DOSSIER Trouble de personnalité limite: Impulsifs, hypersensibles et instables émotionnellement

TROUBLE DE LA PERSONNALITÉ LIMITE. Une personne sur vingt souffrirait du trouble de personnalité limite et pourtant, c’est une maladie qui passe sous le radar.

«Le trouble de personnalité limite ressemble à la bipolarité de type 2, mais plus intense en ce sens où les up and down sont plus intenses et plus rapprochés dans le temps. Ces variations émotionnelles sont entre autres liées à ce qui se passe dans la vie de la personne. Les personnes ayant un trouble de personnalité limite ont donc le moral en montagnes russes en fonction de ce qui se passe dans leur journée. Elles sont hypersensibles et ça joue aussi dans leur perception d’elles-mêmes», explique le Dr Fabrice Pelletier, de la Clinique du centre.

Le trouble de personnalité limite ne se manifeste pas du jour au lendemain. D’après Dr Pelletier, la maladie découlerait de causes génétiques et environnementales.

«Toutes les expériences de vie sculptent la personnalité. Quand une personne vit beaucoup d’instabilité en bas âge, comme de l’intimidation ou de la violence physique par exemple, ça a un impact sur sa personnalité. En fait, les personnes ayant un trouble de personnalité limite n’ont pas maturé au niveau émotionnel. Ça les rend instables sur le plan émotionnel et c’est sans doute leur plus grand défi à relever jour après jour, car elles agissent sous le coup de l’émotion. Ça peut les pousser à quitter leur emploi sur un coup de tête ou encore à mettre fin à une relation impulsivement», précise Dr Pelletier.

Puisque la personnalité se modèle durant l’adolescence, les médecins ne peuvent diagnostiquer le trouble de personnalité limite avant l’âge adulte.

Reconnaître le problème

Ce que constate le Dr Fabrice Pelletier, c’est qu’au début de la vingtaine, les personnes atteintes ont tendance à ne pas reconnaître le problème.

«Ça crée de l’instabilité dans l’entourage, mais pour accéder à la psychothérapie, ça doit venir d’une volonté personnelle. Il faut que ça vienne d’eux-mêmes. Ça doit commencer par l’acceptation. Au début de l’évolution de la maladie, les personnes atteintes sont souvent en crise à l’urgence. D’habitude, c’est vers la fin de la vingtaine que les patients sont prêts à entamer le processus de maturation émotionnelle», indique Dr Pelletier.

Une clinique spécialisée

La Clinique du centre, située à Trois-Rivières, offre un traitement spécifique, sur base volontaire, aux personnes ayant un trouble de personnalité limite. Le traitement est basé sur la psychothérapie qui se décline dans une approche de groupe, puis dans un suivi individuel.

En groupe, l’équipe multidisciplinaire de la clinique propose des éléments concrets pour que les patients puissent voir venir leurs émotions et agir pour éviter des débordements émotionnels.

Durant les rencontres individuelles, la problématique est abordée de façon plus spécifique à chaque individu, car chaque personne a ses particularités.

Pour pouvoir profiter des services de la clinique, il faut que les personnes ayant un trouble de personnalité limite soient référées par un médecin.

«En majorité, la vie fait que tout le monde mature émotionnellement un jour, car la personnalité évolue constamment en fonction des expériences de vie. Les personnes ayant un trouble de personnalité limite seront toujours sensibles, mais ça a du bon aussi, par exemple pour les artistes ou encore les professionnels œuvrant dans des métiers de relation d’aide. Ce qu’il faut, cependant, c’est contrôler ses émotions», conclut Dr Pelletier.