DOSSIER: L’École nationale de police du Québec à Nicolet mise à contribution

DOSSIER. Cannabis, haschich, speed, cocaïne, ecstasy, champignons magiques, méthamphétamines; peu importe la drogue consommée, les policiers du Québec sont maintenant formés pour repérer les conducteurs «gelés», parvenant à appréhender de plus en plus de délinquants du volant.

Opération P.A.S Alcool, opération V.A.C.C.I.N, campagnes de sensibilisation, publicités-chocs, Opération nez rouge. La prévention et la répression pour contrer l’alcool au volant a pris une autre tournure au cours des deux dernières années avec l’augmentation des cas de conducteurs sous l’effet de la drogue.

S’il était «facile» pour les conducteurs «gelés» de déjouer le radar policier, la réalité est toute autre aujourd’hui.

Déjà aptes à détecter la conduite avec les capacités affaiblies par l’alcool, les patrouilleurs québécois ont tour à tour suivi une formation de trois jours à l’École nationale de police du Québec de Nicolet, au cours des dernières années, afin de pouvoir soumettre un individu à l’Épreuve de coordination de mouvements (ECM). Le but? Être en mesure de dépister des drogues et autres substances présentent dans l’organisme d’un conducteur (voir tableau).

«Pour arrêter quelqu’un, il faut avoir des motifs. Pour avoir des motifs, il faut être formé. [À la fin novembre], 2 228 patrouilleurs de la Sûreté du Québec avaient été formés pour l’ECM. Et maintenant, tous les policiers qui sortent de l’École nationale de police sont formés», note le sergent Benoit Richard, porte-parole de la Sûreté du Québec.

Des agents évaluateurs en reconnaissance de drogue ont aussi été formés. Ils sont 70 à la grandeur du Québec, dont 23 à la Sûreté du Québec. Si au départ cette formation de dix jours, dont l’élève devait au préalable être technicien qualifié en alcootest, se donnait aux États-Unis, elle est maintenant dispensée à Nicolet. Et la portion «pratique» se donne également en sol québécois, de concert avec le Centre Dollard-Cormier – Institut universitaire sur les dépendances (CDC-IUD).

TC Media a tenté d’obtenir une entrevue avec un formateur ou un porte-parole de l’ENPQ, mais l’école n’a pas jugé bon de classer notre demande en priorité.

(Photo TC Media archives – Éric Guertin)

2% des dossiers

Au cours des cinq dernières années, 1 390 dossiers ont été ouverts pour la conduite avec les facultés affaiblies par la drogue.

«Et au cours des trois dernières années, il y a près de 1 000 personnes arrêtées. C’est beaucoup!», constate le sergent Richard.

Ces 1 390 suspects ne représentent toutefois que 1,71% des 81 119 cas de conduite avec les facultés affaiblies (drogue et alcool confondus) enregistrés en cinq ans.

Malgré cette faible proportion, les arrestations en matière de drogue au volant sont en constante augmentation, soit une hausse de 586% sur cinq ans, a constaté TC Media.

Dans la région, c’est à Trois-Rivières que l’on recense le plus de cas en moyenne, au cours des cinq dernières années.

Les tests de dépistage de drogue Sur la route

Un patrouilleur qui a les motifs de croire qu’un conducteur est sous l’effet de drogue peut le soumettre à l’épreuve de coordination de mouvement (ECM).

L’ECM consiste à faire un test du nystagmus du regard horizontal, un test de démarche (marcher et se retourner) et à conclure avec un test d’équilibre (se tenir sur un pied).

Au poste

Un conducteur qui échoue l’ECM est mis en état d’arrestation et est conduit au poste de police où un agent évaluateur lui fait subir une autre série de tests plus poussés:

-Pouls, pupilles égales, nystagmus horizontal et vertical, quatre examens d’attention divisée et d’équilibre, prise de la tension artérielle, de la température corporelle, dilatation des pupilles, examen de la bouche et des cavités nasales, vérification du tonus musculaire et examen visuel des bras, des jambes et du cou, à la recherche de sites d’injection. Source: Règlement sur l’évaluation des facultés de conduite (drogues et alcool), ministère de la Justice du Canada)