Ensaf Haidar rencontre les élèves de l’École secondaire Jean-Nicolet

L’épouse de Raïf Badaoui, le blogger saoudien condamné à 1000 coups de fouet et 10 ans de prison, Ensaf Haidar, a été invitée à l’École secondaire Jean-Nicolet, le 26 avril dernier, pour discuter avec les jeunes des droits bafoués en Arabie Saoudite et de la vie qu’elle mène depuis l’arrestation de son mari.

Tout au long de cette semaine-ci, les élèves sont confrontés aux réalités d’une vie où la liberté d’expression n’est pas toujours bien défendue. Le 27 avril, les jeunes sont invités à signer trois pétitions.

La première pétition est pour libérer Raïf Badaoui, la seconde est pour que le gouvernement fédéral aide davantage cette cause et la dernière, afin de venir à la défense de toutes les personnes vivant en Arabie Saoudite qui ne sont pas respectées adéquatement. En échange d’une signature, ils reçoivent un gâteau à l’orange ou un bonbon, tous deux traditionnels à l’Arabie Saoudite.

Rappelons que Raïf Badaoui était l’auteur du blog Free Saudi Liberals qu’il avait créé pour s’exprimer concernant différentes thématiques, par exemple les droits des femmes en Arabie Saoudite. Il écrivait entre autres: «Pourquoi les femmes n’ont-elles toujours pas le droit de conduire un véhicule ou pourquoi n’ont-elles pas davantage de permissions?»

Selon sa femme, c’est son propre père qui aurait dénoncé les propos de son fils et qui l’aurait fait arrêter. Depuis ce jour, il est détenu en prison et il ne peut communiquer avec sa femme et ses trois enfants qu’une fois aux trois semaines, et ce, pendant cinq minutes.

En juin, ça fera 5 ans que M. Badaoui est emprisonné pour aucune raison valable aux yeux d’Amnistie Internationale. Son épouse explique qu’avec le calendrier arabe, c’est le 29 avril qu’il aura purgé la moitié de sa peine.

Les pétitions signées par les différents groupes scolaires aident à cette cause. La responsable d’Amnistie internationale Estrie et responsable du dossier de Raïf Badaoui, Mireille Elchacar, explique que c’est grâce à cela que la flagellation n’a pas pris d’ampleur depuis 2015, où il a reçu pour la première et la seule fois 50 coups de fouet. Mme Haidar est toujours craintive à l’idée que le régime saoudien reprenne cette torture, qui n’est définitivement pas annulée.

Ce qui était une promesse électorale du gouvernement fédéral au pouvoir lors des dernières élections ne semble pas demeurer une priorité, déplore l’épouse de Raïf. «Le gouvernement canadien ne fait pas beaucoup pour aider notre cause. On veut qu’il demande clairement au gouvernement saoudien de le faire sortir. Le gouvernement canadien s’excuse en disant qu’il ne veut pas trop brusquer le régime saoudien.»

«Nous avons toujours espoir qu’il soit libéré avant la fin de sa sentence. Le temps d’attente est long, c’est difficile, mais on ne lâche pas», partage Mme Haidar.

Selon Mme Elchacar, le premier ministre Justin Trudeau a certifié à la famille qu’un plan d’action serait mis en place à la sortie de prison de M. Badaoui, afin d’assurer sa sécurité et l’envoyer au Canada.

Quant à son épouse, elle se trouve chanceuse d’être accueillie au Canada, puisque sa sécurité en Arabie Saoudite était comprise et qu’elle recevait plusieurs menaces des autorités. «Le Canada est mon pays maintenant. Je me suis créé une famille adoptive.»