Fermeture de piscines extérieures: un nouveau débat aura lieu
Les conseillers municipaux de la Trois-Rivières ont décidé de reporter la décision concernant la fermeture de cinq piscines extérieures sur son territoire, le temps de vider la question et de débattre davantage des tenants et des aboutissants du dossier.
Il était prévu à l’ordre du jour du conseil municipal de fermer les piscines des parcs des Chenaux, Jean-Perron et Anjou en 2022, ainsi que les bassins situés aux parcs Lemire et des Ormeaux en 2023.
Cette décision a été prise en tenant compte de l’état des piscines extérieures concernées et en considérant les taux de fréquentation faibles.
Entre 2016 et 2021, on recensait en moyenne 689 visites annuelles à la piscine du parc des Chenaux (15% camp de jour), 2394 à celle du parc Jean-Perron (52% camp de jour), 1753 au parc Anjou (45% camp de jour), 642 à la piscine du parc Lemire (9% camp de jour) et 2187 au parc des Ormeaux (28% camp de jour).
Les fonctionnaires ont réfléchi à ce plan de redressement en poursuivant l’objectif de gérer de façon optimale les actifs et définir des pôles de services aquatiques où il est possible d’offrir de meilleurs services à l’ensemble de la population, sans augmenter la charge fiscale qui y est reliée.
Cependant, plusieurs élus ont émis un malaise face à la fermeture de certaines piscines, ce qui a motivé le conseil de ville à repousser la décision d’environ deux semaines. Le conseiller du district des Estacades déplorait d’ailleurs que trois des cinq bassins concernés par des fermetures se retrouvent dans le secteur du Cap-de-la-Madeleine.
« Ça me rappelle la triste histoire de l’aréna Jean-Guy Talbot. Il est devenu vétuste et au final, on l’a perdu. Ça a fait très mal au Cap-de-la-Madeleine. Si ces trois piscines ferment au Cap, il ne nous en restera qu’une pour tout le secteur Est. On est en train de dire aux gens: si vous voulez aller à la piscine, il faut vous déplacer avec une voiture. On n’est plus dans l’idée de proximité ni de milieu de vie », plaide Pierre-Luc Fortin.
« On n’a pas de jeux d’eau dans le milieu du Cap-de-la-Madeleine non plus. Je comprends que ça se tient sur le plan administratif, mais au niveau de service à la population, la qualité de vie et du milieu de vie, ce n’est pas complet », ajoute-t-il.
« Lors de la présentation faite au comité, les études présentées étaient logiques et respectaient la capacité de payer des Trifluviens. Est-ce que c’est possible de voir ce qui viendra à la place de ces piscines? Peut-on compenser par autre chose? À quel moment ça ira pour savoir s’il y aura des jeux d’eau pour compenser? C’est vrai que ce point est fatigant », concède Luc Tremblay, conseiller du district de Châteaudun et président du comité Animer et soutenir la communauté.
Le conseiller du district Marie-de-l’Incarnation, Robert W. Dober, y est aussi allé d’un plaidoyer senti sur l’importance de la piscine du parc Lemire. « Je demanderais un moratoire sur le parc Lemire, le temps qu’on étudie l’impact et le dommage collatéral d’une telle décision dans l’un des quartiers les plus pauvres de la ville, où les gens n’ont pas de piscine dans leur cour : ils n’ont pas de cour, a-t-il lancé d’emblée. Ces gens n’ont pas nécessairement un transport pour se rendre à 5 kilomètres de chez eux pour aller se baigner. Aussi, c’est un droit inhérent à la vie de savoir nager et ce ne sont pas les jeux d’eau qui permettent d’apprendre à nager. Ne touchez pas à nos citoyens vulnérables. »
« Je ressens aussi un certain malaise, poursuit Geneviève Auclair, conseillère du district de Saint-Louis-de-France. J’étais présente lors de la rencontre du comité et les données présentées de façon rationnelle étaient convaincantes. À Saint-Louis-de-France, on est loin des piscines extérieures et les jeux d’eau sont vétustes. Ce n’est pas une solution miracle pour se rafraichir non plus. On était en contexte pandémique pendant deux ans. Peut-on prendre le temps de revenir de la pandémie pour voir de quelle façon les collectivités vont se réapproprier les piscines extérieures? »
Si la Ville maintient tous ces bassins ouverts, il faudra investir 630 000$ par année durant trois ans pour les mettre à niveau, sans compter les projets déjà prévus à l’île Saint-Quentin et à la piscine du parc de l’Exposition. En fermant ces bassins, les montants qui auraient été requis pour leur amélioration pourraient être réinvestis dans une bonification de l’offre aquatique, affirme l’administration municipale qui rappelle également qu’une piscine intérieure est prévue dans le Bas-du-Cap au Centre Jean-Noël-Trudel.
À elle seule, la piscine du parc Jean-Perron aurait besoin de nouvelles pièces et d’une nouvelle pompe pour la redémarrer à l’été 2022. Il n’est pas impossible non plus que d’autres surprises surviennent au moment du redémarrage d’autres piscines extérieures, en particulier celles qui étaient en arrêt depuis deux ans en raison de la pandémie.
« Je me demande si ça se peut que certaines piscines ne soient simplement pas intéressantes pour la population, peut-être parce qu’il y a beaucoup de piscines privées autour, parfois, avance Alain Lafontaine, conseiller du district des Forges. Il faut centraliser aux meilleures places. Si on veut s’améliorer, il faut couper à quelques places pour rehausser l’équipement qu’on a. Mais je suis d’accord que la piscine du parc Lemire est importante et qu’il faut, à tout le moins, repenser son cas. »
D’autres conseillers ont aussi rappelé l’importante ce rénover les installations du passé avant d’avoir à y mettre la hache et de vérifier les besoins de la population dans les différents districts quant aux infrastructures de loisirs souhaitées sur place.
En contrepartie, des travaux d’amélioration seraient prévus aux piscines de l’île Saint-Quentin, du Terrain de l’Exposition, du parc Martin-Bergeron, du parc Pie-XII et du parc Jean-Béliveau au cours des trois prochaines années. Il s’agit d’ailleurs des quatre piscines les plus fréquentées entre 2016 et 2021 sur le territoire de Trois-Rivières.
Pour compenser la fermeture éventuelle des piscines ciblées, la Ville souhaiterait réaliser une analyse pour actualiser l’offre dans tous les secteurs et n’écarte pas l’idée d’aménager de nouveaux jeux d’eau, par exemple.
En 2021, un sondage réalisé par la firme Léger et Léger indiquait que 15 % de la population seulement avait fréquenté une des piscines extérieures municipales dans les trois années précédentes. La proximité n’était pas identifiée comme un enjeu, tant que la piscine est située à moins de 15 minutes de voiture de la résidence.
Actuellement, la Ville dispose de sept piscines et de trois pataugeoires extérieures.