Elle aide les parents à trouver les cendres de leur poupon

DEUIL. Enceinte de 21 semaines, Émilie Groleau s’est rendue à l’hôpital au milieu de la nuit. Des saignements inhabituels l’inquiétaient, mais elle était bien loin de se douter qu’elle allait voir son fils mourir.

Émilie a fait face au deuil périnatal en juillet 2014. Ayant réussi à remonter la pente, la Trifluvienne aide maintenant les parents à récupérer les cendres de leur bébé.

«Je suis passée par là moi aussi, confie-t-elle. En 15 minutes, on a dû décider de ce que nous allions faire avec le corps de notre fils. On a demandé aux infirmières combien ça coûtait pour faire incinérer un bébé. On nous a dit que ça jouait dans les quatre chiffres.»

«On était fatigué, stressé et on avait les émotions dans le tapis, se souvient-elle. On préparait la venue d’un enfant, et là, tout s’arrête. On était trop émotifs pour prendre des décisions éclairées et, en plus, on était pressé dans le temps. On voulait appeler une maison funéraire, mais tout était fermé, c’était la nuit.»

Ils sont donc rentrés à la maison en ayant pris la décision de laisser leur enfant au CHRTR. «En sortant de l’hôpital, on a traversé tous les bébés neufs et on entendait les gens dire des oh mon dieu parce qu’ils nous voyaient sortir avec un petit sac, sans enfant», raconte Émilie.

«On a pris notre décision parce qu’on se disait qu’on n’avait pas mille dollars et plus à sortir de notre poche dans les minutes qui suivaient, poursuit-elle. On se sentait aussi coupables de ce qui était arrivé, alors on se disait que si on n’avait pas l’enfant mort avec nous, on se sentirait moins coupables.»

Après avoir passé une nuit blanche, Émilie a téléphoné à l’hôpital, le 1er août 2014, pour leur dire qu’elle avait trouvé l’argent nécessaire et qu’elle voulait avoir son enfant. On lui a répondu qu’il était déjà parti dans une maison funéraire pour y être incinéré et que cet endroit est confidentiel.

Quatre mois d’attente

Ce n’est qu’en novembre de la même année qu’Émilie et son conjoint ont pu enfin récupérer les cendres de leur fils. «J’ai eu des problèmes avec le gouvernement, raconte Émilie. On m’envoyait des papiers pour me féliciter de la naissance de mon fils. À l’hôpital, on m’avait dit que tout était réglé et que je n’avais pas de papiers à envoyer.»

«Deux mois plus tard, je recevais une autre lettre me disant que j’allais avoir une amende parce que je n’avais pas déclaré la naissance de mon fils. Je me suis rendue à l’hôpital et je leur ai expliqué ma situation. La dame a pris la peine de régler ça directement et dans sa conversation au téléphone, elle a dit qu’une maison funéraire était venue chercher mon garçon le 7 août. J’avais appelé le 1er août. Je me suis mise à pleurer. Tout ce temps-là, mon fils était là.»

Émilie a donc téléphoné à la maison funéraire en question. «Deux minutes après, on m’a rappelé pour me dire qu’on avait les cendres de mon fils et on m’a demandé quand je voulais venir les chercher.»

Une fois sur place, les gens de la maison funéraire lui ont expliqué qu’ils gardent les cendres environ cinq ans. «Les gens sont souvent mal informés. Les hôpitaux ne sont pas outillés pour gérer les cas comme ça. C’est tellement tabou.»

De nombreuses familles aidées

Depuis, Émilie Groleau aide des familles à travers le Québec. «On a un groupe Facebook pour le deuil périnatal et c’est comme ça que j’entre en contact avec elles, explique-t-elle. C’est surtout des mamans parce que les hommes vivent souvent plus ça en dedans. Jusqu’à présent, j’ai aidé une dizaine de mères. La première que j’ai aidée, c’était tout de suite après mon histoire.»

Cette dernière demande aux mamans endeuillées à quel hôpital elles ont accouché, leur nom complet, le nom complet de leur conjoint et la date de naissance des deux parents. Elle téléphone à l’hôpital et à la maison funéraire. Chaque fois, ils avaient encore les cendres, que ce soit à Gatineau, à Repentigny ou à Matane.