Écoles privées: six recommandations pour économiser en éducation

ÉDUCATION. La Fédération des établissements d’enseignement privés (FEEP) a dévoilé, aujourd’hui, six recommandations pour économiser en éducation.

Ce mémoire a été préparé dans le contexte où les écoles privées se voient imposer d’importantes restrictions financières depuis juillet.

Prises à la gorge par les coupures effectuées par le gouvernement Couillard en éducation, notamment en ce qui a trait au transport scolaire, les institutions d’enseignement privées de Trois-Rivières ont d’ailleurs fait front commun en août en demandant un moratoire d’un an, afin de pouvoir trouver des solutions.

Les principales solutions énoncées dans le mémoire de la FEEP sont notamment de permettre un plus grand nombre d’écoles agréées à des fins de subvention afin d’accroître le nombre de places dans les régions qui connaissent une forte croissance démographique et où de nouvelles écoles sont nécessaires.

On propose aussi de financer les élèves en difficulté qui fréquentent l’école privée proportionnellement à ceux qui fréquentent l’école publique. Le FEEP soutient que les élèves en difficulté au privé coûtent une fraction du prix de ceux au secteur public.

«Pour réduire les dépenses en éducation, la solution n’est pas de couper, mais de favoriser le juste équilibre entre l’école publique et privée», souligne Jean-Marc St-Jacques, président de la FEEP.

«Selon une récente enquête, si on devait charger 1000$ de plus aux parents, c’est le tiers des élèves qui quitterait. Pour plusieurs écoles, ça signifierait la fermeture de l’école. C’est principalement des enfants issus de famille de la classe moyenne qui étudient dans les établissements privés», note M. St-Jacques.

Une migration qui ferait mal

L’inquiétude de la Fédération des établissements d’enseignements privés, c’est que des parents hésitent à inscrire leur enfant dans une école privée en raison de l’insécurité véhiculée présentement.

En Mauricie et au Centre-du-Québec, on estime que les coupes annoncées l’été dernier pourrait se traduire par une migration de plus de 39% des élèves des écoles privées vers les écoles publiques au cours des prochaines années.

«La fermeture d’écoles privées pourrait coûter cher aux contribuables touchant à la hausse, encore une fois, la taxe scolaire. N’oublions pas qu’on paie tous des taxes scolaires. On veut protéger les contribuables contre des coupes qui auraient un impact important sur la taxe scolaire», indique Julie L’Heureux, porte-parole pour le Regroupement des établissements d’enseignement privé de la Mauricie et du Centre-du-Québec et directrice générale de l’Institut secondaire Keranna.

«Quant au transport scolaire, la plupart des écoles de la région avaient des ententes avec leur commission scolaire respective. La contrainte du gouvernement est venue fragiliser la situation. (…) Depuis septembre, les écoles sont en période de recrutement en vue de la rentrée 2015. Les parents posent des questions sur l’insécurité. Les gens veulent savoir où on s’en va là-dedans. C’est mal tombé, car on n’aura pas de nouvelles du gouvernement avant novembre. Jusqu’à l’année dernière les institutions privées de Trois-Rivières tiraient leur épingle du jeu, malgré le faible taux démographique du côté du secondaire», précise-t-elle.

«Ça coûterait plus cher au gouvernement si le tiers de nos élèves retournait vers le public, car au public, les élèves sont financés à 100%, tandis que chez nous, ce n’est pas le cas. Au final, ça coûterait plus cher au gouvernement», plaide Jean-Marc St-Jacques.

Dans son mémoire, la FEEP affirme que le gouvernement pourrait économiser 150 millions $ et on comptait 3% d’élèves de plus à l’école privée.

Le privé et l’opinion publique

«Dans l’opinion publique, les écoles privées font de l’argent. Dans les faits, on est des organismes à but non lucratif: si on fait des bénéfices, ils doivent être réinvestis dans les écoles», explique le président de la FEEP.

«Au Québec, 12% des élèves fréquentent un établissement privé. Je ne pense pas qu’on cannibalise le réseau public. C’est important de permettre le libre choix», ajoute-t-il.

M. St-Jacques ne se résigne pas, malgré le climat d’austérité qui règne à Québec. Il souhaite travailler avec le gouvernement pour évaluer les façons de réduire les dépenses. D’après l’«Évaluation selon les crédits budgétaires 2014-2015 du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport», les écoles privées représentent une économie de plus de 600 millions $ par année pour le gouvernement du Québec.

______________________

Les six recommandations de la FEEP

Financement : établir à 60% le financement de base par élève à l’école privée de ce qu’il en coûte au secteur public pour un élève comparable, établir à 60% toutes les allocations du public applicables, arrimer le financement au coût de la vie.

Étude: former un groupe de travail dont le mandat serait de mettre à jour les données et modalités de calcul de la subvention par élève à partir des travaux du comité de 1997-1998, en prenant en considération l’ensemble des dépenses du secteur public.

Transport: cesser de diminuer le financement pour le transport scolaire, financer le nombre réel d’élèves utilisateurs du transport scolaire, financer directement les écoles privées pour les utilisateurs du transport.

Élèves en difficulté: ajuster la subvention versée aux écoles privées pour les élèves en difficulté à 60% de la subvention qui serait versée pour ces élèves à l’école publique.

Échéancier: annoncer chaque année au plus tard le 15 avril els montants qui seront versés aux écoles et inscrire dans un plan triennal les Règles budgétaires qui s’appliquent aux établissements privés agréés.

Agrément: lever le moratoire sur l’octroi d’agrément aux fins de subventions pour des écoles privées à but non lucratif situées dans des régions où il y a croissance démographique de la population scolaire et prioriser les demandes provenant d’établissements qui incluent un volet spécifique pour les élèves en difficulté.