on retrouvera un produit du Québec dans environ 3 millions de voitures électriques en 2030 », a lancé Guy Leblanc devant une salle comble à l’Auberge Godefroy.

Une filière subventionnée?

Jusqu’à maintenant, les investissements dans la filière batterie s’établissent à près de 15 milliards$ et le PDG d’Investissement Québec prévoit de 10 à 15 autres milliards$ supplémentaires pour les phases II et III, qui seront essentiellement une augmentation des capacités de production des entreprises existantes.

« Des 15 milliards$ annoncés, environ 20% proviennent du gouvernement du Québec et autant d’Ottawa. Mais c’est faux de dire que ce sont des subventions. Elles ne représentent que près de 5% du montant total accordé par Québec. Le reste, ce sont des prêts remboursables avec intérêt et des prises de participation dans les entreprises. On a confiance que ces projets-là vont lever et qu’on fera plus d’argent avec les prises de participation qu’avec les prêts pardonnables (NDLR : subventions) », a plaidé Guy Leblanc, ulcéré par les manchettes des médias l’accusant de subventionner des multinationales.

Le patron d’Investissement Québec a rappelé que le développement de la filière batterie ne se faisait pas au détriment des autres secteurs manufacturiers. « Notre programme ESSOR pour l’amélioration de la productivité dans les entreprises peut aller jusqu’à 30% d’aide pour les investissements. » À cet effet, la directrice régionale d’IQ pour la Mauricie et Centre-du-Québec, Nathalie Desjardins, a souligné que des aides financières de 52 millions$ pour 104 projets avaient été accordées pour des entreprises de la Mauricie, et de 230 millions$ pour 186 projets pour des entreprises de la Rive-Sud dans le but d’améliorer leur productivité.

« Mettez-vous à niveau »

L’occasion était belle justement de rappeler que pour maximiser les retombées régionales de la filière batterie, Investissement Québec, par son antenne régionale, s’est donné le mandat de faire le maillage entre les grands donneurs d’ordre, qui ont débuté les grands chantiers dans le parc industriel, et les entreprises régionales, mais que celles-ci avaient la responsabilité d’être prêtes.

« Mettez-vous à niveau sinon le train va passer, a mis en garde Donald Olivier, président-directeur général de la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour. En termes de production, allez chercher vos certifications. Les exigences des donneurs d’ordre en santé et sécurité au travail sont très élevées. Ils ne font aucun compromis là-dessus », a-t-il rappelé.

À titre d’exemple, Guy Leblanc a souligné que Pomerleau, membre du consortium qui travaille sur la future usine Ultium CAM (GM – POSCO), avait accordé 90% de ses contrats à des entreprises du Québec, dont la moitié sont basées dans la région Mauricie/Centre-du-Québec. « À Bécancour, c’est tout le tissu économique qui sera transformé. Des opportunités d’affaires seront disponibles pour les entreprises », a-t-il lancé.

Sur le terrain, les chantiers d’Ultium CAM (janvier), de Ford (juin) et de Nemaska Lithium (mai) sont déjà en branle et Donald Olivier prévoit que Nouveau Monde Graphite donnera ses premiers coups de pelle au début 2024. « C’est ça la grande différence de la filière batterie avec d’autres projets industriels  qui n’ont pas vu le jour à Bécancour. Cette fois-ci, les travaux commencent avant les annonces. C’est un véritable changement de tempo », a indiqué le PDG de la SPIPB.

Des annonces à venir

Lorsque toutes les entreprises de la filière batterie seront pleinement opérationnelles dans la seconde moitié de la décennie 2020, Investissement Québec prévoit que de 2500 à 3000 personnes œuvreront dans le secteur. « On parle d’opérateurs de machinerie, d’électromécaniciens, de techniciens, de gens pour faire la maintenance, des chiffres de nuit et de week-end », a mentionné Mia Homsy, vice-présidente Main-d’œuvre et intelligence d’affaires chez IQ.

En point de presse après son allocution, Guy Leblanc a révélé que des annonces totalisant près de 4 milliards$ seront annoncées dans les prochains mois, en lien avec le parc industriel de Bécancour. Il s’agira essentiellement de deux projets déjà connus, Nemaska Lithium et Nouveau Monde Graphite, ainsi que ceux de Vale (sulfate de nickel) et d’Euro Manganèse, celui-ci venant remplacer le projet de BASF qui ne se matérialisera finalement pas.