DOSSIER: Le dépanneur, ce parent pauvre

ÉCONOMIE. Les tenanciers de dépanneurs sont étouffés à la gorge et il faut les aider à se sortir la tête de l’eau, clame Michel Gadbois, vice-président principal de l’Association québécoise des dépanneurs en alimentation (AQDA).

Fini la croisade pour les dépanneurs, qui se sont maintenant organisés et qui souhaitent démontrer aux différents paliers de gouvernements que, d’une part, ils méritent une aide financière et d’autre part, qu’ils en ont besoin pour survivre et prospérer.

«Les dépanneurs finissent l’année en moyenne avec 0,5 à 1% de profits nets, ce qui n’est pas beaucoup. Si leurs ventes sont très fragiles, leur capacité de résister aux changements l’est encore plus», soutient M. Gadbois, qui souligne qu’une simple variation dans le prix de l’essence, de l’alcool ou de la loterie peut venir fausser le calcul d’un propriétaire de dépanneur.

Ceux qui possèdent un dépanneur ont parfois l’impression de ne pas toujours jouer dans la même ligue que les autres, eux qui subissent une réglementation sévère.

«Beaucoup d’efforts ont été mis dans le passé pour une déréglementation des dépanneurs. Il y a d’ailleurs en processus qui est mis en branle pour alléger la réglementation dans notre secteur. Mais la concurrence est très forte», concède M. Gadbois, qui affirme procéder à une tournée du Québec où il sonde ses pairs afin de produire en livre vert au début de l’année 2015, livre vert destiné à se transformer en projet de loi, espère-t-il.

«On formule sept recommandations de base, qui concernent notamment le vin et l’alcool dans les dépanneurs québécois parce qu’on veut leur donner une vitrine, un cachet différent; une autre recommandation concerne le cartage obligatoire et une autre aborde une idée de transfert possible des contenants consignés à la collecte sélective», énumère le vice-président principal de l’AQDA.

L’Association estime ne pas être reconnue à son juste titre par les différents paliers de gouvernements.

«7% des revenus de Loto-Québec viennent des dépanneurs. La hausse du salaire minimum nous coûte 30 000$ de plus pour opérer chaque année et pendant ce temps, le gouvernement ne nous donne pas d’avantages. On évalue que chaque dollar dépensé dans un dépanneur en donne 18$ au gouvernement.»

La bonne nouvelle, c’est qu’en plus d’être une force organisée maintenant, Michel Gadbois est d’avis qu’un réveil s’effectue lentement mais sûrement à plusieurs niveaux et chez autant d’intervenants.

«Il y un réveil qui se fait depuis cinq ans. On veut leur dire (aux gouvernements) qu’on veut bien vendre, mais qu’on a besoin d’aide. Avant, je pense que les gouvernements ignoraient les impacts que leurs mesures avaient sur nous. On veut leur montrer comment ça peut être avantageux pour les deux, pour eux et pour nous. J’ai bon espoir que sur ces bases-là, les gens écouteront ce qu’on aura à dire.»