Économie, finances publiques et indépendance au programme

POLITIQUE. Le premier de cinq débats opposant les cinq candidats à la chefferie du Parti Québécois s’est déroulé mercredi soir à Trois-Rivières au Théâtre du Cégep de Trois-Rivières, plus que comble pour l’occasion.

Pierre Karl Péladeau, Martine Ouellet, Alexandre Cloutier, Bernard Drainville et Pierre Céré ont croisé le fer sur différentes questions concernant l’économie du Québec ainsi que les finances publiques et le rôle de l’État.

Les candidats partageaient la même opinion sur plusieurs points, notamment l’importance pour Hydro-Québec de ne pas être privatisé («Hydro-Québec est un joyau», indique Pierre Karl Péladeau) et sur le fait que la péréquation ne devrait pas avoir d’impact sur la possibilité ou non de créer un Québec souverain.

«On n’en a jamais si peu reçu par rapport au pourcentage du PIB», note Alexandre Cloutier, tandis que Martine Ouellet affirme que «si des investissements structurants étaient faits au Québec par Ottawa, on n’aurait pas besoin de péréquation». Pierre Céré lancera même: «La péréquation, je l’emmerde!».

Et la région?

Le débat a pris une teinte régionale à quelques reprises de part et d’autres. Le candidat Alexandre Cloutier a souligné le travail effectué par DigiHub à Shawinigan. «C’est incroyable le travail qu’ils font», dit-il avant d’affirmer que «le numérique est l’avenir du Québec».

De son côté, Martine Ouellet souhaite s’inspirer du fonds de diversification économique de la Mauricie/Centre-du-Québec pour créer d’autres fonds afin de diversifier l’économie de la province et, au passage, créer 30 000 emplois pour relancer l’économie.

Se faisant porte-parole des régions ressources, le candidat Pierre Céré a soulevé le fait que les régions ressources sont souvent les plus pauvres et que l’on devrait créer des possibilités de transformer la ressource directement dans sa région d’origine plutôt que de l’exporter vers une autre région pour sa transformation.

«Il faut miser sur nos entrepreneurs comme Marmen pour relancer les emplois. Mais ce qui fait mal en ce moment, c’est la politique d’austérité du gouvernement. Je proposer qu’on retarde d’un an l’atteinte du déficit zéro pour protéger les régions (…) Et si des ressources naturelles étaient prises en Mauricie, ce sont les gens de la Mauricie qui devraient en être les principaux bénéficiaires», commente pour sa part Bernard Drainville.

Concernant le cas des serres Saint-Laurent, propriétaires des Serres Savoura, Alexandre Cloutier se questionne concernant la raison pour laquelle Hydro-Québec ne redistribue pas ses surplus aux PME, par exemple, plaidant que le cas des Serres Savoura serait «un bon exemple où les tarifs d’Hydro-Québec pourraient être diminués», ce à quoi abonde également Martine Ouellet

«Si on n’est pas clairs sur l’indépendance, on se fait planter»

L’indépendance du Québec est une thématique qui est aussi revenue de façon très récurrente durant le débat.

Bernard Drainville a d’ailleurs rappelé à ses collègues qu’il importe d’être clair rapidement sur l’indépendance et les moyens que chacun prendrait pour y arriver. «S’il y a une chose que la dernière élection nous a montrés, c’est que si on n’est pas clairs sur l’indépendance, on se fait planter», lance-t-il.

Quelques flèches ont également été envoyées à Pierre Karl Péladeau, entre autres concernant sa position face à un éventuel report d’un an l’atteinte du déficit zéro et sur ses anciennes positions vis-à-vis les syndicats.

Le prochain débat aura lieu le 29 mars à l’auditorium du Cégep de Sherbrooke. Les thèmes de la solidarité et la santé, de même que l’environnement et le développement durable seront abordés.

Leur vision en quelques mots

Pierre Céré : «Je mène cette campagne avec des idées, de la conviction et de la transparence. J’ai 55 ans. J’ai passé ma vie à défendre les droits des travailleurs. Mon programme est fondé sur la justice et l’équité, sur la réduction des inégalités sociales, sur la création d’emplois. Ce soir, je vous parlerai de la nécessité d’une politique de transformation des matières premières en région. Fini le temps de se faire brader nos ressources naturelles! Je pense aussi à notre proposition de nationaliser la bande passante. Si vous pensez que mes idées ont du bon sens, aidez-moi. Il faudra apprendre avec modestie à négocier des alliances sur des majorités sociales. La politique appartient aux citoyens, pas à l’élite.»

Pierre Karl Péladeau: «Lors des prochaines élections, l’enjeu économique sera déterminant pour la victoire de notre option politique. Le Québec renferme un potentiel de richesse exceptionnel. Il nous appartient de le prendre en main comme le font tous les peuples et nations du monde. Mon engagement, c’est de faire du Québec un pays riche qui permettront à tous de s’enrichir. Il faut moderniser l’État et assurer l’égalité des chances pour tous. L’indépendance, c’est de faire de nous des propriétaires. Il faut faire mieux et davantage pour l’économie et sa croissance. On a tous les outils pour être un pays prospère, audacieux et libre. Il nous faut mériter de nouveau la confiance des Québécois.»

Martine Ouellet: «J’ai fait toute ma carrière professionnelle dans le domaine économique. J’étais sur le terrain, dans les usines. Je propose de lancer le Québec sur la voie du développement économique intelligent, soit d’utiliser notre énergie verte, l’électricité, et en profiter pour lancer un chantier d’électrification des transports et ainsi réduire notre dépendance au pétrole. Je propose aussi de mettre en place des fonds de diversification économique pour les PME et coopératives de développement social dans les régions. Il faut se remettre au travail et il faut une démarche structurée et indépendante.»

Bernard Drainville: «Le prochain chef devra être votre voix. Il devra être le chef de l’opposition à Québec, être capable de débattre avec Philippe Couillard pour le faire reculer avec l’austérité. J’ai très hâte de débattre avec Philippe Couillard. Il faudra parfois s’élever au-dessus des lignes partisanes. Je suis votre homme. Le risque pour le Québec, c’est de demeurer une province comme les autres au Canada. Je n’accepterai jamais qu’on soit juste une province sur dix. On est une nation. Imaginez tout ce qu’on pourrait faire si on était indépendant!»

Alexandre Cloutier: «Il n’y a pas 100 000 façons de gagner: il faut travailler, travailler, travailler pour gagner la prochaine élection. Je veux faire l’indépendance du Québec. On réussira en travaillant. Trois éléments m’apparaissent fondamentales pour le développement économique: mettre l’éducation à l’avant-plan comme priorité, miser sur nos ressources et nos compétences pour le développement automobile au Québec et miser sur l’industrie numérique. (…) Je veux qu’un dollar sur deux amassés par les militants serve à l’indépendance. Il faut réunir les forces souverainiste. Il faut gagner le prochain référendum.»