«Émotionnellement, ça peut être parfois difficile»

DOSSIER. Être thanatologue va bien au-delà de la manipulation et de la présentation des défunts. C’est un métier, peu commun, qui englobe plusieurs volets, allant de la planification à l’organisation des rites funéraires, en passant par l’exécution des tâches administratives, le tout en conseillant et en accompagnant les familles endeuillées.

Caroline Richard étudiait en administration avant de suivre le même parcours jadis emprunté par son père et son grand-père. Aujourd’hui, elle est thanatologue au Complexe funéraire Richard & Philibert de Trois-Rivières.

«Le thanatologue se spécialise sur les rituels funéraires, sur le deuil et sur l’accompagnement des personnes. Le thanatopracteur pratique l’embaumement sur le corps. J’occupe les deux rôles ici. Je m’occupe de toutes les formalités administratives comme l’inscription du décès et le retour des cartes, en plus de l’accompagnement dans un cheminement de deuil. Il faut aussi dresser un rituel et accompagner les gens pour la cérémonie», précise Mme Richard.

«C’est donc dire que je m’occupe aussi du corps, que ce soit pour la crémation ou l’embaumement. Ce métier est une question de perception. Nous sommes formés pour gérer nos émotions et avoir une attitude compatissante. Il faut connaître nos barrières. C’est vraiment une façon de voir les choses, comme dans tous métiers.»

La relève assurée

Le cours de Techniques de thanatologie se donne à un seul endroit au Québec, soit au Collège Rosemont de Montréal.

«À mon époque, il n’y avait qu’une seule cohorte par année à laquelle prenaient part 25 élèves. C’est très contingenté! L’année où j’ai été admise, il y avait 400 demandes. C’est très spécialisé comme technique. La formation contient des cours pratiques alors on apprend à manipuler une personne décédée. C’est là qu’on voit si on est fait pour ça ou non.»

Gratifiant

Mme Richard confirme que le métier de thanatologue est très gratifiant.

«La clé de mon travail, c’est l’accompagnement des gens en deuil. Que ce soit des détails pour un rituel, faire des recherches pour eux ou encore la présentation d’une personne, c’est valorisant de leur apporter un petit quelque chose! Ça n’a pas de prix! Lorsqu’on apporte un petit baume à ces gens-là en répondant à leurs besoins, on découvre des gens extraordinaires. C’est magnifique! Ça ne dit pas, ça se vit!» confie-t-elle.

Un métier qui se veut aussi parfois riche en émotions.

«Chaque pathologie et chaque cas est différent. Émotionnellement, ça peut être parfois difficile, surtout quand ça nous touche plus. Par exemple, si j’ai des enfants, alors embaumer des enfants va me toucher davantage. Si j’embaume quelqu’un de l’âge de mon père, alors ça peut me porter à réfléchir.»

«Au niveau de la pratique, il y a de plus en plus d’acharnement thérapeutique et de médicaments donnés aux patients alors ça l’entraîne des répercussions sur l’organisme et ça peut influencer notre travail. Dans le fond, c’est un équilibre entre l’art et la science. Du côté scientifique, il faut préserver le corps du défunt ou de la défunte et du côté artistique, on doit rendre une bonne présentation de la personne», conclut-elle.

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Le saviez-vous?

-La loi impose un délai d’un minimum de 6h entre le moment où le décès est constaté par un médecin et le moment où le thanatologue peut débuter son travail d’embaumement.

-Il y a plusieurs années, il n’y avait pas beaucoup de thanatologues alors il était plus facile de se trouver un emploi. Aujourd’hui, contrairement à la croyance populaire, c’est plus difficile.

(Avec la collaboration de Joanie Mailhot)