Fluoration de l’eau : Trois-Rivières maintient le cap

MUNICIPAL. Le conseiller François Bélisle s’est rétracté à la dernière minute, lundi, et a retiré sa demande d’ouverture d’un registre pour la tenue d’une consultation publique sur la fluoration de l’eau potable à Trois-Rivières. La résolution a plutôt été remplacée par une invitation au ministère de la Santé à faire davantage de sensibilisation auprès de la population.

En séance du conseil municipal, la Ville a réitéré sa volonté de maintenir le cap sur la fluoration. Le maire Yves Lévesque demeure convaincu qu’il s’agit de la bonne chose à faire puisque celle-ci a été votée de façon démocratique.

Comme adopté majoritairement le 3 février 2014, du fluor sera donc additionné à l’eau potable des citoyens de la Ville, et ce, dès septembre. Les travaux de préparation sont déjà en cours.

Le magistrat a toutefois admis être grandement préoccupé par l’acceptabilité sociale et que du travail restait encore à faire à ce niveau-là. En effet, le débat semble sans fin et il continue de diviser la population. Si bien que le conseil a demandé, lundi soir, l’aide du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec pour mieux informer les citoyens.

Pour le conseiller François Bélisle, qui a dû faire marche arrière dans sa requête après de longues négociations, c’est toujours ça de gagner. «Est-ce que c’est le bonheur total? Non! Mais en politique, il faut faire des compromis», a-t-il accordé. «II y a tout de même du bon dans la nouvelle résolution. Cela démontre que le conseil est sensible au critère le plus important : l’acceptabilité sociale. On renvoie maintenant la balle au ministère. S’il veut nous prouver qu’il s’agit de la bonne solution, il doit aller jusqu’au bout des conclusions de la commission parlementaire et faire en sorte que la population adhère au projet», croit M. Bélisle.

Un récent sondage commandé par la Direction régionale de la santé publique avait déjà révélé une opinion divisée chez les Trifluviens.

Des citoyens mécontents

La décision de ne pas aller en consultation publique a soulevé de la grogne et du mécontentement chez les citoyens présents dans la salle presque comble de l’hôtel de ville de Trois-Rivières. S’ils étaient là, c’était justement pour venir appuyer le moratoire demandé par le conseiller François Bélisle.

Si tout comme l’élu municipal, JoanHamel admet qu’il s’agit d’une première reconnaissance de la part de la Ville, elle reproche au conseil d’ignorer une pétition contre la fluoration de l’eau qui a recueilli 17 500 signatures.

«D’un côté, la Ville accepte de consulter l’avis de la population, mais d’un autre côté, elle rejette la volonté des citoyens. On voit la réaction des gens ici ce soir, ils sont mécontents», a affirmé la porte-parole de la Coalition trifluvienne pour une eau très saine (CTETS).

D’ailleurs, cela fait déjà trois ans que la CTETS demande en vain à la Direction de la santé publique de vérifier l’acceptabilité sociale comme cela vient d’être demandé par le conseil municipal de Trois-Rivières.

Rappelons qu’en avril 2013, la Commission de la santé et des services sociaux de l’Assemblée nationale du Québec avait tenu des auditions publiques dont l’enjeu était la fluoration de l’eau. Les membres de cette commission avaient convenu que l’acceptabilité sociale était une condition essentielle dans ce dossier.

À l’heure actuelle, on ignore si le ministère répondra à l’invitation cette fois-ci. Réponse positive ou pas, la Ville de Trois-Rivières compte bien mettre en œuvre son projet et fluorer à nouveau l’eau potable.

«C’est inévitable, il y aura du fluor dans l’eau potable sous peu, alors c’est une grande déception», a terminé Joan Hamel.