Gregory Charles, le proche aidant derrière l’artiste

SANTÉ. Le virtuose de la musique était de passage à Trois-Rivières ce dimanche, non pas pour présenter un spectacle, mais pour offrir une conférence dans le cadre de la deuxième édition du Salon des aidants et des aînés de la Mauricie.

Gregory Charles est donc venu entretenir le public sur son expérience de proche aidant dans une conférence intitulée «Jusqu’au bout». Bien qu’on soit habitué de le voir chanter ou jouer d’un instrument, c’est un homme sans artifice qui s’est présenté dans la salle de l’Hôtel Delta de Trois-Rivières.

«Bonjour à tous, je m’appelle Gregory Charles et je suis un aidant», a-t-il lancé d’entrée de jeu.

Il a ensuite relaté son parcours de vie, tant professionnel que personnel. Son discours permettait à l’assemblée de bien comprendre le rôle important qu’a joué sa mère dans vie, la surnommant même son «caporale».

C’est il y a 14 ans que le diagnostic de démence est tombé pour elle, qui souffrait d’Alzheimer. «Mon père, qui travaillait dans le milieu hospitalier, a choisi de prendre sa retraite sur le champ pour s’occuper d’elle. Il promettait d’être là jusqu’à la fin.»

Gregroy Charles a admis que «le réflexe qu’on a tous, c’est de tout faire pour la rendre mieux.» Cela dit, il a misé sur l’importance d’humaniser la personne qui a besoin d’aide.

Il se souvient par ailleurs de l’impression de solitude qui l’a habité dès le début. «Comme proche aidant, on a l’impression d’être seul au monde. L’un des trucs c’est d’en parler, car non, on n’est pas seul à vivre cela», a mentionné l’artiste, qui a fait savoir que statistiquement, une personne sur quatre est un proche aidant.

Dans le cas de sa mère, Gregory Charles explique que son état s’est décliné assez lentement au début: perte de mots, répondre plus lentement, etc. «Elle m’a déjà dit qu’elle n’aimait plus sortir, car elle avait l’impression que les gens parlaient «autour» d’elle, comme si elle n’y était pas», se souvient-il.

Il raconte qu’ensuite, son père et lui ont convenu de réorganiser un peu la maison familiale et d’aller chercher de l’aide. «Mon père était d’accord, mais il restait toujours là pour s’assurer que la personne allait bien s’occuper d’elle!»

Puis, un jour, le moment est venu pour eux de la placer dans un endroit où elle aurait des soins constants et adéquats.

«Le plus gros combat que j’ai eu à mener, c’était non pas avec ma mère, mais bien avec mon père. Il voulait tellement être là jusqu’à la fin qu’il mettait de côté sa propre vie», a laissé entendre Gregory Charles.

Succès pour la 2e édition du Salon

La deuxième édition du Salon des aidants et des aînés de la Mauricie a attiré plus de 1 000 personnes. Une soixantaine de kiosques, tenus par des entreprises et des organismes locaux couvrant une panoplie de services diversifiés, et six ateliers ont permis aux visiteurs de s’informer et de s’outiller sur certaines thématiques portant sur le soutien à domicile.

«Le but est d’outiller les proches aidants, leur donner une tape dans le dos, les encourager, etc. Les proches aidants recherchent souvent des outils et ne sont pas toujours au courant de ce qui existe comme services, soutient Florence Pauquay, directrice générale de L’Appui Mauricie. Il est fréquent de voir des aidants naturels qui s’épuisent, alors qu’avoir été outillés avant, ils ne se seraient pas rendu au bout du rouleau.»

Elle reconnaît que les conférences attirent beaucoup de gens. «Mais je suis heureuse de constater que les gens viennent davantage pour les kiosques que pour les conférences. Ça signifie que le Salon a sa raison d’être. Pour une prochaine édition, on pense à développer un créneau relié à la santé», a indiqué Mme Pauquay, précisant que l’organisation souhaiterait bien la tenue d’une 3e édition en 2017.