Est-ce que Québec a vu trop grand ?

AGRICULTURE. Autrefois nombreux, les dindons sauvages avaient pratiquement disparu du paysage québécois en raison d’une chasse intensive. Quelques dizaines d’années plus tard, ces gros oiseaux ont recommencé à pointer le bout de leur bec. Aux anges, Québec a lancé un projet de relocalisation pour agrandir le cheptel. Et plusieurs de ses opérations ont été réalisées… en Mauricie ! 

Depuis 2003, ce sont 40 opérations de relocalisation impliquant plus de 600 dindons en provenance de l’Outaouais qui ont été réalisées. « La relocalisation a permis d’agrandir plus rapidement leur aire de répartition au Québec, plus précisément dans les régions du Centre-du-Québec et de la Mauricie », peut-on lire dans des documents publiés en ligne sur le site web du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec.

En 2013, un article publié dans le quotidien Le Droit faisait justement mention des opérations de sauvetage pour agrandir la population de l’espèce en sol québécois. Durant le premier mois de cette même année, 108 dindons, mâles et femelles, ont été capturés en Outaouais par la Fédération des chasseurs et pêcheurs du Québec dans le but d’être relocalisés en Mauricie.

Toujours selon Le Droit, ils ont été transportés à Notre-Dame-du-Mont-Carmel et à Saint-Prosper. On connaît la suite, les agriculteurs de ces municipalités sont aujourd’hui aux prises avec une invasion de dindons sur leurs terres.

Si au départ, les agriculteurs trouvaient ces énormes oiseaux hauts en couleur bien comiques, ils n’entendent plus à rire aujourd’hui. Chaque printemps, les dindons reviennent plus nombreux et chaque fois, les regards amusés lassaient un peu plus place à un regard remplie d’inquiétude.

Selon le président de l’UPA Mauricie, Jean-Marie Giguère, les agriculteurs n’avaient définitivement pas besoin d’une autre bête noire. « Le gouvernement aime peut-être bien les dindons sauvages, mais nous, on commence à trouver ça un peu moins beau lorsqu’ils s’attaquent à nos champs ! »

En fait, « on est en beau fusil », va même jusqu’à déclarer M. Giguère. Est-ce que le gouvernement en a trop fait ? Une chose est certaine, soutient-il, c’est que ces oiseaux sont devenus un véritable problème dans la région.